D’après les résultats du dernier recensement au Cameroun, le pays compte près de 20 millions d’habitants, dont plus de la moitié a moins de 30 ans. Cependant, en prélude aux dernières élections présidentielles de 2004, seuls moins de 5 millions de camerounais étaient inscrits sur les listes électorales. Même aux municipales et législatives de 2007, on n’a pas pu atteindre la barre symbolique de 5 millions d’inscrit sur les listes électorales. Toute chose qui amène fréquemment plusieurs observateurs de la scène politique camerounaise à douter sérieusement de la légitimité de certains élus camerounais.
A quelques mois seulement des élections présidentielles, bien que les autorités aient pu mettre sur pied un organisme relativement indépendant en charge de l’organisation des élections (élections Cameroon, ELECAM), les camerounais, surtout les jeunes, semblent toujours ne pas se sentir intéressés par cet événement pourtant très capital. On se demande alors qu’est-ce qui peut bien expliquer ce manque d’engouement de la jeunesse Camerounaise à l’égard de la chose politique et surtout du vote ?
*source photo: google image
Les camerounais se rendront théoriquement en octobre prochain aux urnes, pour élire leur président de la république. Sur le terrain, on assiste depuis quelques mois aux préparatifs, dans les états major des formations politiques et aussi du côté de l’administration. Au rang des grandes inconnues de ce scrutin, en dehors du questionnement sur la participation ou non du président sortant au pouvoir depuis 1982, figure aussi et en bonne place, le nombre de personne que ELECAM ( Elections Cameroon) réussirait à inscrire sur les listes électorales. Mais, au regard d’un certain nombre de faits, tout porte à croire que le président Paul Biya tentera de briguer une fois de plus un nouveau septennat ; surtout que la modification de l’article 6 de la constitution en 2008 le lui autorise. Aussi, en sa qualité de président national du RDPC, il est selon leurs textes le candidat naturel du parti ; sauf changement de dernière minute, ce qui est d’ailleurs bien difficile.
Quant aux inscriptions sur les listes électorales, c’est pratiquement du sur place. Malgré les efforts déployés par le parti au pouvoir et ELECAM, les camerounais hésitent encore à se faire inscrire sur le fichier électoral. Bien qu’il soit difficile à ce jour de disposer avec exactitude le nombre de personnes inscrites, on peut déjà avec la faible affluence observée sur les lieux d’inscription tout comprendre. Et pour expliquer tout ceci, plusieurs paramètres peuvent entrer en compte :
Absence d’alternance au sommet de l’Etat
Les camerounais, jeunes pour la plus part semblent fatigués par la longévité du régime en place. Pour beaucoup, à force de voir l’actuel régime gouverné, ils ont enfin conclu qu’il n’y aurait plus aucun autre camerounais en mesure de gouverner le pays. Certains, les plus déçus, pensent que seul le bon Dieu trancherait au finish cette affaire.
Système électoral opaque et non consensuel
Même la mise sur pied depuis quelques mois déjà de ELECAM n’a pas suffit pour convaincre la plus part des camerounais à faire confiance au système électoral de leur pays longtemps gangréné par la fraude et les manipulations de tous ordres. Aussi, l’opposition a été carrément mise de côté pendant la constitution de cet organe (ELECAM) en charge d’organiser ces élections. Ainsi, plusieurs jeunes camerounais ne trouvent pas la nécessité de participer à une élection où le régime en place serait à la fois juge et partie.
Absence d’une véritable opposition
La pauvreté, l’opportunisme politique et l’absence de vision politique à sombrer depuis longtemps l’opposition camerounaise dans une léthargie sans pareille. Egalement, à l’image des actuels gouvernants, les vieux opposants des temps coloniaux n’ont toujours pas eu le courage de céder la place à une génération en jambe. Toute chose qui explique la quasi- institutionnalisation de la pensée unique en vogue actuellement dans le pays. Dans un tel environnement, difficile pour la population de trouver la motivation nécessaire pour aller se faire inscrire sur une liste électorale.
Le manque de culture politique aux camerounais
Il est vrai que la société camerounaise fait partie de l’une des plus instruites d’Afrique subsaharienne ; cependant, l’engagement politique tarde encore curieusement à prendre effectivement corps chez les camerounais. Peut – être aussi parce que l’actuel régime n’a jamais voulu intégrer les valeurs patriotiques dans les programmes d’enseignement à l’école.
La pauvreté ambiante …
Ce n’est un secret pour personne que le taux de chômage au Cameroun est de loin l’un plus élevé au monde. Pour survivre, le jeune doit batailler très dur. Aussi, dans un contexte marqué par la corruption, le népotisme, le favoritisme et le tribalisme, le jeune camerounais ne sent pas très bien camerounais et par ricochet, ne trouve pas la nécessité d’aller participer au vote.
Ces cinq maux non exhaustifs illuminent, et à suffisance les raisons pour lesquelles les jeunes camerounais tardent à aller s’inscrire sur les listes électorales. Cependant, il serait tout de même important pour eux de comprendre que personne ne viendra jamais décider à leur place ; aussi, le vrai gagnant devant tout ceci reste et demeure le régime en place ; d’où l’urgence pour ces derniers d’aller et vite s’inscrire massivement sur les listes électorales, afin de décider de leur avenir en octobre prochain. /.