Selon la trésorière de l’UMP, le montant moyen des dons reçus pour que le parti n’ait pas à rembourser les banques et se retourner contre Nicolas Sarkozy, emprunteur à titre personnel pour sa campagne présidentielle, serait de 87 euros. Selon les chiffres du Figaro, qui suit soigneusement la progression des dons et incite à l’effort charitable, cette moyenne serait plutôt de 143 euros. 

La trésorière de l’UMP a considéré qu’il suffirait que chacune ou chacun des 315 000 adhérents versent 35 euros pour éviter tout souci à Nicolas Sarkozy, en délicatesse avec les banques qui lui ont consenti un prêt personnel de 10,6 millions d’euros pour sa dernière campagne présidentielle.

Franchement, pour des gens qui ne règlent que 25 euros annuels (au minimum, certes, on peut cotiser, au choix, davantage), ce n’est guère lourd.

Le problème est que les partis, comme les syndicats, ont tendance à gonfler leurs bataillons, et surtout que le chiffre annoncé date un peu fortement. 

Mais les donatrices et donateurs se sont montrés, en moyenne, largement plus généreux. Plus de 140 euros. Mais la vulgate serait que le parti ne reçoit surtout que de très petits dons. Il faut le croire sur parole.

Si l’UMP pouvait couvrir l’emprunt contracté personnellement par Nicolas Sarkozy, du fait que les dons aux partis politiques ou à des associations agrées entraînent un dégrèvement de 66 pour cent sur l’impôt sur le revenu, le Trésor public enregistrera un manque à gagner de plus de sept millions d’euros. Bah, de toute façon, que cela aille à Sarkozy ou aux Restos du Cœur, c’est un  peu du pareil au même : celles et ceux craignant de progresser d’une tranche donneraient à n’importe qui, seul le résultat comptant.

Mais le montant moyen est significatif : qui, en France, se ponctionne sans rechigner (et sans arrière pensée fiscale) d’une centaine d’euros en début de mois de vacances ?

Pas vraiment les mêmes que ceux qui se laissent prendre aux escroqueries à la Nigériane. Le site Lagorafi y a songé, et imaginé que Jean-François Copé fouillait dans les spams et pourriels reçus pour tenter d’héberger des héritages de personnalités africaines. C’est assez hilarant, et c’est ici.

Mais l’affaire m’évoque surtout le livre La Charité des prédateurs, que l’auteur, Christophe Leclaire, présente, aux éditions Les Impressions nouvelles, telle une « lettre » au défunt abbé Pierre (dont l’association est sur la sellette en raison du circuit de son activité de récupération de vieux habits).

Charité bien ordonnée commence par soi-même.

« Appelant à un vrai modèle de justice, il analyse en profondeur les mensonges de ces « tirelires déguisées en trousses de secours » : caritatif institutionnel, microfinance, Social Business, Solidarités hypocrites des banquiers, des marques et de certains universitaires, empilement de structures coûteuses et dérisoires, nuées d’associations sans âme, etc. ».

Il m’est très souvent reproché de voir la poutre dans le front de l’UMP et pas du tout les branches, qu’écris-je, les ramées, ornant les crânes des électrices et électeurs d’un·e candidat·e du PS. En voici une : la gauche au pouvoir ne s’empresse guère de faire le ménage dans les fondations aux comptes douteux, dans les multiples associations ou organismes de formation, plus ou moins indépendants ou liés à elle-même ou aux formations adverses.

À qui servent réellement au juste les 66 % d’abattement fiscal ? Aux syndicalistes de base ? À qui, non imposable, se verrait rembourser le trop perçu ? Allons donc…

Conclusion du Figaro : « La souscription nationale de l’UMP risque donc d’être supportée par l’État durant plusieurs années. ». D’autres tout autant, passées, présentes, à venir.

Avec 87 ou 142 euros donnés par des centaines de milliers de personnes, les régimes de retraite seraient sans doute sauvés, la sécurité sociale désendettée.

Les 10,6 millions d’euros empruntés ne représentent que 47,5 % des dépenses engagées. Est-ce bien raisonnable, quand les dettes publiques se sont accumulées, lorsque les régimes sociaux sont en déséquilibre, d’avoir ainsi claqué plus de 20 millions d’euros pour la retape d’un homme (qu’il s’agisse de l’un, de l’autre ou d’une ou d’un troisième ou quatrième) ?

Mais presque tout le monde a applaudi les mises en scène de Sarkozy, Hollande, Mélenchon et d’autres, moins dispendieux.

Finalement, donatrices et donateurs en redemandent. Vivement le prochain potlach, les cars bourrés de braves gens heureux de monter à Paris à peu de frais, quitte à devoir un peu alimenter la claque, pour aller faire un tour chez Tati et faire les courses d’un an pour la marmaille. Tant pis si la Sncf n’y trouve pas son compte et répercute le manque à gagner sur l’ensemble des clients (si c’était si rentable, la compagnie accorderait les mêmes avantages à toutes les formations, ce qui fut loin d’être le cas).

Sur son site, l’UMP vante la réduction d’impôt, calculée automatiquement, et signale qu’à partir de 35 euros, on peut se retrouver automatiquement adhérent de l’UMP. Pas bête, autant « en profiter ». Cela ne marche pas automatiquement pour faire sauter des PV de stationnement, mais sait-on jamais. La perte d’adhérents, selon diverses sources, serait supérieure à 50 %, mais si Sarkozy revient, tout changera…

Selon Jean-François Copé, présent à la Fête de la Violette, les dons en seraient, ce samedi après-midi, à 1,150 million d’euros. C’est le téléthon de l’UMP. Pour défendre « des idées » bien sûr. Rien d’autre. À d’autres…  

Comme le dit Charles Piaget (Lip) dans Mediapart :

« La qualité principale du militantisme ne réside pas dans la négociation et le compromis, ni dans la bonne connaissance des dossiers, ni dans le faire à la place des autres ou pour les autres. L’essentiel est ailleurs. Il s’agit de passer 90 % de son temps à constituer une force autonome des salariés, une force qui pense, agit et s’autogère, une force dont les membres sont respectueux les uns des autres, tous à égalité de droit, syndiqués ou pas. Pour y arriver, il faut mettre chacun dans le coup, progressivement par l’écoute, le débat, la délégation de tâches, encourager à faire partie du réseau. Toute l’information doit être partagée. C’est sur ce lent travail que se constitue une force durable et efficace. ».

Mais pour l’UMP, il suffit de donner. Donnez, Sarkozy pense pour vous. La démocratie, c’est financer ceux qui pensent. Ah bon ?