Le président burkinabè s’est forgé depuis quelques années sur le continent africain une réputation de « médiateur incontournable » d’une efficacité inégalable. Du Togo au Mali en passant par la Guinée et surtout la Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré a su à chaque fois qu’il est sollicité trouver la solution miracle pour résoudre des cas parfois désespérés.

En 2010, alors que la Guinée basculait totalement dans l’anarchie avec un Moussa Dadis Camara et ses compagnons quasi-analphabètes mais « ambitieux », l’homme fort de Ouagadougou a été le seul leader africain à pouvoir trouver une solution consensuelle qui découlera le 27 juin 2010 sur le premier tour d’une élection présidentielle certes par parfaite, mais démocratique. Un pari qui sera également relevé en Côte d’Ivoire ; bien que dans la douleur.

En fin de semaine dernière, la communauté internationale a été très émerveillée d’apprendre qu’une délégation du mouvement islamiste – jusqu’ici très hostile à la moindre négociation – s’est rendue dans la capitale Burkinabè,  pour discuter avec les autorités de ce pays de la crise que traverse le Nord Mali depuis le mois de Janvier dernier. Et, aux dernières nouvelles, Ansar Dine se serait dit prêt à prendre ses distances avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), et surtout d’arrêter de terroriser les populations de Kidal.

A la mort du président Etienne Eyadema Gnassingbé en 2005, la classe politique togolaise se divise, et le pays se trouve confronter à une grave crise institutionnelle. La médiation du président Compaoré se révélera là encore indispensable. Des négociations menées à Lomé et à Ouagadougou, aboutissent à la signature le 20 août 2006 d’un accord politique global qui permet l’organisation d’élections législatives en octobre 2007.

Cependant, malgré ses différentes prouesses, de nombreux observateurs refusent de voir en Compaoré un messie africain. Car pour eux, le président burkinabè ne serait qu’un sapeur pompier qui s’amuse à causer lui-même des incendies qu’il éteint ensuite facilement, pour donner l’impression d’en être le plus efficace. Une thèse qui semble fondée, dans la mesure où l’on sait que ce pays sahélien et très pauvre a toujours joué un rôle plus ou moins visible dans l’éclatement des conflits en Afrique de l’ouest. Le cas de la côte d’Ivoire dont le Burkina était la base arrière des rebelles des « Forces Nouvelles » en est la preuve par 9.

Bien que militaire de formation et arrivé au pouvoir par un coup d’Etat sanglant, le doyen des chefs d’Etats ouest-africain serait donc devenu dans sa sous-région l’alpha et l’oméga de tout conflit majeur. Dès lors, l’on se demande ce que gagne monsieur Compaoré en se livrant à ce jeu extrêmement délicat ?