Afin de tordre le cou à une corruption qui était déjà devenue presque un sport national au Cameroun, le président de la République Paul Biya a mis sur pied de nombreuses structures à savoir l’Agence Nationale d’Investigation Financière (ANIF), la Commission Nationale Anti-corruption (CONAC) et surtout le Ministère Chargé du Contrôle Supérieur de l’Etat. Aussi, depuis quelques années, il a engagé une vaste opération mains propres dénommée « Opération Epervier », qui a déjà envoyé plusieurs dizaines de hauts dignitaires de la République derrière les barreaux. Et sur le terrain, toutes ces structures continuent de traquer et par tous les moyens, les fonctionnaires véreux.

La semaine dernière, le Ministère Chargé du Contrôle Supérieur de l’Etat a rendu public une liste de hautes personnalités du pays, coupables de lourdes fautes de gestion ayant occasionnées  la perte de plusieurs centaines de millions de Francs à l’Etat camerounais. Au rang de ces gestionnaires malhonnêtes se trouvent et en bonne place le professeur Jean Tabi Manga (recteur de l’université de Yaoundé 2) et Jean Jacques Ndoudoumou,  le directeur de l’Agence de Régulation des marchés publics. Et selon des sources concordantes, une autre liste serait actuellement en préparation.

Seulement, depuis la publication dudit communiqué, ces présumés détourneurs de fonds publics gardent plutôt un étonnant silence. Eux, qui devraient déjà sans attendre démissionner de leurs fonctions, afin de se mettre à la disposition de la justice républicaine. De même, l’on ne comprend toujours pas pourquoi le président de la république s’empêche lui-aussi de les démettre de leurs fonctions.

Il est vrai que la culture de la démission n’est pas suffisamment ancrée dans les mentalités africaines ; mais, ces personnalités devraient faire l’effort de comprendre que les faits qui leur sont reprochés sont suffisamment graves, pour qu’ils gardent leurs postes. Aussi, en hommes sages, ils gagneraient à quitter le public, afin que celui-ci ne les quitte. Car dans tout pays sérieux, une fois qu’on est au centre d’un scandale du genre, on attend plus ! Où est donc passé la honte ?