Ô combien de fois les politiciens du RPR puis de l’UMP ont-ils proclamé que l’État devait être géré comme une entreprise, qu’ils étaient les seuls à connaître et appliquer le mode de fonctionnement des entreprises ? Et bien, avec l’affaire Bygmalion, la démonstration en est faite. L’UMP était aussi bien gérée que la Société générale de Jérôme Kerviel… Le Kerviel des dirigeants (Juppé, Raffarin, Fillon…) se nommait Jérôme Lavrilleux. Mais bien évidemment, ils n’avaient rien vu, rien entendu, et ne pouvaient donc rien dire…
Combien de fois Juppé, Raffarin, ou Fillon, se sont-ils préoccupés d’organiser ou faire organiser un meeting électoral, un séminaire de réflexion d’élus, un forum avec des invités ? Jamais, ni en Poitou-Charentes, ni à Bordeaux, ni dans la Sarthe, et, pensez donc, jamais, au grand jamais, au plan national… C’est pourquoi, lorsque Sarkozy, aussi frénétiquement candidat quadrillant la France pour se montrer que lorsqu’il était président de la République, mobilisant énergies et moyens à la mesure de ce qu’il imposait aux contribuables lors de ses déplacements présidentiels, ils se montraient comme les trois singes dits « de la sagesse ».
La débauche des moyens engagés pour la campagne de Sarkozy ne les a nullement étonnés, et ils découvrent tout, soudain… Jusque là, tant dans leur entourage qu’au sein des instances de l’UMP, comme ils n’avaient rien vu, rien entendu, ils n’ont bien sûr rien dit car rien ne les étonnait. Comme ils n’avaient aucune expérience de l’organisation d’événements, les moyens déployés par le PS à hauteur de 21 à 22 millions d’euros (le plafond des dépenses électorales autorisées), n’appelaient pas à la comparaison avec ceux engagés par leur propre formation (38 à 39 millions, dont 17 de dépassement). Tout était donc égal par ailleurs : les fastes des rassemblements pour Sarkozy ne suscitaient pas plus d’interrogations que les gains de l’autre Jérôme, Kerviel, en salle des marchés de la Société générale.
Il vous faut le croire. La Socgen et l’UMP avaient à peu près le même type de fonctionnement. Dans un cas, de toute façon, contribuables (et un peu les militants) paieraient, dans l’autre, les déposants et les épargnants.
D’ailleurs, que nous soutiennent le chroniqueur judiciaire du Figaro et sa blogueuse associée, Olivia Dufour (auteure de Kerviel, enquête sur un séisme financier et du blogue-notes La Plume d’Aliocha)nbsp;? Ou tant d’autres… et c’est sans compter les journalistes et les chroniqueurs qui, n’en pensant pas moins, se savent rétribués par les encarts publicitaires de la Société générale et de sa filiale, Boursorama ? Que la thèse « selon laquelle la hiérarchie n’a rien vu » (celle de Kerviel) est tout à fait plausible. Au passage, on relèvera qu’Olivia Dufour-Aliocha estimait sur son blogue, en octobre 2010 que « la banque savait » et que Kerviel « paie pour le système ». Elle a sans doute depuis compris…
Les deux Jérôme se targuent de n’avoir visé, pour eux-mêmes, aucun enrichissement personnel. Jérôme Kerviel n’a encaissé que des clopinettes, Jérôme Lavrilleux retape sa bicoque en fins de semaine en compagnie de son père. Comme si s’occuper des finances de Bygmalion et de l’UMP laissait des loisirs… Les deux Jérôme n’étaient animés que par le souci de faire prospérer leurs entreprises respectives, vous êtes priés de le croire.
Non seulement les deux Jérôme ont-ils agi seuls, mais leurs dirigeants, l’ensemble de leurs dirigeants, ne disposaient d’aucun moyen de se dessiller le regard, de se déboucher le cérumen, et par conséquent, qu’auraient-ils donc pu dire ou penser ?
C’est un peu comme dans l’entreprise familiale Front national… Le train de vie de ses dirigeants proviendrait de commis qui ne rendent de comptes à personne ?
C’est de leur poche que Raffarin, Juppé, Fillon, iront siéger au siège social de leur entreprise pour en redresser les comptes ? Tant que la faillite n’est pas patente, inutile de faire appel à un redresseur judiciaire : tout redevient parfait dans le meilleur des mondes.
Quand le RPR était miné par les affaires, il s’est renommé UMP. Quand Le Crédit lyonnais chutait avec les conséquences que l’on connaît pour les contribuables, il est devenu LCL. La Société générale n’a pas vu l’utilité de changer d’intitulé, mais il n’en sera peut-être pas de même la prochaine fois.
On efface tout, on reprend plus ou moins les mêmes, et on recommence.
Le parallèle, et cette fois, comparaison est raison, entre formations politiques et entreprises est patent. D’ailleurs, il n’y a pas que des collectivités locales sous contrôle de l’UMP, telle le Levallois des Balkany, qui ont abondé les caisses de Bygmalion. Le Canard enchaîné divulgue la liste des clients : Grande loge nationale de France, Medef, Union nationale des professions libérales, mais aussi LVMH, France Télévisions, EDF, &c.
Dans les hautes sphères, on n’avait rien vu, rien entendu, et que dire dans ces conditions ?
Quand ce n’est pas le contribuable, ou le militant, c’est le consommateur qui régale.
Kerviel et Lavrilleux s’estimaient tout à fait fondés à encaisser les rémunérations à la hauteur des sommes engagées, c’est un fait. Car tout le monde en fait autant, n’est-ce pas, et qui s’étonne est un jaloux, forcément… Le prochain Jérôme se nomme Philippe. Il s’agit de Philippe Gustin, ancien ambassadeur, nommé directeur général des services de l’UMP. Un proche de Luc Chatel, lui aussi animé par le seul esprit militant.
Quand Alain Juppé, en janvier 2012, venait à Nice honorer de sa présence les Jeux de la Francophonie le matin, et le soir galvaniser 2 500 personnes scandant « Nicolas, Nicolas, Nicolas ! » après avoir lâché un retentissant « c’est Sarko qu’il nous faut », il ne s’était posé aucune question.
Mais à présent, Éric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes, dit que le coût des meetings à Nice lui paraît (rétroactivement ?) « démesuré ». Par rapport à quoi ? « Ce dont j’ai connaissance habituellement ». Mais bien sûr, Juppé, Raffarin, Fillon, n’avaient et n’ont aucune connaissance habituelle lors des fastes de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.
Seul, à l’UMP, Lavrilleux en avait une vague notion, doit-on penser. C’est ce que, par omission, consigne ou adhésion (qu’on le sache et s’en persuade : tous les journalistes, et encore moins leurs patrons, ne sont pas de gauche), la presse soutient de fait, quand ce n’est pas, comme dans l’affaire Kerviel-Société générale, activement.
Là encore, la justice tranchera. Juppé, Fillon, Raffarin, n’auront même pas à déclarer qu’ils n’avaient rien vu, rien entendu, qu’ils ne se rendaient compte de rien. Ces hommes inexpérimentés en matière de campagnes électorales sont tels des chefs d’entreprise découvrant les exactions de subordonnés. Un peu comme le jeune Sarkozy à Neuilly, alors jeune militant, qui ne s’occupait que de coller des enveloppes et des affiches, de distribuer des tracts et qui, subitement, s’est retrouvé maire, ministre, président de la République.
Contrairement à Kerviel, Lavrilleux assume : il n’a jamais fait état de ses interrogations à Jean-François Copé ou à Nicolas Sarkozy. Certes, ses textos à leurs plus proches, indiquant par exemple, que, faute d’argent, Jean-François Copé ne pourrait se rendre à un meeting prévu (l’intéressé n’était absolument pas au courant de cette question d’intendance, bien sûr), ne valaient pas mise en garde.
C’est à peine si Lavrilleux consent à mettre en cause Éric Cesari, piqué par Sarkozy à Pasqua pour gérer les fastes du maire de Neuilly, placé à l’UMP par Sarkozy en 2007, devenu directeur général du parti dit populaire.
Incidemment, les médialogues s’intéresseront – peut-être, mais rien de moins sûr – aux mécanismes des divulgations (par les acolytes des Juppé, Raffarin, Fillon ou peut-être avec le feu vert de Valls ou Hollande via la police) des « fuites » organisées. Destinataires privilégiés : Canard enchaîné ou Mediapart. Ce qui permet au reste de la presse de commenter que « selon » l’un de ces titres, et le conditionnel est de mise, la réalité pourrait de loin dépasser ce dont il devient obligé de faire état.
C’est plus « élégant » ainsi et cela permet d’inviter encore Raffarin, Fillon, Juppé, dans ses propres colonnes, lesquels assurent encore et encore de leur ignorante probité. Tout comme les anciens et actuels dirigeants de la Société générale dont les mains ont été lavées lors de l’affaire Kerviel.
Autre point : les militants de l’UMP l’ont sèche, surtout ceux ayant versé part des 11 millions que le candidat Sarkozy aurait dû régler de sa poche. Mais que dire des prestataires de Bygmalion et de ses filiales ? Des placeurs de chaises réglés à un taux horaire qui n’avait sans doute rien de faramineux, par exemple.
Dans une tribune de Slate, Jean-Lauren Cassely conclut ainsi : « le 5 avril 2012, pour un coût réel d’un peu plus de 249 000 euros et déclaré d’environ 92 000 euros, le candidat donnait une conférence de presse devant 400 journalistes pour présenter le coût de son programme. Coût de l’opération, plus de 620 euros par journaliste: on regrette de ne pas y être allés, ne serait-ce que pour le buffet... ». Si cela se trouve, le dit buffet n’avait rien de somptueux… Fournisseurs et traiteurs, tout comme sans doute les autocaristes amenant les militants aux meetings (coût réel par participant : de 80 à 140 euros), ont sans doute été incités à rogner sur leurs tarifs (et même prestations). Beaucoup doivent se sentir bernés et même amers…
Et c’est là sans parler des contribuables des municipalités accueillant les rassemblements. Celles dirigées par l’UMP ont sans doute consenti du personnel et des moyens (tandis que celles de Lille, Lyon, Dijon, présentaient sans doute des factures au prix usuel). Pour celui de Meaux, la ville de Copé, les montants officiels et réels révèlent une différence de près de 170 000 euros (avec un multiplicateur supérieur à trois entre le réel et l’avoué). Les policiers municipaux mobilisés pour l’occasion seront assurément ravis de l’apprendre.
Cela étant, Raffarin, Juppé, Fillon, qualifiés par Hortefeux de « chapeaux à plume » de l’UMP par Hortefeux, sont prévenus : « qu’ils rabaissent un peu leur chapeau, et on les plumera ». Pas autant que militants, contribuables et prestataires de réels services, quand même ?
De l’ineffable Xavier Bertrand : « [i]Tous les protagonistes doivent répondre de ce qui s’est passé, sans exception…[/i] ». Que le maire de Saint-Quentin explique pourquoi il a eu recours à Bygmalion pour sa télé « municipale ». C’était bien sûr, comme pour les autres, à l’insu de son plein gré, il a été dupé, mais il était, bien évidemment, de toute bonne foi.
Bonjour,
Contente de vous revoir, vous aviez complètement disparu durant deux mois – des vacances ?
Affaire Bygmalion : ça y est, c’est sur les rails, y’a qu’à attendre la suite…
Milices et services de renseignements de l’extrême-gauche : on attend toujours le début du commencement du grand déballage…
[quote]Quand le RPR était miné par les affaires, il s’est renommé UMP. Quand Le Crédit lyonnais chutait avec les conséquences que l’on connaît pour les contribuables, il est devenu LCL. La Société générale n’a pas vu l’utilité de changer d’intitulé, mais il n’en sera peut-être pas de même la prochaine fois.
On efface tout, on reprend plus ou moins les mêmes, et on recommence.[/quote]
Et pourquoi la LCR est-elle devenue NPA ?
J’ai repris mes activités « coupable », je m’essaie encore à quelques « révélations » en dépit du matraquage des condamnations injustifiées qui me tombent sur la tête tandis que mes droits les plus fondamentaux ne sont toujours pas reconnus :
[url]http://petitcoucou.unblog.fr/2014/06/24/vol-de-dossier-medical-attention-il-peut-etre-fatal/[/url]