Mon dieu, il fut un temps où j’aimais le cinéma. Certes, j’approche à peine le quart de siècle mais que je suis désespéré de l’époque où nous vivons. Il fut un temps où l’art tenait une place prépondérante dans la Haute Cour. L’apprécier à sa juste valeur nous emmenait si loin, dans ce doux rêve illusoire où l’on pouvait toucher du bout des doigts un imaginaire féerique. Qui sont les coupables ? L’industrie du cinéma bien évidemment. De par leur soif insatiable d’argent et donc d’audience, des scripts en papier mâché qui ne mériteraient même pas de palper le fond d’une corbeille à droite d’un bureau rectangulaire voient le jour. La suite on la connait. Des campagnes publicitaires qui n’en finissent plus et des personnes qui accourent pour voir le nouveau film en vogue guidées par des affiches propagatrices. Que l’on pleure devant une mort théâtralisée sous une ébauche de partition de piano ou que l’on soit ébahi devant une multitude d’explosions gigantesques d’Hollywood Boulevard,  le résultat lui est le même.

 

 

   


   Comment peut-on décrier un Noé et aduler un Canet ? Avons-nous oublié ce qu’est réellement le cinéma ? Un septième art où seules les personnes cultivées s’enrichissaient et s’abreuvaient de films d’auteurs mythiques. Emir Kusturica et ses pellicules au parfum d’ex-Yougoslavie auraient-ils perdu de leur sublime saveur ? Welles, Chaplin, Scorcèse, Kubrick et consorts, pourquoi n’êtes vous pas nés sous un drapeau tricolore ? Quand bien même aujourd’hui nos salles sont monopolisées par de vulgaires comédies à l’eau de rose où le scénario et la chute sont écrits d’avance, la populasse elle s’en voit ravie et en redemande. Quid de nourrir des moutons avec du foutre indigeste projeté ? Nous ne sommes pas ici pour taper sur les grosses productions Hollywoodiennes, elles sont perdues d’avance ; mais où sont passés nos films français ? La classe et le raffinement français se seraient-ils estompés sous un soleil caniculaire dans le Bassin d’Arcachon ? Sortons tout de suite les petits mouchoirs car nous n’avons d’yeux que pour pleurer désormais. Allez, touchons ce qui apparemment ne peut l’être. Bientôt seize millions d’entrées ça se fête non ? Intouchables appartient désormais à ces films légendaires que l’histoire du cinéma français retiendra à jamais. Au firmament du box-office, François Cluzet et Omar Sy sont aux anges. Ils ne s’attendaient peut-être pas à un succès d’une telle ampleur. A vrai dire, seul l’abattoir leur serait vraiment réservé. On atteint désormais le summum du ridiculum vitae, du mièvre rosâtre à son apogée. Deux trois boutades s’envolent et se perdent elles-mêmes dans un silence de cathédrale. L’histoire elle ne fait ni chaud ni froid. Faut-il être aveugle pour bander devant un spectacle si affligeant ? On touche aux préjugés et on mérite un oscar ? Un tétraplégique et un jeune venu des quartiers chauds de la Ville Lumière et l’affaire est dans le sac ? Diantre, cette tendance régurgitatrice devrait nous titiller la cornée ! Indignez-vous mes amis ! Je pensais qu’il en fallait plus pour vous duper.

 

  Abattons-les tous. Les Canet, Cluzet, Lellouche, Kad Merad et compagnie. Brûlons une fois pour toutes ces œuvres blasphématoires et brûlons par la même occasion les personnes qui les apprécient avec sur la place publique. J’aurais sincèrement préféré envoyer mes six euros soixante dix à l’Etat d’Israël pour qu’il bombarde une nouvelle fois des milliers de palestiniens, c’est pour dire !