Une brève de comptoir inspirée de mon expérience personnelle, histoire de mettre mon grain de sel sur le burkini qui fait rage et sur ce qui gravite autour. Je n’oublierai jamais ce sentiment indéfinissable proche de l’étroitesse qui m’avait tordu les tripes durant les débuts de mon installation en France. Plus particulièrement à Paris. Dans mon baluchon, en plus de la double nationalité franco-libanaise, un ramassis de clichés plein la tête me tenant lieu de « connaissance ». Après avoir longuement roulé ma bosse, j’ai vite pris conscience de l’incommensurabilité de mon ignorance de la France et des Français. Un camouflet et pas des moindres !
Normal quand on n’a pas connu le terrain et qu’on vient d’un pays paraphrénique comme le Liban qui se prend pour un empire ou presque malgré ses 10700 km2 et malgré son Histoire faite surtout de vassalité de tous bords. D’ailleurs parmi le « précieux gratin local », certains ont élu domicile principal ou secondaire dans des quartiers huppés de Paris ou d’ailleurs. Malgré leur incessant va et vient dans la ville Lumière, leur logiciel mental ne semble pas avoir pris une seule ride. Ce qui laisse supposer que ladite élite doit cautionner dur comme fer le formatage de base reçu, sans éprouver l’envie ou le besoin de le soumettre à une quelconque radioscopie, sinon précoce du moins tardive, au point de le préserver, de le transmettre intact. La propension exacerbée à la critique extérieure doublée d’un déficit patent de celle à l’autocritique y est sans doute pour quelque chose dans cette psychorigidité. Du coup tout le monde ou presque, il se croit au summum et, n’ayant rien à amender va jusqu’à s’ériger en référence, ce n’est qu’euphémisme…
Se faire si sourds, si aveugles jusqu’à ne rien vouloir entendre, ni rien voir, de tout ce qui pourrait recadrer comme par exemple toutes ces unités de mesure endogènes exogènes qui dans certains cas n’ont de commun que le nom. Si les voyages n’ont pas réussi à entamer un tant soit peu leur suffisance, ils ont toutefois le « grand mérite » d’avoir influencé leur forme. Le vocabulaire du Libanais est synonyme de patchwork où se juxtaposent des bribes de français, d’anglais et d’arabe…pardon de libanais. Et parmi les innombrables et heureux bénéficiaires de la science infuse, frenchies jusqu’au bout des ongles, qui s’imaginent notamment connaître Paris et les Parisiens comme leur poche, certains se sont affublés du béret. Ils sont les premiers, toutes confessions confondues, à pousser des cris d’orfraie devant le port du burkini.
Un accoutrement que je trouve pour ma part plus encombrant qu’autre chose quand on veut profiter du ciel, du soleil, de la mer, des vagues, du sable chaud mais les goûts et les couleurs ne se discutent malheureusement pas…. Mais un converti au port du béret peut être pourvoyeur d’une idéologie toxique pour son pays d’accueil et une porteuse de burkini peut aimer éperdument cette France que la Nature a faite belle et que l’Histoire a faite grande ! Pas besoin de béret ou de burkini pour évaluer le « taux » de francisation encore moins celui de la piété. Fadaises…L’habit n’a jamais fait le moine.
S’il s’agit à travers cette exhibition religieuse, comme on veut nous le faire croire d’une provocation politique, la méthode peu ragoûtante ne risque pas de faire des émules, me semble-t-il. A moins que ce ramdam monté de toutes pièces ne soit là que pour « nous enfumer » un peu plus avec le coup d’envoi de la présidentielle.
Une chose est sûre, ce n’est pas à coups de lois, de changement de Constitution, qu’on mettra au pas une frange de la société comme le répète Sarkozy à qui veut l’entendre. Vouloir décommunautariser en employant la force sans le respect est un peu condamnable. Et verser dans le respect sans un peu de recadrage dans un espace public où les esprits ont été chauffés à blanc, une option qui n’augure rien de bon. N’empêche que dans ce monde où affinités et incompatibilités ont toujours existé, ce feuilleton a tout d’un combat contre des moulins à vent .. .