Charlestown, la ville de Rimbaud

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A Charleville-Mézières, on n’est pas peu fier d’Arthur Rimbaud, l’enfant du pays. Il y est né, y a vécu et y repose. Il a un musée à sa gloire dans un moulin à quelques mètres de la maison où il vécut sur un quai qui porte son nom.

Pourtant, Rimbaud n’aimait pas Charleville ni ses habitants. Il alla jusqu’à dire qu’il périt d’ennui dans le « triste trou ».

Dans le poème « A la musique » dont l’action se situe dans un square face à la gare, il raille les bourgeois de Charleville qui viennent écouter un orchestre qui se produit dans un kiosque que l’on peut encore voir de nos jours.

Cette admiration pour un sale gosse fugueur peut surprendre. Quel parent pourrait aujourd’hui donner le poète comme modèle à ses propres enfants. Cet adolescent génial a écrit de 16 ans à 20 ans (si l’on excepte sa correspondance), mais il a mené une vie de bohème.

Dans une lettre à son professeur ne dit-il pas « Vous êtes heureux, vous, de ne plus habiter Charleville ! – Ma ville natale est supérieurement idiote entre les petites villes de province. »

Mais la ville ne lui en veut pas : de nombreuses statues et plaques sont disséminées dans la ville et il donne son nom à un collège, un musée, un quai, une librairie, un restaurant.

« Rimbaud est un incontestable atout pour l’attractivité de Charleville-Mézières, nous utilisons aussi son nom dans un objectif économique de développement », reconnaît son maire Claudine Ledoux.

Allez, on lui pardonne, car c’est quand même l’Ardennais le plus célèbre.

 

5 réflexions sur « Charlestown, la ville de Rimbaud »

  1. Mes belles Ardennes !
    Merci Vieilleforge pour ce très bon article, un bel article pour ce Arthur Rimbaud
    Ardennais Rebel.
    Bonne soirée

  2. [b]« À la musique »
    Place de la gare, à Charleville

    Sur la place taillée en mesquines pelouses,
    Square où tout est correct, les arbres et les fleurs,
    Tous les bourgeois poussifs qu’étranglent les chaleurs
    Portent, les jeudis soirs, leurs bêtises jalouses.

    5 — L’orchestre militaire, au milieu du jardin,
    Balance ses schakos coiffure militaire rigide
    et à visière dans la Valse des fifres :
    — Autour, aux premiers rangs, parade le gandin jeune homme élégant, dandy
    (connotation péjorative) ;
    Le notaire pend à ses breloques à chiffres1;

    Des rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs :
    10 Les gros bureaux employés de
    bureau,
    bureaucrates bouffis traînent leurs grosses dames
    Auprès desquelles vont, officieux cornacs personne chargée de soigner et de conduire
    les éléphants qui servent
    aux travaux agricoles ou forestiers
    et aux transports,
    Celles dont les volants ont des airs de réclames ;

    Sur les bancs verts, des clubs d’épiciers retraités
    Qui tisonnent le sable avec leur canne à pomme,
    15 Fort sérieusement discutent les traités économiques et politiques,
    Puis prisent en argent, et reprennent : « En somme !… »

    Épatant sur son banc les rondeurs de ses reins,
    Un bourgeois à boutons clairs, bedaine flamande,
    Savoure son onnaing pipe de luxe d’où le tabac par brins
    20 Déborde — vous savez, c’est de la contrebande — ;

    Le long des gazons verts ricanent les voyous ;
    Et rendus amoureux par le chant des trombones,
    Très naïfs, et fumant des roses, les pioupious jeunes soldats
    Caressent les bébés pour enjôler les bonnes…

    25 — Moi, je suis, débraillé comme un étudiant,
    Sous les marronniers verts les alertes fillettes :
    Elles le savent bien ; et tournent en riant,
    Vers moi, leurs yeux tout pleins de choses indiscrètes.

    Je ne dit pas un mot : je regarde toujours
    30 La chair de leurs cous blancs brodés de mèches folles :
    Je suis, sous le corsage et les frêles atours,
    Le dos divin après la courbe des épaules.

    J’ai bientôt déniché la bottine, le bas…
    — Je reconstruis les corps, brûlé de belles fièvres.
    35 Elles me trouvent drôle et se parlent tout bas…
    — Et mes désirs brutaux s’accrochent à leurs lèvres…

  3. Arthur Rimbaud est une fierté que nous tous Ardennais mettons en avant, même si on le connait peu, très peu, lui et ses mots.
    J’aime à croire que d’être née dans ce trou lui a donné des ailes, et a aidé son incroyable talent à se déployer.

  4. [b]Charleville-Mézière, un  » Trou » ?
    Mais un bien joli « trou »,
    NON ?

    [img]http://image-photos.linternaute.com/image_photo/550/autres-villes-charleville-mezieres-france-1199053806-1152956.jpg[/img][/b]

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