Depuis le début de la campagne présidentielle, plusieurs journalistes dont les articles étaient contraires aux intérêts du candidat Nicolas Sarkozy ont été écartés de leurs fonctions. Plusieurs citoyens qui exprimaient leur opinion ont été contraints de fermer leur site ou leur blog sans qu'aucune décision de justice, pour insulte ou diffamation notamment, n'ait été prise.

En novembre 2005, Julie Decroix et Maël de Calan, les deux responsables de la formation 'Jeunes populaires de Paris' de l'UMP, décident de quitter la structure, faisaient connaître publiquement les pressions qui ont été exercées sur eux. Ils furent suivis de Marie Guévenoux, présidente de cette formation, qui fut, peu de temps après, également forcée à la démission pour être remplacée par quelqu'un de plus coopératif. Ils ont ouvert le forum Cybermilitant.org pour communiquer librement sur ce qui se passait au sein de l'organisation. Avec plus de 3000 membres, il devient rapidement le forum de référence pour les jeunes militants UMP qui souhaitaient émettrent des avis critiques. La direction de l'UMP a obtenu sa fermeture quelques mois plus tard.

La rédaction d' i>TELE était invitée à un repas place Beauvau avec le ministre de l'Intérieur le 6 décembre 2006. Le journaliste, Laurent Bazin, qui avait décrit cette rencontre "off" sur son blog – hébergé par la chaîne -, a du retirer l'article à la demande de la direction. Suite à de trop fortes pressions, il annonce le 24 janvier 2007 la fermeture de son blog.

 

La parution de la biographie de Cécilia Sarkozy, Entre le coeur et la raison, de Valérie Domain, directrice de l’information du magazine Gala est interdite après que Vincent Barbare, responsable des éditions First qui devaient publier l'ouvrage, est été convoqué le 9 novembre 2005 à un entretien place Beauvau avec le ministre de l'Intérieur et ce malgré les 25 000 exemplaires déjà imprimés.

 

Alain Genestar, directeur de la publication de Paris Match est licencié en juin 2006 pour avoir publié des photos de Cécilia Sarkozy et de son amant, provoquant la première grève dans l’histoire d’un magazine qui publie régulièrement ce genre d’articles.

 

R. Picard, pigiste à l'AFP est frappée d'interdiction professionnelle pour avoir relaté l'intervention du 4 octobre 2006 dans la cité des Mureaux. Elle rapportait les témoignages des habitants violentés et braqués par les forces de l'ordre, dont de très jeunes enfants.

 

Serge Portelli, magistrat, vice-président au tribunal de Paris, président de la 12e Chambre correctionnelle, venait de rédiger un nouvel ouvrage : Ruptures, dressant le bilan des cinq ans de Sarkozy passé au gouvernement. Au dernier moment, l'éditeur renonce à publier ce texte, ne laissant plus le temps à un nouvel éditeur de le faire paraître avant l'élection présidentielle.

 

Nous sommes troublés de voir autant d'affaires similaires intervenir dans une campagne qui se veut démocratique et où chacun devrait pouvoir exprimer librement son opinion.

Nous espérons qu'il ne s'agit que de coïncidences et que ces fermetures de blogs, mises à l'écart ou licenciements de journalistes ne sont pas le résultat d'une action de contrôle de l'information par l'équipe de Nicolas Sarkozy.  Action qui irait indubitablement à l'encontre d'un des droits les plus fondamentaux de notre démocratie, la liberté d'expression.