C. Ockrent mord la main de qui ne la nourrit plus

La presse française a beaucoup évoqué l’entretien de François Hollande avec un journaliste du Guardian britannique, et Mélenchon a réagi vivement. Il y aurait encore des communistes en France. Certes, ailleurs qu’au Parti communiste, aussi (Hue l’a déserté, mais peut-être reste-t-il communiste). C’est dommage qu’il n’ait pas été fait état de la pige de Christine Ockrent dans le même titre de centre-gauche. On voit que Kouchner a dû reprendre une voiture « particulière » et que notre amie la Belge a dû réduire son train de vie.

Un mot (même plusieurs) quand même sur ce qui a fait des titres dans la presse française. François Hollande avait confié au Guardian qu’à son sentiment, il n’y a plus de communistes en France à présent.

Juste des conseillistes ouvriers, divers autogestionnaires, alors ? Ou des trotskistes ? Hollande a pu se tromper de bonne foi, mais il n’a pas tort de souligner que « la gauche a gouverné [et] libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance. ». C’est l’évidence même.

Jean-Luc Mélenchon s’est donc récrié qu’il était le candidat des communistes. Hollande a rectifié le tir en concédant que les communistes n’en étaient pas à se réunir dans une cabine téléphonique. Pierre Laurent (PC) a passé l’éponge.

Ockrent ingrate

Ce n’est pas sans raison que, chapeautant le papier de Christine Ockrent, le « sub », voire carrément « the editor » (comprenez le premier sec de rédac’ du Guardian), évoque les promesses creuses de Nicolas Sarkozy, son programme bancal, et le fait que le vieux politicien blanchi sous le harnais qu’est Sarko aura du mal à remonter la pente.

Kouchner devenu ministre des Affaires étrangères, la retraitée du journalisme, pigiste occasionnelle, qu’est Christine Ockrent à présent, avait été l’une des mieux rémunérée du continent européen, avec des revenus à l’américaine. Du jour au lendemain, elle fut remerciée (mais lestée de copieuses indemnités). Elle a la rancune vipérine.

Sarkozy peut-il encore séduire, s’interroge-t-elle « ingénument ». Il se présente en tant qu’homme politique d’expérience (elle n’ajoute pas : et d’affaires diverses) mais ses dernières interventions ont été considérées suicidaires par de plus expérimentés que lui. Selon Ockrent, qui doit encore dîner en ville, Sarko est totalement dans le passé, dans ses 53 % de voix en 2007. 

Pourtant, ses promesses, cinq ans après, « semblent, au mieux, creuses ». Nan ! Si, pourtant, il avait bien privatisé l’Imprimerie nationale et fait avaler par Kouchner sa reprise par les Affaires étrangères au Carlyle Group, qui embauchait par la suite Olivier Sarkozy. En revanche, on trouvait un poste fort grassement payé pour Ockrent. Les promesses n’étaient pas creuses. Elles furent tenues, non ? Ah, pas assez longtemps ?

Son programme et son équipe de campagne battraient de l’aile ? Vite, qu’il recrute de nouveau Ockrent. Il opérerait un virage total à droite et il faudrait une Ockrent pour rattraper le coup ? Et le rabibocher avec diverses communautés ?

Conclusion : ce qui séduisait cinq ans plus tôt est à présent un talon d’Achille. Son énergie passe pour de l’agitation, son style relax pour une conduite de patachon, son pragmatisme pour du cynisme et un manque de conviction. La France n’en peut plus de Sarkozy. Il va devoir ramer.

 

N’en jetez plus. C’est de la promotion personnelle et de l’assassinat vachard.

Je ne sais combien Ockrent a touché du Guardian, mais, pour livrer une tribune libre à la Huffington Post, c’est déjà trop. Comme le faisait remarquer un commentateur, c’est bien de Mrs. Kouchner, pas de Mrs. Strauss-Kahn. Mais cela semblerait interchangeable.

Sauf qu’Ockrent n’a pu se recaser à la hauteur de ses ambitions au Huffington ou chez Atlantico.

L’embauche d’Ockrent pour une télé qui réduit depuis la voilure est restée dans la gorge des Françaises et des Français.

Elle a touché 650 000 euros d’indemnités, ayant démenti en avoir réclamé le double. France 24 est un fiasco et elle coûtait, au bas mot, 750 000 euros de l’an.

La voici qui crache dans la soupe et mord la main qui l’a nourrie. Avec un singulier aplomb. Heureusement qu’il a Sarko des Estrosi peu rancuniers…
On se souvient qu’en 2003, Ockrent cirait dans The Observer (le « Sunday Guardian »), les pompes de Chirac et de Tony Blair. La presse britannique a bien décliné. Piger une attachée de presse pour faire sa promo, est-ce bien encore digne ?

 

 

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

Une réflexion sur « C. Ockrent mord la main de qui ne la nourrit plus »

  1. Il a pas seulement lancé une pique contre les communistes à Londres mais a aussi affirmé :
    «  »La gauche a été au pouvoir pendant quinze années, durant ce laps de temps nous avons libéralisé l’économie et ouvert l’économie à la finance et beaucoup privatisé. Il n’y a pas de raisons d’avoir peur ». »
    [url]http://zebuzzeo.blogspot.com/2012/02/francois-hollande-londres-mitterrand.html[/url]

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