Une caricature figurant Jésus en croix et un diable en train de déféquer sur sa tête a paru dans un journal suédois et a occasionné des menaces de mort selon le rédacteur en chef. Sur la croix, plutôt que le traditionnel "INRI", sont affichés les dates du concert, derrière lui des flammes tandis qu'un personnage cornu en sabots, défèque sur sa tête. Sous sa longue queue  on peut voir de l'orifice tomber les étrons. C'est pour un festival punk à Linköping qu'avait paru l'affiche sur les panneaux d'information de la commune mais des employés municipaux les en avaient retiré. Le journaliste avait alors décidé, contre ce qu'il considère comme une censure, de les faire publier. Suite à cette publication dit-il "J'ai été exposé à diverses menaces (…) et j'ai interprété plusieurs d'entre elles comme des menaces de mort" a-t-il le rédacteur à l'AFP, "Il était de notre devoir de raconter ce qui s'était passé, et pour le faire, nous devions aussi montrer l'image".

Le rédacteur en chef a porté plainte auprès des services de police qui tout en prenant au sérieux les menaces n'a pas pris de mesures particulières pour sa sécurité, selon un inspecteur de police. Sur son répondeur un message aurait été laissé, qui  souhaitait "le voir égorgé et que si personne ne s'en chargeait, alors Jésus le ferait". Si l'image est particulièrement choquante, ces menaces sont surprenantes tout autant que la déclaration du lieutenant de police. Voila un homme qui prend au sérieux des menaces de mort mais qui ne fait pas protéger celui qui les reçoit. C'est pour le moins paradoxal. L'attitude provocatrice du journaliste ne rime d'ailleurs à rien, le dessin ne recélant pas de message social particulier.

 

Car en effet les caricatures danoises dénonçaient derrière le dessin l'usage fait de la violence à travers l'islam, un problème social donc, et qui allait au-delà du simple dessin. C'est plus particulièrement les terroristes qui déposent des bombes en criant qu'Allah est grand qui était visés (le caricaturiste avait réellement risqué d'être tué) et c'était donc prendre une position que de les publier qui se justifiait fort bien. Si Jésus avait été mis en position de conduire un bombardier dans un déchaînement de violence, alors le dessin aurait peut-être eu un sens, associé à la politique des Etats-Unis, sans être particulièrement crédible selon la personnalité décrite dans les évangiles, dans lesquels Jésus tend plutôt l'autre joue.
La croix possède dans le christianisme un sens profond. C'est Jésus qui par son propre sacrifice rachète les péchés des hommes d'une façon universelle, dans d'atroces souffrances. Plus qu'un manque de respect, le dessin s'attaque à tout le sens de la crucifixion, de plus il est particulièrement de mauvais goût et tout rapport avec les précédentes caricatures danoises seraient un peu hasardeux, y compris dans l'ampleur de la menace. Le rédacteur n'ignorait pas qu'il ne risquait pas grand chose et ce dessin ignoble ne sera publié qu'un temps relativement court, eu égard à son manque d'intérêt… Ce n'était pas de la censure que de retirer les affiches, mais simplement du bon sens.
Le rédacteur a donc fait publier cette affiche de mauvais goût dans son journal. S'il l'a fait pour l'information, alors il n'a pas nécessairement tort, mais s'il agit contre la censure alors on voit mal où il voulait en venir… La "censure" est un élément naturel d'une société. Il ne viendrait pas à l'esprit d'une municipalité de laisser par exemple des affiches pornographiques à la vue de tout un chacun, notamment des enfants. Lorsque celle-ci est dépassée, cela doit être pour une raison précise, avec un sens. Une description eut probablement suffit.
Pour les curieux, l'affiche est visible ici  , j'ai volontairement décidé de ne pas la diffuser. A voir si toutefois vous ne passez pas à table…