Pour que ce ne soit pas tout à fait un papier de copinage distancié (copain, sous l’uniforme, tu restes un journaliste), je vais traiter la toute prochaine parution aux éditions Indigène du livre de Brigitte Brami, La Prison ruinée, sous l’angle technique du photomontage.

 

Las. Je viens de recevoir le texte (une quarantaine de pages) de La Prison ruinée, une sorte de « à la manière de… » Jean Genet, dont l’auteure est Brigitte Brami, pour les éditions Indigène. Brigitte Brami s’insère entre Stéphen Hessel, Karl Marx, et Élisée Reclus, Tolstoï, Wichmann… dans le calendrier de parution des éditions Indigène. Excusez-là du peu. Cela étant, ce soir, je suis cossard, et j’ai la flemme, même celle de lire une quarantaine de pages. Je le ferai, et avec l’acerbe perspicacité du chroniqueur littéraire que je fus, je présenterai cette Prison ruinée. Genre info-conso, pour l’instant, je signale, et ce n’est pas libre de toute publicité, que le bouquin, dispo le 24 février prochain, est déjà obtensible en pré-commande, un poil moins cher (le prix de vente devrait être de 3 euros), sur Amazon ou le site de la Fnac.

Hors donc, il se trouve que, avec l’accord des auteures, Brigitte Brami m’avait confié des visuels. Celui de Brigitte Sy, une réalisatrice à l’occasion photographe, celui de Sandre, un(e) artiste ou plasticien(ne) ou je ne sais trop quoi, qui a bien du talent, et que je présume être adepte de la camera obscura, mais en couleurs (quelques millions).

Comme j’ai un poil dans la main, je ne vous signale même pas le site des éditions Indigène, où la quatrième de couverture due à l’éditrice, Sylvie Crossman, doit être, à mon sens, déjà consultable. Non, revenons au graphisme.

Pour une fois, surtout si je finis par l’avoir gratos, je ne trouve pas qu’Adobe Photoshop CS5 (en fait la v. 12 de To’shop) soit de l’escroquerie caractérisée. Il y a de réellement utiles innovations, ce qui n’était pas le cas de tant de nouvelles ou d’intermédiaires versions de Photoshop. Feignant comme je suis ce soir, je n’irais pas déterminer si c’est Adobe Photoshop ou Corel Painter qui a été employé pour réaliser la première de couverture de ce, a priori sympathique, petit bouquin. Alors vous pensez bien que je ne vais décrypter toutes les étapes du photomontage.

Mais, en gros, au pifomètre, cela doit correspondre à cela : Sy détoure son portrait de Brigitte Brami, le positionne intelligemment sur l’arrière-plan de Sandre, et cela donne un visuel que même Hélène Hubert, photographe et illustratice (retenez bien ce nom), spécialiste des couvertures de livres, ne devrait pas trop éreinter (litote, si Hélène lit ces lignes, elle me démentira ou non).

Ma culture visuelle doit beaucoup plus à Hélène Hubert, et au regretté Côme Jacquier, qu’à la fréquentation assidue de tous les artistes numériques que j’ai publié dans Pixel ou Création numérique. Question d’empathie. Enfin, j’estime. Ce qui fait, peut-être, que j’aime bien le terne du colibri qui va picorer peut-être dans la raie (de chevelure) de Brigitte Brami. En revanche, si c’est l’application rudimentaire d’un filtre Photoshop qui a estompé la commissure des lèvres de Brigitte Brami, j’ose avancer qu’un traitement plus évolué sous Corel Painter fusse mieux indiqué. Et perso, je me serais sans doute débarrassé des trois traits blancs du col. Peut-être en décalant vers le bas (plus un effet de flou au « doigt » trempé dans la confiture, les initiés comprendront). J’aurais aussi accentué le contour du menton. Je ne sais pas trop comment je m’y serais pris. Autre truc, qui vise méchamment l’infographiste d’Indigène, le parangonnage (on dit bien comme cela ?) du mot « éditions » me semble une facilité (que je ne redoute absolument pas) qui pouvait être évitée en choisissant une toute autre police. Mais, là, pour l’établir, il me faudrait quelques heures d’essais et d’erreurs, de tentatives. On croit que les graphistes sont des faiseurs ; en fait, il s’agit de tâcherons, parfois doués (ce n’est pas diriment), qui sont moins rétribués au tarif horaire qu’un laveur de pare-brise en station service ou à la sauvage, mais c’est quand même un assez joli métier, et à tout prendre, en bon cossard, je préférerais laver des vitres.

Histoire de ne pas causer que graphisme, je signale que le titre est tiré du Captif amoureux, de Genet. Je pointe de même que Brigitte Brami fut une captive amoureuse (et peut-être l’est-elle encore resté). Peut-être de Marie-Thérèse Batteur, décédée en septembre 2008, d’une dénommée Morin († nov. 2008), et peut-être, en projection d’une dame Pearlyva Milan (depuis juin 2010, car je ne veux penser qu’il s’agisse de sa date de naissance). Pour quand même établir que j’ai survolé le début du fascicule, je relève qu’il s’ouvre sur une quille sororale qui aurait pu rimer avec vanille. Mais n’anticipons pas. N’empêche, puisque nous anglons sur le visuel, la technique, ce mélange de citations en romain et en italiques est du plus pire effet. Mais je m’égare. Sonia A. est-elle un si bon coup ? Vous le saurez en lisant, plus tard, la suite…

Zut, je m’égare encore.

Quel est donc le patronyme du critique pictural de l’hebdomadaire Elle ? Olbak ? Totor ? Je l’avais entendu improviser sur la typographie en 1998 (approx.) à Lyon (là, certain). Remarquez que la graphie du titre, LA PRISON RUINÉE (merci d’avoir accentué la capitale), n’est pas ombré. Ou alors, très, très subtilement. Aurait-on gagné à mettre au fer (à d., à g.) le nom de l’auteur en rapport avec « LA PRISON » ? Non, pas avec le décroché de la N (sans F, bon, désolé, je n’ai pas pu m’en empêcher) qui dépasse l’arête de la muraille. Quoique… Cela se discute. Qu’en dirait Olbak ? Allez savoir, l’art déco utilitaire contemporain n’est pas vraiment (déjà ?) son truc.

Tout autre chose m’intrigue.
Sandre ou Sandré ?
Cherchez, vous trouverez nombre de peintres (et peintresses, si j’ose) de ce nom.
En patronyme et prénom.
J’ai déniché sur le Ouaibe une Sandre Wambeke, qui expose assez fréquemment au Kibélé (avec le patron duquel j’entretiens des relations de bon voisinage), membre de l’association Portes d’Or.
Celles du pénitencier ?

Si j’ai tapé à côté de la plaque, tant pis. En cherchant bien, j’ai trouvé un autre visuel, attribué à Mustapha Boutadjine, qui doit être une interprétation picturale (numérique ou non), de Jean Genet. Je ne sais si Sy (ouh, ouh, le hiatus) avait en mémoire le regard de Genet lorsqu’elle a tapé la plaque de (ou à ?) Brami. Bah, on peut le rêver. Il y a des soirs comme cette vesprée ou le plus flemmard se laisse entraîner au-delà de sa cagnardise. Mais point trop n’en faut. Brisons là. Jusqu’à la prochaine…