Cinéma – L’étrange film de Benjamin Button

Vous pouvez difficilement en réchapper, this is the film of the moment comme on dit aux states. Un scénario original, des acteurs en vogue, des effets spéciaux, beaucoup de promo. Tout est bien réuni pour assurer le succès. Après une semaine d'exploitation et pas loin de 900 000 entrées dans l'hexagone, le bon Benjamin peut se frotter les mains.

Profitant de l'absence de mes deux rejetones et de la non encore arrivée du troisième, nous partîmes donc dans ces chères salles obscures, moi pour faire plaisir à ma dulcinée, elle, pour voir Brad Pitt, restons lucide.
2h30 plus tard, un constat s'impose, il est tard car c'est long. Et en même temps, on en a pris plein la vue mais il y a comme un petit manque de quelque chose : le film est très déséquilibré, la vie de Benjamin enfant et jeune adulte-vieux étant chronophage, sa fin de vie traitée au lance-pierre. Alors bien sûr, il se passe plein de choses, beaucoup de rencontres, d'échanges, mais peu de grandes émotions. Peut être le style narratif devient-il trop rapidement rébarbatif, en tout cas cela coupe un peu trop les scénes et nuit à la cohésion de l'ensemble. Sinon Brad Pitt fait du Brad Pitt ; il en bave tout de même pas mal question apparence physique, mais c'est pour mieux rejaillir en pleine lumière et dans la force de l'âge, ouf ! et puis il y a aussi Cate Blanchett danseuse frivole bientôt brisée plutôt convaincante.
Non franchement ma légendaire mauvaise foi restera au repos, le film est conséquent, les acteurs bons, seconds rôles compris, les décors reconstitués magnifiques et il y a de l'épopée, du romanesque derrière tout cela. Faut dire qu'avec un budget de 150 millions de dollars, il y avait de quoi faire bien…
Les dialogues par contre sont à l'américaine c'est à dire parfois superbement insignifiants, parfois très significatifs. La mise en scène est habile, soignée mais si le scénario est pour le moins original, merci Monsieur Fitzgerald, le déroulé s'inspire beaucoup d'ailleurs : comme dans Titanic, nous voilà contraints de subir les souvenirs d'une vieille dame sur le départ, les tribulations de Benjamin dans le monde lorgnent sur Forrest Gump tandis que l'accident de la belle à Paris copie Amélie Poulain.
Ces digressions cassent le rythme et nous font perdre le fil de l'histoire. Benjamin semble lui aussi de plus en plus perdu à en avoir hâte d'en terminer. Il tourne un peu en rond, s'en va puis revient. Il va bientôt mourir et on ne saura finalement que peu de choses de lui. Centré sur l'histoire d'amour impossible, le film n'aborde pas des aspects plus philosophiques ou éthiques d'une situation si extraordinaire. Dommage. Benjamin vit dans un cocon dans lequel tout le monde l'accepte, il y vit, aime et meurt. Point. Pas de chef d'oeuvre au rendez-vous donc, plutôt un distingué remake de "La vie est un long fleuve tranquille" dans un sens comme dans l'autre !

Une réflexion sur « Cinéma – L’étrange film de Benjamin Button »

  1. Vous ne nous donnez guère envie d’aller le voir.

    Attendons donc qu’il passe à la télévision.

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