Peut-être connaissez-vous, pour avoir dépassé la soixantaine, ce jeu de mots approximatif qui intrigue ceux qui se demandent vers quelle terre inconnue voyager(*) pour y rencontrer les Tamalou et leurs compères les Gébobola ; un calembour qui fait florès auprès de ceux qui ont compris, comme l’Alchimiste cher à Paulo Coelho, que c’est tout près d’eux qu’ils se cachent…

Moi, c’est à mon C4N (que j’aime passionnément malgré les défigurations qu’il subit) que j’ai bobo ! Et de plus en plus. Déjà, en août dernier, j’avais éprouvé des frissons après qu’il m’ait proposé, de découvrir en avant-première Google+ (G+, pour les intimes). Cette fièvre s’était déclarée après que j’aie pris connaissance des conditions générales de ce « service » ; en caricaturant à peine, on peut les résumer laconiquement ainsi : « Vous reconnaissez que Google a tous les droits sur les informations que vous lui communiquez ou sur celles qu’il s’approprie, éventuellement à votre insu » !

 


J’avais aussi été quelque peu agacé, au constat du retour de certains désagréments, d’apprendre qu’on le devait au renoncement à l’obligation de s’inscrire, décidé à la suite de la baisse de fréquentation de ceux qui souhaitaient y aller de leurs commentaires, mais en tout anonymat.Nous démontrions ainsi que nous étions disposés à échanger un peu de notre âme contre un maximum d’audience, version contemporaine du plat de lentilles symbolique du renoncement universellement reproché à Esaü…

A la longue, j’avais fini par m’accommoder de l’invasion des « annonces » Google : au moins étaient-elles aisément identifiables, en tête de page et aussi (un peu plus sournoisement), coincées entre la fin des articles et le début des commentaires. Les ayant ainsi localisées, un œil habitué et exercé pouvait donc les « zapper », pratiquement sans les voir, ce qui en atténuait la pollution.

Beaucoup plus récemment, j’ai appris, comme vous sans doute, à mes dépends, ce qu’étaient les « vidéos e-buzzing » dont j’avais demandé voici plusieurs mois, mais en vain, l’explication. Désormais, elles n’attendent même plus que votre curiosité (légitime) ou votre distraction d’esprit (excusable) vous conduisent à elles ; elles s’invitent d’emblée et, non content d’occuper par la force votre espace visuel, se déclenchent automatiquement même (sans vous offrir le moyen de les arrêter…) pour peu que le trajet de votre souris ait la malchance de les survoler par inadvertance ; automatisme sans doute destiné à ce que l’oreille ne se sente plus jalouse de l’œil…

Mais voici qu’une nouvelle étape vient d’être franchie avec l’apparition, toujours en cet emplacement stratégique de la zone frontière entre les textes et les réactions, de soi disant « informations » Média-clic (c’est ce que l’on apprend en survolant le « i » qui figure en leur coin). Celles-ci généreraient des redirections automatiques vers d’autres pages si vous n’aviez pris la sage précaution d’en refuser explicitement le principe, dans les préférences de votre navigateur.

Je ne vous dirai pas les conséquences qui résulteraient d’un clic plus ou moins malencontreux sur ces zones érogènes (et en particulier sur l’énigmatique bouton « Changement ») : rendu prudent par quelques expériences plus ou moins malheureuses (mais à coup sûr fortement désagréables), je préfère ne plus me risquer à tenter le diable !

Inutile, je pense, de préciser que tout cela ne me rend pas spécialement enclin à suivre les « conseils » prodigués dans les encadrés et régulièrement rappelés par des campagnes de mailings ; c’est donc au compte-goutte (et après mûre réflexion) que je me hasarde à « rejoindre tel ou tel groupe », à « partager les articles », à « devenir fan de ceci ou cela ». Quelque chose susurre à mon oreille sur ses gardes que ce pourrait n’être pas par pure empathie désintéressée qu’ils me sont si régulièrement délivrés, et avec tellement d’insistance !

« Trop poli pour être honnête » dit la sagesse populaire pour mettre en garde contre les escrocs ; « Trop suavement empathique pour être vraiment désintéressé » serais-je tenté de parodier pour alerter sur les véritables motivations susceptibles de se dissimuler derrière ces messages faussement anodins.

Mais, le pire n’étant jamais certain, il est des pièges encore plus ambigüs, tels celui illustré ci-contre. Simuler à des fins trompeuses des boutons d’action fait partie des techniques scélérates que je croyais jusqu’à présent être l’apanage des sites-voyous dont j’ai appris de longue date à me défier. Mon petit doigt me suggère que le « i » qui orne son coin (ne dit-on pas que le loup nous attend, lui aussi, au coin du bois), le même que celui qui signe les autres bandeaux, est une précaution contre d’éventuelles actions juridiques qui pourraient, à défaut, être intentées à l’encontre de Média-clic pour abus de confiance !

Fort heureusement, le stratagème, en cette occurrence, est trop grossier pour que l’on s’y laisse prendre : quels téléchargements C4N pourrait-il bien nous proposer ? Il n’en est pas tout à fait de même des jeux-concours qui s’affichent aussi à cet emplacement et par lesquels les lecteurs pourraient se laisser abuser.

Puisse Fabien Bardoux (ou bien encore Sophy) ne pas perdre son temps à m’expliquer que c’est à cette commercialisation d’espace publicitaire que les reporters amateurs que nous sommes doivent de pouvoir s’exprimer ici en toute liberté. Voici beau temps que je l’ai compris ; mais je prends de plus en plus conscience, aussi, que le mythe du gratuit n’est qu’un leurre qui nous coûte finalement cher, très cher ; trop cher !

En foi de quoi j’ose prédire, en Cassandre attristée de son pronostic, que faire de ces Débats, informations, opinions, de simples produits d’appel pour vendre du temps de cerveau disponible (redite de l’imprudente -ou impudente ?- déclaration des dirigeants de TF1, jadis) conduira inéluctablement les lecteurs (les vrais, c’est-à-dire les fidèles) à s’en détourner peu à peu.

A ceux qui n’en seraient pas convaincus, je recommande la lecture de l’excellent Facebook fait encore des siennes de Colombine, en leur rappelant que l’ambition affichée de Google+ est de concurrencer Facebook, c’est-à-dire, les lois du business étant ce qu’elles sont, de le phagocyter le plus rapidement possible.

Pour ne pas terminer sans énoncer une proposition constructive, je me déclare sans hésitation disposé à renoncer à toute forme de rémunération (celle qui est proposée actuellement ou toute autre), d’une manière générale, et plus encore si la sauvegarde du slogan de C4N (en toute indépendance) et donc la pérennité du site étaient à ce (modeste) prix !

J’invite tous ceux d’entre vous qui partageraient ce choix, plus nombreux qu’on le penserait, à le faire savoir le plus largement possible.


(*) excellente émission, au demeurant, que celleque France 2 nous propose semestriellement