Dans les rues, pas un chat. Pas un chien dans le caniveau. Pas un seul bipède sur les trottoirs. Juste un parapluie abandonné. Les baleines n’ont pas résisté au vent mauvais de mai et se noient dans un flaque-lac.

Mais où sommes-nous tous ? Nous bullons. Sans doute. Nous attendons l’embellie dans notre bulle protectrice. Ah, comme c’est bien de n’être obligé de rien. De profiter simplement du plaisir d’être au chaud et au sec. Le temps passe, le temps pleut. Cela nous importe peu.

Nous lisons des B.D, et les bulles dessinées s’échappent des pages reliées… Elles courent dans le vestibule jusqu’à notre chat qui, réveillé, se met à déambuler…

Buller, c’est léger ! C’est laisser pendre les bras, garder la main, croiser les doigts pour que ça dure.

Buller, c’est le pied. Les orteils en éventail, éventuellement. Le chauffage en marche, sûrement.

Nous allons fêter  cet instant planant. Des bulles nous font signe, et nous invite à les boire. Petites bulles de Champagne. Petites bulles dans le soir, qui gagne. La lumière est avare, mais le geste généreux…

Nos yeux pétillent et nous actionnons nos mandibules en un sourire empreint de béatitude… Le chat joue au funambule. Nos idées se bousculent. Nous affabulons. Au diable le ridicule.

Confortables, dans notre bulle, nous savourons le crépuscule.

Notre bulle se fait repère de noctambules. Puis l’aube nous attrape, en douce…    

L’eau coule sur la blanche faïence. Chaudes gouttes qui réveillent nos sens.  La douche est une ondée bienveillante. Le savon glisse. Nous soufflons sur la mousse qui vole en faisant des bulles. Nous flottons sur les bulles. Les bulles roses et bleues d’un matin qui s’invite.

Bulles de B.D. Bulles de savon. Bulles de Champagne. Héroïnes d’un moment donné. D’un instant reposé. Que des bulles superposées qui nous retiennent loin de ces gouttelettes d’averses noires. De ces petites bulles de trottoir, toutes sales.