Selon le président Abdoulaye Wade, qui répondait aux doléances de Mme Badiane Diatou Cissé du Synpics (syndicat des journalistes du Sénégal) lors de la traditionnelle séance du 1er mai : « L’indépendance de la presse sénégalaise (n'est) pas encore possible ».
Wade adore la presse, principalement la sienne. Selon lui, une presse libre et épanouie contribue au développement du pays par son droit de critique. Si après une telle déclaration, on l'accusait d'être anti démocrate, ce serait de la mauvaise foi caractérisée…
Mais comme chacun sait, c'est dans le détail que se cache le diable, en l'occurence dans l'expression : droit de critique. Une critique peut être objective ou carrément malveillante.
Prenons un exemple. Pour le plan de développement agricole qu'il nous a concocté, vous pouvez dire que cela ne va pas être facile de multiplier la production de riz par 5 cette année, mais qu'en retroussant nos manches et avec l'aide de Dieu, cela devrait le faire… C'est une critique objective. Par contre dire qu'il y aurait fallu commander les semences et les engrais supplémentaires il y a plusieurs mois, c'est douter de la faisabilité du plan, donc c'est malveillant. Très…
Dans sa grande sagesse de grand libéral désireux d'aller encore plus loin sur les chemins de la démocratie, Wade s'est dit qu'il ne peut pas laisser s'exprimer des journalistes qui n'informent pas objectivement. Ce serait aider les fossoyeurs de la démocratie.
C'est un creve coeur, pour lui, de se dire que son peuple n'est pas encore assez mature pour la liberté d'expression. Un peu comme de laisser les enfants jouer avec des allumettes, c'est bon pour leur autonomie et leurs désirs ludiques mais dangereux pour la maison. Il aimerait tant laisser les gens s'exprimer, librement.
Selon lui, depuis 2000, la presse s'est dégradée, elle vire à la critique systématique, malfaisante. Avant 2000, la presse était objective, elle informait juste. Ne soutenait elle pas l'opposition dont faisait partis Wade ? n'a t-elle pas contribuée à la défaite de Diouf (ancien président, actuel secrétaire général de la francophonie) ?
Aujourd'hui, elle soutient l'opposition contre lui. Un comble. Surtout si l'on sait que cette opposition est une bande de traitres qui regroupe tous ses anciens alliés qui lui ont permis d'être élus.