Depuis quelques années déjà, les gouvernements nous imposent l’achat d’équipements et de services inutiles. L’actualité nous suggère les éthylotests, qu’il faudra avoir dans sa voiture le 1er novembre, sous peine de verbalisation.
Mais il y a de nombreux précédents : les triangles et gilets jaunes dans les voitures également, des détecteurs incendie dans les logements, des inspections bidon à la vente de logements, et j’en oublie certainement. Les éthylotests font donc partie d’un tendance plus ou moins ancienne, qui consiste à forcer les citoyens à acheter des objets ou des services. Le but étant de créer/maintenir une activité, donc des emplois, et les fortunes des proches du pouvoir.

L’objet de cet article n’est pas de débattre avec ceux qui croient encore que les éthylotests vont contribuer à notre sécurité (ceux-là mourront comme ils sont, si vous voyez ce que je veux dire). Le but n’est pas non plus de crier au scandale. C’est ainsi que notre pays fonctionne.
L’article sert à réfléchir à la manière dont nous, individus, avons intérêt à réagir (ne pas acheter d’éthylotest et accepter de se faire racketter de temps en temps ? en acheter ? Comment le choisir ?). Je vous propose aussi de réfléchir au fonctionnement de ce nouveau business créé par tous ces produits inutiles.

Pour analyser ce nouveau marché, savoir qui gagnera les parts de marché, il convient de se poser la question suivante :
Que veut le client ?
Des clients, il y en a trois de différents :
> L’éternel mouton. Convaincu de l’utilité du produit, il ira vers celui pour lequel il y a le plus de publicité. C’est la cible du matraquage publicitaire observé depuis lors. Une soi-disant pénurie, des prix exorbitants. Ce client-là, on peut lui raconter n’importe quoi, il gobera de toute manière.
> L’anxieux. Celui qui n’est pas forcément convaincu de l’utilité de la mesure, mais qui, tant qu’à faire, va choisir le meilleur rapport qualité/prix. Pour l’éthylotest, il existe certainement des données quand à la précision de la mesure, pour le détecteur de fumée, il doit y avoir d’autres données. Bref, "voilà un produit qui n’était pas forcément indispensable, mais, maintenant que c’est obligatoire, essayons au moins de faire en sorte que ce soit profitable au niveau sécurité".
> Celui qui, comme moi, a bien compris une chose : les produits que le gouvernement nous fait acheter ne servent à RIEN. Si ce n’est à remplir les poches des copains, mais à part ça, RIEN de RIEN.
L’intérêt d’acheter des gilets jaunes, des détecteurs incendie et des éthylotest se résume à deux points :
1/ Être couvert par l’assurance en cas de sinistre (dans le cas des détecteurs).
2/ Ne pas se faire racketter par la police. Il est même permis dans ce dernier cas de faire le calcul : vaut-il mieux prendre un PV de temps en temps, ou perdre de l’argent à acheter l’équipement imposé ? Dans le cas du gilet qui ne périme pas, la réponse est évidente : sachant que l’amende coûte 135€, le gilet 25€, et qu’un contrôle va bien venir un jour, il faut acheter, laisser ce machin sous un siège et surtout, ne le sortir qu’en cas de contrôle. Pour ma part, j’ai acheté ça il y a quelques années, je ne l’ai jamais sorti, même quand j’ai dû m’arrêter sur le bord de la route, ce qui m’est arrivé 2-3 fois.
Dans le cas du ballon, la question se pose davantage : le machin coûte 1 ou 2€, l’amende 11€, mais il faut changer le ballon tous les ans !
Premier inconvénient : 2€/an. L’achat n’est donc rentable que si vous vous faîtes contrôler plus d’une fois tous les 5 ans en moyenne.
Second inconvénient, plus vicelard : il ne faut pas oublier de changer le bidule chaque année ! Il y a probablement des gens, même appartenant à la catégorie des moutons ou des anxieux, qui vont se faire verbaliser parce qu’ils auront oublié. Les têtes en l’air n’ont pas forcément intérêt à acheter ça.
Pour ma part, je suis plutôt organisé, j’ai une vieille voiture, donc propice aux contrôles, donc, j’aurais plutôt intérêt à en avoir un.
Dans ce cas, sur quel critère achèterais-je mon machin ? J’en vois trois :
1/ Hors de question d’acheter la marque Française, responsable du lobbying ayant abouti à ce racket. Je préfère, pour ce produit, acheter étranger.
2/ Je veux qu’il soit écrit "NF" dessus, sans cela, le bidule ne m’évite pas de me faire racketter, il ne me servirait donc à rien.
3/ Je veux le prix le plus bas, pourvu que les deux critères précédents soient respectés.

En gros, le prix le plus bas possible, peu importe la qualité, pourvu que ce soit marqué "NF" dessus.
Messieurs les industriels, faîtes fabriquer ça au fin fond de la Chine, avec tous les défauts de fabrication possibles imaginables, du plastique de mauvaise qualité, des solvants, et même du cyanure dessus si vous voulez ! Ca m’est égal, je n’ai pas l’intention de poser ma bouche dessus pour souffler dedans !
La seule fonction de ce machin, c’est de rester dans la pochette du pare-soleil avant de ma voiture pendant un an, et à n’en sortir qu’en cas de contrôle de police ou de gendarmerie.
En avoir deux pour le prix d’un ne m’intéresse pas, puisqu’il n’est pas obligatoire d’en avoir deux dans son véhicule. Conseillé pour les moutons qui ont l’intention de s’en servir, c’est tout.
Messieurs les industriels, une fois n’est pas coutume : votre produit, je ne lui demande même pas de fonctionner. Après 2 mois dans une voiture, à prendre coups de froid sur coups de chaud, le produit ne fonctionnera de toute manière plus. Non, sans déconnez, ne vous emmerdez pas à faire un truc qui fonctionne : les initiales ‘NF’ me suffisent.

On commence à se rendre compte qu’un marché au fonctionnement un peu particulier est en train d’émerger : celui du produit qui respecte une norme ("NF", norme CE, ISO machin truc, selon ce qui est imposé par le gouvernement), et peu importe le reste. Ce type de comportement du client n’existait que très peu. Personnellement, lorsque j’achète un produit, je cherche un bon rapport qualité prix. Les petits budgets cherchent davantage le prix, les plus aisés davantage la qualité, mais le principe reste le même pour tous les clients, quelle que soit leur opinion politique, que ce soit des particuliers ou des entreprises.
Là, naît un segment de marché pour lequel la qualité n’a strictement aucune importance.
Les deux critères de choix sont 100% quantifiables : prix, présence ou absence d’un label permettant d’être en règle.
Séduire cet clientèle-là a un côté extrêmement simple : il faut obtenir la conformité à la norme en vigueur et avoir le prix le plus bas. Pas besoin d’études marketing pour savoir pourquoi le client achète ça et pas autre chose… Pas besoin de cahier des charges non plus ! Le cahier des charges, c’est la norme imposée par le gouvernement. Pas besoin de faire du made in France non plus. Les clients sont énervés de devoir acheter un produit inutile de plus, ce n’est certainement pas le moment qu’ils vont choisir pour mettre la main à la poche pour défendre l’industrie nationale.

Pour l’industriel assez malin pour prendre conscience de cette situation, il y a un vrai marché, et une marge à prendre. Pas de quoi devenir milliardaire, mais de quoi faire un peu d’argent. Produire des éthylotests ‘NF’ en grande quantité et les ramener en France ne doit pas coûter plus de 50 centimes à l’unité (à condition de ne pas faire d’emballage évolué, pas trop de marketing, juste ce qu’il faut pour être un peu connu, et pas de zèle, juste de quoi avoir le ‘NF’). 50 cts à l’unité, prix de vente à 70cts, viser un marché de 5 millions de clients lucides par an (sur un marché total de 30 millions de victimes de la nouvelle loi). Une marge de 20 cts par unité, ça fait un million de marge par an. Pas assez pour devenir Bill Gates, assez pour faire un peu de fric tout de même.
D’ici peu, un entrepreneur va probablement se spécialiser dans ce créneau-là : les produits obligatoire, qui répondent à la norme, et avec, surtout, aucun autre coût qui serait super-flux. Dans les services, ça existe déjà ! Vous savez, toutes ces expertises faîtes par des charlatans qui donnent une performance écologique à un logement. A, B, C ou D. Bon, de toute manière, cet indicateur ne vaut rien. Ceux qui se sont intéressé à la question le savent et certains "experts" qui disposent de l’agrément ont flairé le filon : là où les moutons veulent un expert qui vient à domicile pour examiner le logement, les types agréés pour client malin proposent l’envoi d’un certificat pour un prix bien plus faible, ce qui est possible en supprimant le déplacement au domicile à examiner.
Je m’en fiche, moi, ce que je veux, c’est avoir le papier pour être en règle et payer le moins possible.

Avec la multiplication des lois, ce type de business devrait se multiplier, et il me semble intéressant de le comprendre dès maintenant.