Oscar, César et… Gérard sont les prénoms de récompenses très convoitées dans le monde du cinéma. Du moins les deux premières. La troisième, c'est moins sûr. Les Gérard du cinéma veulent en effet désigner le pire de ce qui se programme dans les salles. La version moderne et médiatique des oeufs et des tomates (pourris, de préférence) lancés vers un artiste.
Les… euh… trophées seront décernés le 12 mai. La liste des nominés est parue ailleurs, vous la trouverez par exemple ici. A chacun de voir ce qu'il en pense. Et peu importe: ce n'est qu'un jeu qui prend toute sa dimension dans les intitulés des catégories, auxquels les promoteurs de cet "événement", si s'en est un (oui, apparemment, puisque Paris Première retransmet la soirée), portent une attention toute particulière. De quoi réjouir les amateurs d'humour qui devront patienter pour découvrir la liste complète – elle ne sera connue que lors de la cérémonie.
En attendant, il y a déjà du grain à moudre.
On trouve en effet le "Gérard du réalisateur qui fait toujours le même film, mais en un peu moins bien à chaque fois". Remplacez le mot "réalisateur" par n'importe quel métier créatif, vous verrez: cela convient aux écrivains (le même livre), aux chanteurs (le même disque), aux plasticiens (la même toile, la même sculpture ou, pire, la même installation), etc. Et le jeu, presque un jeu de société, devient piquant lors d'une soirée (de préférence arrosée).
Le "Gérard du film pour lequel avant d'y aller tu avais un doute et après, une certitude" n'est pas mal non plus. Et rappelle opportunément que la bande-annonce est souvent trompeuse. Combien de films drôles ou d'action pendant lesquels il ne reste qu'à s'ennuyer parce que tous les gags ou toutes les scènes qui bougent vraiment ont déjà été vues?
On continue? Attention, c'est à dire sans respirer. Le "Gérard de l'acteur qu'on engageait au départ parce qu'il était moche et que c'était rigolo, mais dont on a fini par en faire un sex symbol en lui faisant porter un pull à col en V à même la peau et une barbe de trois jours, alors qu'objectivement, il a toujours la même gueule" est un de ceux dont on se dit, comme Bourrel aux Cinq dernières minutes: "Bon Dieu ! Mais c'est… Bien sûr !"
Pour comprendre ce qu'est le "Gérard du titre Max Pécas", il est nécessaire de posséder l'oeuvre intégrale de l'inoubliable réalisateur de On se calme et on boit frais à Saint-Tropez. Un peu de culture ne nuit pas…
Il y a aussi le "Gérard du réalisateur ou de l'acteur qui parle de son film comme si c'était le dernier Fellini alors que même toi tu fais mieux avec ton Nokia et trois copains bourrés". Ce n'est peut-être pas très charitable. Mais tellement vrai!
Selon votre sexe et vos goûts, vous vous pencherez avec plus ou moins d'attention sur le "Gérard du désespoir féminin" – ou masculin. Avec peut-être le désir secret, et certainement jamais comblé, de sortir quelqu'un du trou.
Enfin, on pourrait donner le Gérard du Gérard à celui "du plus mauvais film". L'imagination semble avoir ses limites…
[b]Un petit passage pour dire que j’ADORE, le style, l’écriture, et la subtile dérision de cet article, comme tous ceux que vous produisez, Monsieur!
Commentaire banal, mais ô combien sincère!!
Cordialement
SOPHY[/b]
Merci.
SOPHY m’a devancée (lol!!),
mais il est vrai que j’ai souris, moi aussi, en lisant votre pamphlet! c’est tellement vrai tout ça….
Mais pauvres Gérard, ils n’y sont pour rien, eux !!! mdrrrr
Bonne soirée