Les forces de sécurité birmanes soutenues par les moines bouddhistes ont « commis des crimes contre l’humanité » dans une campagne de nettoyage ethnique qui a déplacé plus de 125.000 Rohingyas musulmans dans le sud-ouest du pays, a indiqué un nouveau rapport de Human Rights Watch (HRW).

Le rapport intervient alors que l’Union européenne doit se réunir cette semaine pour décider s’il y a lieu de lever les sanctions sur le pays d’Asie du Sud-Est.

Les Rohingyas sont une minorité apatride musulmane vivant dans l’ État d’Arakan et estimés à un nombre entre 800.000 et un million de personnes. Ils prétendent qu’ils ont été persécutés par l’armée de Birmanie au cours de ses décennies de régime autoritaire.

Cependant, les Rohingyas sont perçus par les quelques trois millions de bouddhistes voisins comme des intrus.

Le groupe de défense a interrogé plus de 100 personnes sur les deux côtés du conflit suite à la violence sectaire dans l’État d’Arakan en 2012 où plus de 180 personnes ont été tuées, et a conclu que la violence avait été tacitement approuvée par le gouvernement birman et ses forces de sécurité.

« L’absence de reddition de comptes contre ceux qui doivent être blâmés donne de la crédibilité aux allégations selon lesquelles il s’agissait d’une campagne de nettoyage ethnique par le gouvernement, dans laquelle des crimes contre l’humanité ont été commis », indique le rapport.

Des témoins ont décrit comment les forces de sécurité se tenaient unis avec les arakanais armés de machettes, de sabres, pistolets faits maison, et les cocktails Molotov, alors qu’ils descendaient aux villages dans ce qui semblait être une série coordonnée d’attaques contre un vaste territoire de l’Etat.

Human Rights Watch a expliqué que l’imagerie satellite a montré que 5 des 13 cantons ont été attaqués depuis juin et que le bilan de destruction a atteint 4.862 structures sur 1.408 m2 de terrain à majorité musulmane, appartenant à la propriété résidentielle.

Le pire incident a eu lieu dans un village le 23 Octobre 2012, où des témoins ont dit au groupe comment les forces de sécurité ont aidé les foules locales en désarmant les Rohingyas des armes primitives qu’ils portaient pour se défendre.

Lors de l’attaque d’une journée où au moins 70 Rohingyas ont été tués y compris 28 enfants dont 13 âgés de moins de cinq ans.

« D’abord, les soldats nous ont ordonné de ne rien faire et qu’ils allaient nous protéger et nous sauver, donc nous leur avons fait confiance », a raconté un survivant Rohingya âgé de 25 ans à HRW. « Plus tard, ils n’ont pas tenu leur parole. Le rythme des arakanais a augmenté et ils nous ont tué très facilement. La sécurité n’a pas été équitable entre nous deux ».