Claude Como et Isabelle Turover sont les deux femmes de l’exposition Arts Stories, fantasmes dévoilés (jusqu’au 6 décembre 2009 à la galerie de Dorothy Polley, Dorothy’s Gallery, à Paris-Bastille). Autant l’œuvre de Turover est allègre et facile d’accès, autant les diverses recherches et « manières » de Claude Como peuvent inquiéter, interpeler, voire déranger. La rencontre avec l’artiste en est d’autant plus insolite : on découvre une femme sereine, épanouie, et facétieuse.


Dorothy Polley a réuni, jusqu’au 6 décembre prochain, le plasticien Kito, le peintre et graveur Zwy Milshtein (qui présente des estampes numériques en digigraphie), Isabelle Turover qui revisite les emblèmes publicitaires et de la culture populaire de son adolescence, et « l’énigmatique » Claude Como. « La peinture reste le moyen le plus direct et efficace pour exprimer ce que j’avais à dire, » résume-t-elle. Et comme elle a beaucoup à raconter, on peut la retrouver sur ses deux sites, l’un sur Odexpo, l’autre sur Idyria. Il lui arrive cependant de consigner sa démarche, ou plutôt ses démarches dans des textes. Ce fut le cas pour la série Un moment de grâce, « j’en ferai une lecture publique chez Dorothy le 20 novembre, » rappelle Claude Cuomo (voir le programme des événements liés à l’exposition Arts Stories sur le site de Dorothy’s Gallery). Ses séries sont par exemple celle qui fut développée pendant cinq ans à la galerie Jacques Barbier. « C’est une série sur le test de Szondi, qui consiste à réagir en regardant 48 portraits de psychopathes. L’individu se projette. J’ai traduit ce que je ressentais en peignant six fois chacun de ces 48 personnages. ». Il en a résulté un très surprenant catalogue d’exposition, fin 1995. Puis elle a entreprit une série de portraits de « contemporains », de nus, d’évocations de maladies, avant de s’atteler à réunir, de 2000 à 2002, 1 075 roses pour un Rosacerdoce.

Elle avait aussi réagi, par une série Vanités, devant les crânes exposés au Musée de l’Homme. C’était en 2005. On retrouve certains de ces crânes dans ses œuvres plus récentes qui associent parfois des femmes à des insectes, ou à des animaux. Ses démarches, qu’elle qualifie « d’attitudes picturales » sont la synthèse, l’analyse et ce quelle appelle « le pilotage automatique ». Un peu à la manière dont on couvre une feuille de gribouillis en téléphonant ou en écoutant un discours, Claude Como peint des motifs récurrents : « Je circule ainsi sur la toile. ». Mais en fait, « j’apprends en permanence à peindre, » réfléchit-elle à haute voix. Ces circulations sont sans doute aussi fécondes que l’approfondissement des techniques plus éprouvées qu’elle met en œuvre. La phase fantasmagorique peut donner naissance à des œuvres distinctes ou s’insérer dans une toile qui témoignera à la fois des trois démarches, ou attitudes, sans qu’il soit forcément préétabli ou programmé de les faire coexister. « Je peux changer d’attitude au cours de la réalisation d’une toile, ce qui se produit notamment lorsque je sens que le confort, voire l’ennui, l’emportent : je ne veux pas m’ennuyer à peindre ! » Ce qui est sûr, c’est que si son univers ne délasse pas forcément, même s’il vous apprivoise et peut vous rendre plus serein, il ne saurait vous lasser.

Voir aussi :
Kito prismatique chez Dorothy ;
Milshtein digigraphique à la Dorothy’s Gallery

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