On connaissait ceux du 17e siècles, ces bourgeois qui pensaient faire partie de la classe dirigeante, qui voulaient jouer aux nobles.

Aujourd'hui, il y a ceux qui pensent être riches, et qui veulent jouer les grands patrons.

L'exemple typique, c'est celui du patron de PME. Celui qui a sa petite entreprise qui marche bien, une entreprise qui lui donne un bon niveau de vie.

En général, le bourgeois gentilhomme du 21e siècle est parti de rien. Issu de la classe populaire, il a passé un CAP, il a monté sa boîte pendant les années 60, pendant le miracle économique. Il a bossé, fait grossir son affaire.

Aujourd'hui, il emploie 9 salariés. Le rêve Américain.

D'ailleurs, nos nouveaux bourgeois gentilhommes croient à la valeur travail : "j'ai réussi en travaillant, quand on veux on peux. Il n'y a que les fainéants qui restent au chômage". C'est le discours du bourgeois gentilhomme du 21e siècle.

Il arrive à la première tranche de l'ISF "encore le fisc qui nous pique notre argent pour nourir les fainéants !". Quand aux cotisations sociales, n'en parlons pas !

En général, le bourgeois gentilhomme n'a que très peu de culture théorique : il n'a pas fait d'études, il s'est formé sur le tas, il a ses relations dans sa ville, une vague idée du fonctionnement de l'entreprise.

Scandalisé par les 35h, il croît dur comme fer au "travailler plus pour gagner plus". Il croît  en la discipline. Il a foi dans le libéralisme, seul système à reconnaître le travail.

Mais quand on lui dit qu'il ne fait pas partie des très riches, il se pose des questions.

Quand on lui parle des subventions de l'état dont il ne voie pas la couleur…

Quand on lui montre qu'il n'est pas assez riche pour se passer d'un système d'assurance maladie, parce qu'il ne pourrait pas se payer lui-même une intervention médicale coûteuse, il se rend compte que la sécu, c'est pas si mal que ça.

Ah, oui, le système, il est bien quand on est tout en haut ! Mais le système ira-t-il au secour de notre bourgeois gentilhomme le jour où ses clients le lâcheront, et que son entreprise fera faillite ?

Ce sont des choses auxquelles le bourgeois gentilhomme ne pense pas, quand son entreprise tourne bien, quand il a du travail par-dessus la tête, que son soucis est de faire face à ses commandes, et que le fisc lui demande des cotisations sociales.

Mais quand il est malade, il ne crache pas sur la sécu…