Cameroun : Voici comment les promoteurs d’établissements privés « exploitent » des jeunes diplômés

 Afin de répondre à une demande en matière d’éducation de plus en plus accrue, les autorités camerounaises ont depuis l’indépendance libéralisé le secteur éducatif. Une « libéralisation » qui s’est traduit par la création d’une multitude d’établissements scolaires privés. Ainsi, à ce jour, ces établissements apportent une contribution appréciable a l’effort national de scolarisation, en ce sens qu’ils accueillent plus du quart de la population scolaire. C’est ainsi qu’on rencontre ici des Etablissements privés confessionnels et les Etablissements privés laïcs.

Cependant, si les établissements privés confessionnels s’illustrent de  par leur organisation et surtout par leur professionnalisme, tel n’est toujours malheureusement pas le cas pour ceux du privé laïc.  

En effet, depuis quelques années, l’éducation qui jusqu’ici était considérée comme une œuvre sociale et caritative est devenue au Cameroun l’un des business les plus surs et les plus rentables. Ceci, parce que la création d’établissement privé laïc est devenue presque à la portée de tous,  en raison de facilités apportées par la loi n° 004/022 du 22 juillet 2004 fixant les règles relatives à l’organisation et au fonctionnement de l’enseignement privé au Cameroun  qui stipule son article 5 alinéa 1  que « Sous réserve du respect de la carte scolaire, de la réglementation en matière d’hygiène physique et morale, d’urbanisme et d’habitat, ainsi que des normes spécifiques au système éducatif, la création, l’ouverture et l’extension d’un établissement scolaire ou de formation privé sont libres. »

Une souplesse qui a permis à de nombreux camerounais d’investir dans ce business de l’école. Ainsi, pas facile de faire 100 mètres dans des villes comme Yaoundé, Douala, Bafoussam ou Bamenda, sans dénombré sur son passage pas moins de 05 établissements privés laïcs.

Toutefois, même s’il faut reconnaitre l’incontournable contribution qu’apportent ceux-ci en matière de scolarisation des jeunes camerounais, il faut tout de suite déplorer le caractère esclavagiste du travail qui est celui du personnel de ces établissements. Car ici, c’est bien plus une question de survie que de vie.

Bien que la loi n° 004/022 du 22 juillet 2004 précise en son article 17 alinéa 2 que l’enseignant d’une institution privé d’enseignement privé « a droit à la formation continue, à un salaire régulier, ainsi qu’à une couverture sociale telle que prévue par la réglementation en vigueur. », tel n’est toujours pas le cas dans les faits. Rares sont les établissements privés qui assurent à leur personnel un salaire digne et régulier. Ici, les salaires mensuels qui oscillent entre 20 et 50 000  francs ne se payent que sur une période de 06 mois (pour les établissements les plus sérieux). Les pauvres enseignants,  étant obligés le reste du temps,  de plonger dans la mendicité pour subsister. C’est le cas Claude, jeune instituteur dans une école primaire de Yaoundé «  Je suis sorti de l’ENIEG en 2008 ;  et, n’étant pas encore recruté à la fonction publique, je travaille  depuis 03 ans pour un promoteur d’école primaire qui me paye 30.000 francs par mois…nos salaires vont du mois d’octobre au mois de mai » à la question de savoir ce que fait entre temps Claude pour vivre, il lance sans honte aucune « je me débrouille ». Une situation pathétique que partagent beaucoup d’autres jeunes diplômés camerounais. Et, le phénomène est pratiquement le même, que l’on soit à l’éducation de base ou aux enseignements secondaires.

Du côté des établissements privés d’enseignement secondaire, le phénomène est davantage préoccupant ;  car, tout le monde est vacataire. Ceci, au mépris de l’article 17 alinéa 4 de la loi susmentionnée qui dit bien que « sous peine de l’une des sanctions prévues à l’article 24 ci-dessous, un établissement scolaire ou de formation privé ne peut, en aucun cas, fonctionner avec un quota de personnel enseignant vacataire supérieur à 40 % de l’effectif global des enseignants. » allez donc voir.

Face à tout ceci, l’on se demande se que font les Ministères de tutelle. Au moment où le Cameroun de concert avec la communauté internationale s’apprête à commémorer la fête internationale du travail, nous lançons un vibrant appel à l’endroit du Ministre camerounais du travail et de la sécurité sociale, afin qu’il jette un coup d’œil sur ce qui se passe dans les établissements scolaires du privé laïc. Car,  c’est déshonorant pour un pays comme le Cameroun !  

 

Auteur/autrice : Monsieur Duverger

Monsieur Duverger est un journaliste et écrivain d'origine africaine.

Une réflexion sur « Cameroun : Voici comment les promoteurs d’établissements privés « exploitent » des jeunes diplômés »

  1. C’est bien triste que cela se passe ainsi dans un pays sérieux sans que personne ne soit inquiéter. Une insulte pour l’intelligentsia. car en regardant de près, vous verrez ces pauvres enseignants sont le plus souvent des gens doublement diplômés. Mais Hélas!!!

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