A Georges, au Copain, d’abord

Tu nous as quitté un mois d’octobre il y a bien longtemps, comme Brel et tant d’autres magiciens des mots. Quitté ? pas vraiment puisque tu as été, entre Voltaire et Hugo, de tous mes voyages , de tous mes états d’âme et de toutes mes colères, puisque souvent une de tes chansons me visite quand l’actualité fait des siennes.  Adolescente, si Brel ou Nougaro  me troublaient en parlant d’amour passion ou d’amour sensuel, sur des registres et des musiques bien différents, tes airs de père bourru mais bon, me consolaient, avec ta pipe, tes grands yeux doux , une allure simple et cette moustache d’un autre monde. 

J’ai en effet craqué sur « Les Quatre Bacheliers » , que tu as dédié à ton père, un homme bon, le père modèle qui absout les fautes avec finesse et coeur,  dont je n’ai hélas pas trouvé la video pour la partager avec mes amis de C4N.   Toi qui n’a pas eu d’enfants et t’en tire avec une pirouette. « Quant à moi qui, malgré des tas
De galipettes de fada,
N’ai point engendré de petits,
J’ n’ai pas pu faire d’abrutis. »
    

Tu ne dédaignais pas les chansons grivoises qui choquent les âmes prudes mais sans misogynie, ou si peu, quand le troubadour « du temps jadis » s’acoquine avec Toulouse Lautrec.   Dans les années 70, un jeune guitariste reprenant tes airs les plus célèbres était sûr de remporter un succès fou aupres des filles; on chantait tous en cœur « Les Copains d’abord » , « une Jolie Fleur », « Gastibelza, l’homme à la carabine » ,« Brave Margot », « le Parapluie », « Les Amoureux sur les Bancs Publics ».   Tu aimais les jeunes, de Dassin à Fugain en passant par Maxime Le Forestier qui reprit tes chansons 30 ans plus tard.  

 

Même si l’Académie et Normale Sup t’avaient reconnu à la fin des années 60, nos parents étaient plus stricts, tu dégageais le souffre et nous t’écoutions en cachette,corne d’Aurochs. J’ai prononcé mes premiers gros mots sur tes airs, et rien n’est toujours plus défoulant que de chanter jeunes et vieux cons, le Roi des Cons, « Quand les cons sont braves ».   Cette chanson me trotte souvent dans la tête quand je lis certains écrits et je ne résiste pas à la faire partager même si je n’ai pu trouver ton interprétation, mais celle d’un ami. {dailymotion}xjxtf{/dailymotion}  

 Tu étais contre les guerres et les sectarismes de tous bords. « la Guerre de 14-18 », si jouissive ou « les 2 Oncles », qui me semble préfigurer l’entente européenne, ou encore « Mourir pour des Idées » {dailymotion}x1222e{/dailymotion} que certains extremistes pourraient écouter.  

 

 Tu chantais l’amitié, les bons copains, la fidélité indestructible envers tous les copains, célèbres comme Brel ou Ferré ou anonymes ; tous te le rendent si bien.  

Tu n’étais pas athée, tu adorais les messes en latin  mais tu pouvais de temps en temps bouffer du curé. Pourtant tu as chanté la plus belle chanson contre la peine de mort  pour défendre un curé à tes yeux estimable,  "la Messe au Pendu".

 

  Ton message , c’était l’Amour du prochain, la Tolérance la foi en l’Homme même fautif. Marie -Madeleine t’inspirait plus que Marie.  

 

L’UNESCO te consacre poète universel en 2007, toi qui a redonné vie à tant de poetes disparus, comme Lamartine, Hugo, Villon, ou Antoine Pol que j’ai découvert à travers cette magnifique chanson, Les Passantes.
{dailymotion}xravl{/dailymotion}. Si ce poême est magnifique, combien la musique lui apporte plus de désespérance.  

 

 A 23 ans, après m’être fait voler, j’ai fredonné cette chanson toute en jeux de mots et finesse, « Stance à un Cambrioleur », pour me consoler.  

 Tu parlais si bien de la Mort, la Camarde , de ton envie d’attendre le plus longtemps possible avant de partir .  Je suis venue comme beaucoup d’amis anonymes sur ta tombe si simple, à Sète, un jour de blues où je trouvais la société et les hommes bien cruels, l’envie de te retrouver, toi et tes valeurs si intemporelles et pourtant si peu actuelles ; tu m’as conseillé d’attendre ; mais j’ai toujours ton testament au cœur.   {dailymotion}x4kaek{/dailymotion}  

 

  En ce mois d’octobre, c’est l’ interprétation nostalgique du poême de Lamartine qui a ma faveur.
{youtube}UH-VjNzGyvc{/youtube}
 

 

Et parce que je vieillis, j’ai une certaine tendresse pour cette chanson si gaie et tendre, "Papa, Maman", magistralement interprétée avec Patachou qui l’a lancé.

 

{youtube}kY80KZgg_6k{/youtube}

 Encore merci Georges, d’avoir si bien accompagné ma vie.

20 réflexions sur « A Georges, au Copain, d’abord »

  1. [b]Comment ai-je pu passer outre cet article ?
    Cet hommage magnifique, que vous rendez à ce « copain » de Brel, et de Férré, est magnifiquement rédigé!
    On sent l’Amour que vous ressentez pour cet homme simple et sans chichi, qui a lui aussi bercé mon enfance!
    Mais je crois que comme pour Brel, le plus bel hommage que je puisse lui rendre après le vôtre serait de mettre quelques vidéos de ce chanteur, dont le nom comme ceux de Brel et Ferré, ornent les frontons de nos écoles…

    Je vais essayer malgré l’heure tardive pour moi, de commencer à illustrer votre article, par quelques chansons incournables en sacahnt qu’elles le sont toutes, Agnès!
    J’espère que Dailymotion, Youtube, et Google, me fourniront la possibilté d’en mettre autant que celles que nous avons trouvé sur le Grand Jacques
    Allez je pars à l' »aventure »
    A tout de suite
    GBGB
    SOPHY[/b]

  2. [b]Celle-ci Agnès, je la dédie, à un ami, un vrai, qui n’est pas sur le site ce soir, mais ‘il vient sur votre article, il se reconnaitra :

    {youtube}gMBeHJC9_uk{/youtube}[/b]

  3. [b]Cette autre, je vous la dédie, à un autre Ami, plus récent, qui lui est sur le site, il se reconnaitra aussi, s’il passe par ici…

    {youtube}F2eYvMH5Jes{/youtube}[/b]

  4. [b]Agnès[/b], votre article est magnifique !

    Une vraie déclaration d’amour, d’amitié à ce chanteur, cet artiste inoubliable.
    [b]Les copains d’abord [/b]est dans toutes les têtes, les enfants l’apprennent même en primaire !

    [b]Sophy[/b], si votre ami passe dans le coin, il sera sûrement très heureux de la dédicace ! C’est une chanson magnifique, intemporelle.

    Merci [b]Agnes[/b], pour cette bonne humeur ! ça fait du bien au cœur !

    Amicalement
    Gosseyn

  5. [b]Gosseyn, pour les copains d’abord, vous êtes sur ma liste également mon Padawan, votre gentillesse, et votre sensibilité me touchent beaucoup!!
    Je n’en démord pas!!!
    [/b]

  6. Héhé [b]Sophy[/b], je vous rassure je n’aurai pas été jaloux… Je sais que vous avez votre harem masculin avec [b]North[/b], [b]Jiminix[/b], [b]Dominique[/b] (oui, même lui !) et moi maintenant, entre autres, et vous nous le rendez bien ! 😀
    GBGB !

  7. Merci les amis pour vos commentaires chaleureux; la derniere video n’etant pas passée, à ma grande faute , j’avais fais quelques erreurs de codage, :(, je l’ai rétablie.

    Quel grand bonhomme; je me demande quelles chansons il composerait maintenant.

    Pres de 250 chansons et poemes; difficile de faire un choix; je les aime presque toutes;mais, apres avoir lu l’excellent article de SOPHY sur Brel, et le plaisir que j’ai eu à chercher et écouter les videos, j’ai pensé que vous m’aideriez.

    une derniere pour la nuit toute en subtilité

    {youtube}3sAyO7o6RBo {/youtube}

  8. Bonjour Agnés.

    Après le Grand Jacques, Georges Brassens paraissait inévitable, et votre charmant texte lui rend un vibrant hommage auquel je m’associe.
    Michel
    {dailymotion}x3fpog{/dailymotion}

  9. Une petite dédicace particulière, nul besoin de citer de noms, les intéressés se reconnaitront au travers de la magnifique chanson de Leo Ferré.

    {youtube}aiXcUTTLud4{/youtube}

  10. Merci Michel , pour votre commentaire.

    J’aime particulierement votre entretien de Brassens, la genese de cette magnifique chanson; quelle finesse, arriver à faire sourire d’un theme aussi anxiogene, dire « je t’aime » en effeuillant le chrysanthème , etc

    tres beau Ferré aussi,

    au plaisir de vous lire

  11. Bonjour,
    et bien, je dirai franchement que je n’aime pas Brassens. Et oui! Il m’a toujours fortement agacée… mais j’admets qu’il a de fort jolies chansons, parfois…
    Etrangement, un « inconnu » vient de me mettre ceci sur mon blog perso,
    alors, en voici le début:

    [i]Les Passantes de G Brassens

    Je veux dédier ce poème,
    A toutes les femmes qu’on aime,
    Pendant quelques instants secrets,
    A celles qu’on connaît à peine,
    Qu’un destin différent entraîne,
    Et qu’on ne retrouve jamais.

    A celles qu’on voit apparaître,
    Une seconde à sa fenêtre,
    Et qui, presque, s’évanouit,
    Mais dont la svelte silhouette
    Est si gracieuse et fluette
    Qu’on en demeure épanoui.

    A la compagne de voyage,
    Dont les yeux, charmant paysage,
    Font paraître court le chemin;
    Qu’on est seul peut-être à comprendre,
    Et qu’on laisse pourtant descendre
    Sans avoir effleuré sa main.
    [/i]

  12. River,

    permettez moi de terminer ce beau poeme de A. Pol

    A la fine et souple valseuse
    Qui vous sembla triste et nerveuse
    Par une nuit de carnaval
    Qui voulu rester inconnue
    Et qui n’est jamais revenue
    Tournoyer dans un autre bal

    A celles qui sont déjà prises
    Et qui, vivant des heures grises
    Près d’un être trop différent
    Vous ont, inutile folie,
    Laissé voir la mélancolie
    D’un avenir désespérant

    Chères images aperçues
    Espérances d’un jour déçues
    Vous serez dans l’oubli demain
    Pour peu que le bonheur survienne
    Il est rare qu’on se souvienne
    Des épisodes du chemin

    Mais si l’on a manqué sa vie
    On songe avec un peu d’envie
    A tous ces bonheurs entrevus
    Aux baisers qu’on n’osa pas prendre
    Aux cœurs qui doivent vous attendre
    Aux yeux qu’on n’a jamais revus

    Alors, aux soirs de lassitude
    Tout en peuplant sa solitude
    Des fantômes du souvenir
    On pleure les lêvres absentes
    De toutes ces belles passantes
    Que l’on n’a pas su retenir

  13. [b]Chère Agnès :
    Les trois plus grands réunis :

    Le 6 janvier 1969, la rencontre entre Léo Ferré, Jacques Brel et Georges Brassens est restée unique à jamais. Attention, document exceptionnel !

    {dailymotion}x8lxq9{/dailymotion}[/b]

  14. Chere SOPHY,

    Cette interview des 3 grands de la chanson, est passionnante, et Brassens y reste si modeste.

    J’adore aussi la Prière à Marie, cette mère qui a tant souffert, et qui souffre toujours à voir tant de misere dans le monde.

    Pour detendre l’atmosphere, une qui me fait rire chaque fois que je l’ecoute
    {youtube}61klageOn-4 {/youtube}

    GBGB

  15. [b]OHHHHHHH, terrible celle-là,

    Même pas vrai… (lol)

    Que les femmes[b]n’aiment qu’on leur déride….

    Ah ces « mecs » alors, quelle suffisance
    S’ils étaient plus attentifs, à nos désirs!!
    Beurk (lol)[/b]
    [/

  16. [b]Et celle-ci Agnès, « elle est pas belle »

    oh que si, et on pourrait l’appliquer à plus d’un titre en ces jours troublés

    {youtube}qldI6a8VZ0Q{/youtube}[/b]

  17. Bonjour AgnèsB.

    Ben pas mal de nous remémorer par le biais de votre article,ces véritables STARS d’autrefois.Oui parce que de nos jours ,n’importe qui devient une star,les temps changent et tendent vers la médiocrité absolue qui se généralise et gangrène,les radios,la téloche enfin bref.

    Ma préféré de G.Brassens,Sophy la mise au dessus de mon commentaire,j’adore,parce que je ne serais jamais comme ces braves gens qui n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux,une autre mentalité et j’en passe…

    Merci pour votre article.

    Bon Dimanche et a plus sur la fréquence.

  18. Bonjour,

    Très bel et touchant article. J’ai grandi avec Georges Brassens, puisqu’il est veneré par mon père. Il l’écoute, le chante et le joue !
    Mes souvenirs d’enfance vont à ce petit cheval un temps d’orage, et à ce mignon « je me suis fait tout petit devant une poupée… » qui a séduit ma mère !
    Merci pour cette lecture qui me replonge bien loin !
    Bon dimanche
    Fata

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