L’histoire nous apprend que la chute d’un régime politique peut bien partir d’un simple fait parfois très banal, l’ancien président Tunisien Ben Ali en sait quelque chose.
En février dernier dans la ville de Koudougou, un jeune élève burkinabè a perdu la vie dans des circonstances troubles. Et sans hésiter, les populations ont attribué la responsabilité de ce décès aux forces de l’ordre.
S’en sont alors suivies des manifestations dans les rues de cette ville du Centre-Ouest du pays. Puis, la contagion a vite gagné tout le Burkina-Faso. Un malheur ne venant jamais seul, les militaires ont immédiatement emboité le pas aux civils en organisant eux – aussi une série de manifestations, pour réclamer un meilleur traitement. C’est ainsi que des mutineries ont éclaté dans différents camps militaires du pays ;
au point de pousser à un moment le président Blaise Compaoré au pouvoir depuis 1987 à fuir son palais de Ouagadougou pour aller se réfugier dans sa ville natale. Après plusieurs médiations, certaines résolutions ont été prises ; cependant, les militaires semblent dans leur immense majorité ne pas être d’accord avec tout cela. La semaine dernière, il a fallu dépêcher des troupes spéciales de Ouaga, pour aller mâter une autre mutinerie dans un autre camp militaire en arrière pays. Toutes choses qui nous invitent à croire que jusqu’ici rien n’est fait ! Aussi, depuis quelques jours, les fonctionnaires de plusieurs départements ministériels du pays manifestent quotidiennement pour réclamer eux – aussi un meilleur traitement.
Pour de nombreux observateurs avertis, il est temps pour le président Blaise Compaoré de saisir le message que tente en vain de lui lancer son peuple qui semble fatigué de ses 24 années passées au pouvoir ; surtout quand l’on sait que l’homme fort de Ouaga est déterminé à modifier la loi fondamentale en 2015, pour une fois de plus briguer un autre quinquennat.
Arrivé au pouvoir en 1987 à la faveur du mouvement dit de la « rectification », Blaise Compaoré n’a été « démocratiquement » élu à la tête du Burkina qu’en 1991 ; avant par la suite d’être « réélu » en 1998, 2005 et tout récemment en 2010.
Inspiré certainement des exemples de plusieurs de ses pairs d’Afrique francophone (Paul Biya, Idriss Deby, …), le président Compaoré entend lui aussi faire sauter le « verrou » de la limitation des mandats présidentiels, afin de se représenter en 2015. Egalement, pour tenter de crédibiliser son initiative purement « égoïste », le parti du président Burkinabè parle des reformes politiques qui iront jusqu’à la mise sur pied du SENAT. C’est ainsi que depuis quelques mois, tout un département ministériel a été crée à cet effet. Le président Compaoré a crée tout récemment le ministère des reformes politiques chargé de traduire dans les faits ses désirs.
Immédiatement, la classe politique burkinabè a très fermement condamné cela. D’ailleurs, à ce jour ce département ministériel est appelé au pays « ministère de l’article 37 » du nom de l’article de la constitution que veut modifier le président Compaoré.
Dans un environnement africain où le peuple est décidé à prendre son avenir en main, il devient très sage pour chaque leader d’éviter le ridicule. Vivement que le pouvoir burkinabè accède aux aspirations légitime du peuple.