LES INVITES DE MON PERE (comédie)
2010
Réalisé par Anne Le Ny
Avec Fabrice Luchini, Karine Viard, Michel Aumont, Véronica Novak
1h40
Sorti le 31 mars 2010, LES INVITES DE MON PERE est le troisième scénario de long-métrage sur lequel a travaillé Anne Le Ny et sa première réalisation. Après CEUX QUI RESTENT et DIDINE, pour lesquels elles avait développé des scenarii aux univers très différents mais avec une dose de subtilité et de sensibilité commune, elle s’accorde cette fois-ci également la réalisation (ainsi qu’un caméo plutôt bref mais inclus dans une scène d’anthologie).
Niveau casting, on retrouve, toujours avec joie, le haut de gamme du cinéma français de ce genre de comédies (à la fois drôles et intelligentes, même si parfois un peu trop convenues) : Fabrice Luchini est peut-être un peu à l’étroit dans son rôle mais s’y prête avec volonté et conviction. Karine Viard est en terrain connu mais réussit elle aussi le pari de s’approprier son personnage et de le rendre attachant. Michel Aumont confirme que près de quarante ans d’une carrière respectueuse laissent fatalement des séquelles du côté du talent : la justesse de jeu semble une seconde nature chez lui. Et Véronica Novak, tête d’affiche la moins connue, propose une prestation en deçà des trois illustres mais malgré tout très honorable.
Synopsis
Arnaud Paumelle se décrit lui-même comme un nouveau riche. Lui et Babette sont les enfants d’un illustre médecin désormais à la retraite, Lucien Paumelle. S’ils n’ont pas hérité de lui ses convictions politiques et son militantisme social (qui a sauté une génération, semble-t-il, en atterrissant sur les épaules de la fille d’Arnaud), une certaine éducation, un certain sens de la famille, et quelque chose qui doit ressembler à de l’amour, en dépit de la pression qu’ils n’ont eu cesse de ressentir, font qu’ils sont toujours restés très proches de leur aïeul, surtout après le décès de la femme de ce dernier.
Aussi la nouvelle vient-elle sérieusement chambouler les habitudes sages et confortables d’Arnaud, de Babette, et de leurs conjoints respectifs : rue Gay-Lussac, papa Paumelle décide d’héberger des sans-papiers. Pensez-vous, pour son âge, ce n’est pas raisonnable (préfère-t-on lui dire, prétextant se soucier de son état de santé plutôt qu’avouer que tout cela remet diablement en cause le petit confort et la routine de chacun). Alors lorsqu’il s’avère que les sans-papiers en questions sont une jeune mère de famille moldave, plutôt bien roulée et décomplexée de sa personne, accompagnée de sa petite fille d’environ huit ans, les yeux s’écarquillent encore plus grand. Mais Lucien Paumelle ne se démonte pas. Et porte le coup de grâce en expliquant que pour tout faciliter, il a carrément épousé Tatiana…
Après, il n’y a plus qu’à observer les bourgeois s’agiter !
Ambiance
Le duo principal Luchini / Viard était inédit et terriblement alléchant. Chacun possède un style très personnel et très marqué, autant dans le phrasé que dans la gestuelle, la façon d’occuper l’espace face à la caméra. Et quand on y réfléchit bien, ces deux styles sont assez proches, et c’est donc assez naturel de les imaginer frère et sœur. Ils ont aussi l’habitude de jouer des comédies de mœurs sises dans la classe bourgeoise.
Et on sent bien que Luchini se délecte de jouer le nanti un rien agaçant, le nouveau riche assumant sa suffisance. Pas de grande scène exubérante pour lui, et en cela on peut trouver ce rôle un peu étroit, mais finalement ce n’est pas plus mal, pour une fois, de retrouver Luchini dans la mesure et la retenue, et de se rappeler qu’il n’est pas qu’une somme de frasques mais aussi un type capable de jouer finement.
Face à lui Karine Viard est tout autant dans ses petits souliers. Elle aussi présente une composition habituelle : femme bourgeoise, un peu candide, un peu dépassée, parfois désabusée qui finit par se réveiller de sa vie. Quand on est client de l’actrice, on ne peut qu’adhérer, même s’il n’y a là rien de novateur.
Michel Aumont joue avec élégance ce grand-père surprenant dont on cherche à comprendre à la fois les sentiments et les motivations, dont on cherche à mesurer la sincérité militante comme sentimentale. Il assume très bien l’âge de son rôle (qui est aussi le sien), et endosse les qualités mais aussi les défauts qui en découlent chez son personnage.
On passe donc un très agréable moment de cinéma. A bien y réfléchir : sans vraiment de surprise car chacun joue à domicile, une partition parfaitement connue et maîtrisée. Mais, justement, lorsqu’une bonne partition est jouée avec talent, on peut l’entendre mille fois sans se lasser : il en est ainsi des prestations de Luchini et de Viard, dont la conjugaison des talents et des caractères était vraiment un choix judicieux.
Un film à voir comme on ouvre une bouteille de son vin préféré : en savourant le confort et le plaisir que l’on trouve dans l’absence de grosse surprise, et en se délectant d’en découvrir de plus modestes.
Je n’entends que du bien de ce film…
je vais peut être me laisser tenter par Tatiana au pays des Paumelle! il me reste une entrée sur mon abonnement ciné.
Bien cordialement
chouette avis (comme d’hab) mais je suis obligé de sauter sur cette erreur 😛 : Les invités de mon père c’est pas sa première réalisation ! « Ceux qui restent », c’est aussi elle ! (j’en suis sûr j’ai même écouté le bonus d’1h30 où elle commente son film, sa réalisation, ses propres choix lol). voilà..
DEXTER ?? Je me demande QUI peut avoir ce pseudo, mdr 🙂 Mais en effet, je sais pas où j’ai pêché que c’était sa première réalisation 🙂