J’adore par-dessus tout les cafés!
J’y retrouve souvent mes vieux copains avec lesquels je refais le monde, sérieusement ou en riant. Quelques idées jetées çà et là et la discussion s’engage. Les idées se bousculent, changent de sens tels les nuages comme aujourd’hui, que le vent fait dévier de leur trajectoire.
Moi, j’adore parler avec ces gens de passage.
Quand nous sommes en désaccord, il n’y a aucune agressivité, aucun manque de respect entre nous.
Les rapports de force ne sont nécessaires que pour affirmer notre personnalité naissante à l’adolescence, période des plus difficiles puisqu’on s’imagine déjà tout connaître alors que nous ne connaissons pas encore la vie et ses exigences.
Entre adultes avertis, c’est un moment des plus agréables.
Les cafés sont pour moi un lieu de vie, une seconde maison, un théâtre où se jouent des tragédies, des liens qui se font ou se défont; certains viennent y noyer leur solitude ou leur chagrin.
Entre rêverie et réalité, les cafés sont à l’image de la société. On y vient parfois pour s’exhiber, se reposer ou se changer les idées (ou les trouver pour l’écriture). Et puis, c’est rassurant malgré un certain relâchement, il y a toujours ces garde-fous pour empêcher les dérives de toutes sortes, ce que n’ont pas forcément certaines personnes quand elles en sortent et se retrouvent au milieu de la faune extérieure.
Et puis, ils permettent d’aiguiser notre sens de l’observation.
C’est bizarrement le seul endroit où j’ai envie de lire et d’écrire, malgré le bruit, malgré le mouvement humain qui ne me dérange en rien. Les idées abondent loin de mon environnement privé.
J’emporte partout mon bloc de feuilles avec moi, ce qui interpelle souvent les autres qui se posent des questions. Comme quoi, écrire se perd. Ils m’abordent car curieux de savoir ce que j’écris et pourquoi. Dommage que la plupart d’entre eux n’aient pas le temps de faire comme moi -par fatigue, par manque d’idées ou tout simplement parce qu’ils ne s’y intéressent pas ? On perd l’habitude de l’écriture et c’est bien regrettable de passer pour une bête curieuse, le stylo en pleine action.
Je suis loin d’être inabordable et je parle avec ces gens. Il faut dire que j’ai l’art et la manière de m’immiscer dans une discussion et… ça passe très bien. Ce qui m’a permis de rencontrer un tas de personnes.
Quand je pense qu’il y a un peu plus de 35 ans, une femme qui allait seule au café était mal vue! L’évolution des moeurs est positive et en ça, c’est bien.
Alors, vive les cafés et préservons-les au maximum!
BONJOUR BOOTABOO – toujours intéressante dans vos écrits. j’en ai pendant une minute perdu de vue que vous étiez une femme tant votre réflexion sur les cafés m’a plongé quelques années en arrière, au temps ou je fréquentais un peu plus les bars que maintenant et où l’ambiance était plutôt machiste. votre récit est l’entière réalité de l’ambiance des cafés quand on sait écouter et observer ces milieux d’échange. personnellement je crois cette forme de commerce comme étant salutaire à beaucoup de français qui comme vous le dites si justement y trouvent un remède à leur solitude et quelque fois à leur détresse. j’ai tenu quelques temps un bar restaurant villageois et j’adorait les discutions parfois très animées qui naissaient au fil des allées et venues. parmi ma clientèle il y avait une femme, plutôt jolie mais marquée par une vie difficile et un penchant réparateur pour mon rosé et celui de mes concurrents. son inspiration, elle ne la trouvait pas dans l’écriture comme vous et c’est dommage tant il y avait de chose à observer et à transcrire. j’aurais du prendre , à cette époque, le temps d’écrire certaines de ces histoires qui auraient fait le plaisir des lecteurs de C4N. Merci pour votre article – cordialement – JP