ENSEMBLE, NOUS ALLONS VIVRE UNE TRES TRES GRANDE HISTOIRE D’AMOUR (comédie)

2010

Réalisé par Pascal Thomas

Avec Julien Doré, Marina Hands, Guillaume Gallienne

1h39

 

 

 

Synopsis

 

Lors d’un festival inter-régional de danses folkloriques, Nicolas tombe sous le charme de Dorothée. Il agite son tambourin au rythme d’une danse endiablée, quand soudain, son regard la frôle et il en reste figé d’émoi. De son côté, même si elle ne lui laisse rien deviner, Dorothée a également vécu le coup de foudre. Mais leurs autocars respectifs les ramènent dans leurs régions trop distantes, avant qu’ils n’aient eu l’occasion de comprendre la réciprocité de l’événement.

 

Toutefois, persuadé d’avoir rencontré la femme de sa vie, Nicolas quitte son Sud natal pour Dives, le petit village lieu de résidence de sa belle. A partir de là, c’est un peu comme dans la chanson de Jeanne Moreau : ils se trouvent, se retrouvent, s’éloignent et se rapprochent. Le tourbillon de la vie ne semble pas vouloir laisser ce couple en paix, alors même qu’ils sont persuadés qu’ensemble, ils vont vivre une très, très grande histoire d’amour.

 

 

Ambiance

 

Franchement, ce film est un ovni. Il est important de prévenir les gens, on devrait même insérer un bandeau informatif au début du film : attention, clichés à prendre au troisième degré. Cela éviterait la longue déconvenue que constitue la première demie-heure du film durant laquelle on se retrouve totalement déstabilisé devant une succession de scènes qui font extrêmement amateur et semblent s’enchaîner sans but et sans intérêt. Le grotesque étant tellement appuyé, on perd un temps fou à se dire qu’on est juste face à un très, très mauvais film.

Je crois que c’est seulement mon adulation pour Julien Doré qui m’a fait rester dans la salle : je n’ai jamais été si proche de sortir avant la fin de la séance (au moins pendant NINE, j’ai roupillé, j’avais pas envie de sortir).

 

Et, finalement, on imprime l’idée. On comprend que la diction maladroite des acteurs, façon casting raté de Plus Belle la Vie, est volontaire, que c’est un élément de guignol au même titre que le reste. On intègre que la gestuelle et les attitudes outrageusement niaises des deux héros sont aussi over the edge. Et on finit même par apprécier ces rebondissements totalement incongrus dans le scénario, ces bâtons dans les roues qui n’ont pas de raison d’être, de justification, ces retournements de situations totalement improbables, le tout sur une toile de fond pour laquelle c’est pourtant la banalité qui a été renforcée.

 

Le mélange est très étrange, très déstabilisant. Et ce n’est qu’une fois le film terminé qu’on s’aperçoit qu’on n’a pas détesté, que la sensation de départ de « non mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? » est retombée au profit d’un plus conciliant « n’importe quoi, vraiment, mais LOL quand même ». Il faut lutter pour ne pas décrocher définitivement à plusieurs reprises, mais l’effort vaut le détour car on se retrouve riche d’avoir vu un film pas forcément inoubliable mais qui a le mérite de ne ressembler à aucun autre.

 

D’ailleurs à bien y réfléchir, c’est plutôt preuve de talent de la part du réalisateur, Pascal Thomas, ce questionnement que le spectateur opère sur le degré auquel prendre ce film : le décalage, le ridicule et le grotesque sont tellement bien intégrés au film qu’ils semblent naturels au possible. Ils semblent être le but, et ce n’est qu’après une certain temps qu’on comprend qu’ils ne sont que des outils. Car le but, c’est le rire.

 

Il reste quelques maladresses de rythme, quelques gags vraiment moisis même pris au dix-huitième degré, et quelques remplissages de bobine, mais Pascal Thomas s’en titre plutôt bien, et on retrouve son grain décalé déjà très présent dans MON PETIT DOIGT M’A DIT ou LE CRIME EST NOTRE AFFAIRE, pour ses réalisations les plus récentes / réussies. Ici, simplement, il fait fi de toutes les barrières consensuelles du cinéma, servi par un Julien Doré aussi crédible devant une caméra que derrière un micro, et toujours aussi improbable et imprévisible. Le chanteur à boucles d’or ne brille pas plus que ça, n’éblouit pas de son talent (contrairement à ce que certaines critiques ont aligné très vite) (et pourtant je suis une inconditionnelle du garçon) mais il donne vraiment légèreté et saveur au film. Marina Hands est parfaite pour lui faire face car elle n’hésite pas à s’impliquer totalement dans les scènes les plus burlesques et a la capacité d’être élégante et ravissante tout en jouant la pire des cruches.

 

Un film à voir si on aime être (très, très) désorienté au cinéma.