Cameroun : la misère des instituteurs vacataires !

Bien que formés eux-aussi dans des Ecoles Normales d’Instituteurs d’Enseignement général ou technique, cette catégorie d’enseignants vit au quotidien un calvaire indescriptible.

En effet, avec la crise économique du milieu des années 80, le gouvernement du Cameroun avait procédé  à la fermeture des ENIEG et ENIET ; elles ne seront ré ouvertes qu’en 1996. Mais, cette fois, l’intégration  des « produits » de ces écoles  au sein de la fonction publique ne sera plus automatique comme par le passé. C’est ainsi qu’au terme de leur formation, ceux-ci devrait tout d’abord servir dans une institution scolaire publique comme enseignant « vacataire » ,  pour prétendre à une éventuelle contractualisation à la fonction publique ; ceci, contre un salaire très inférieur à celui d’un catéchiste ;  comme nous le confie Monsieur Zambo, un jeune Instituteur de l’Enseignement Général : «  à ma sortie de l’ENIEG de Mfou en 2004, je me suis fait recruter dans une école publique de la Mefou-Afamba ; au départ, le directeur m’a assuré que je devrais être pris en charge par l’APE (Association des Parents d’Elèves) ; mais, j’ai été surpris à la fin du mois que celui-ci me tende 10.000 F.CFA (15 euros), représentant ce qu’à prévu pour moi l’APE !».

Le cas de ce Monsieur Zambo n’est pas unique ; car c’est un phénomène pratiquement généralisé. Et le pire dans tout cela est qu’au moment de leur contractualisation à la fonction publique, on ne tient compte de rien. Bien au contraire, ceux-ci sont abandonné, au profit des ceux de leurs camarades  soutenus soit par une « enveloppe » ou par un haut cadre de l’administration. « Diplômé de l’ENIET de Soa en 2009, j’ai été admis la même année comme enseignant vacataire dans un CETIC de Yaoundé, contre un salaire mensuel de 5000 F.CFA ( environ 8 euros) ; j’ai fait ce sacrifice pendant près de deux ans ; mais lors du recrutement des 25.000 jeunes à la fonction publique, j’ai été purement et simplement recalé, au profit de certains de mes camarades qui n’avaient jamais tenu la craie depuis leur sortie de l’école normale…paradoxe ! » déplore un jeune IVET, tout abattu.

Face à cet esclavage des temps modernes, plusieurs de ces vacataires ont choisi de se lancer à l’assaut des établissements privés. Mais, de ce côté aussi, rien ne semble facile. Car les promoteurs de  ces établissements, intéressés uniquement par leur fric, les exploitent eux-aussi suffisamment. Ici, vous êtes occupés 07 mois sur 12, contre un salaire mensuel ne pouvant excéder 50.000 F.CFA (75 euros).

Et, le plus étonnant dans tout cela est que les autorités face à ceci gardent plutôt un silence complice. Dans son discours à la jeunesse le 10 Février dernier, le Président la République Paul Biya a promis de revaloriser les conditions des enseignants. L’une des premières décisions à prendre par son gouvernement serait de recruter à la fonction publique tous ces instituteurs vacataires. Car ceux-ci constituent une honte pour un pays qui accuse un déficit criard en personnel enseignant !

 

 

* Source Photo: www.rfi.fr

 

Auteur/autrice : Monsieur Duverger

Monsieur Duverger est un journaliste et écrivain d'origine africaine.