A Lyon, Gérard Collomb tend la main aux centristes, à Lille, Martine Aubry forme une alliance avec le MoDem, à Marseille, la liste démocrate fusionne avec la liste PS de Monsieur Guérini.
Et à Paris ? A Paris, il y a Bertrand Delanoë, le socialiste le moins moderne de France…
A Paris, il y a un homme qui a trompé les électeurs modérés de la Capitale, et escompte recommencer une semaine plus tard avec un nouveau marché de dupes …
A Paris, il y a une femme de bonne volonté qui a cru avoir affaire à un leader politique moderne. Le problème, c'est qu'en face, il y a un individu fondamentalement sectaire, qui aspire à cumuler sans partage tous les pouvoirs, et qui a défaut d'être ouvert, est en revanche un fin tacticien.
Il y a des points communs entre Paris, d'un côté, Lille, Marseille et Lyon : ce sont des grandes villes.
Il y aura en revanche une différence entre Paris et les trois autres villes citées : Paris n'aura pas un dirigeant moderne. Partout ailleurs, leaders de droite, comme leaders de gauche ont proposé au MoDem de participer à la majorité municipale.
Paris aura une spécificité : le troisième mouvement politique de la ville, avec près de 10% des voix, aura sans doute, au mieux, un élu sur 200 au conseil de Paris.
Paris aura bientôt d'autres particularités : des tours de 120 à 130 mètres , puisque son maire, probablement renouvelé, y est favorable et dispose d'une majorité absolue. Mais bon, tout le monde n'est évidemment pas d'accord avec ce projet…
Paris sera églament une des rares villes où le budget des associations excède nettement celui de la vie économique (275 millions d'euros contre 230 millions).
Paris est et restera également une ville où les familles auront du mal à vivre : outre le prix de l'immobilier, les créations de crèches ne pourront suivre la natalité. En revanche, les allocations pour la petite enfance ont été réduites et elles le seront sans doute encore.
Paris deviendra aussi une ville où l'on construira des immeubles au milieu des rares espaces verts .
Paris est et restera un endroit où l'on décide de travaux de voiries ou des aménagements sans consulter les riverains. La démocratie locale ? Pour quoi faire quand on dispose déjà de tous les pouvoirs ?
Paris, c'est une ville où l'on préférera toujours municipaliser à outrance et la coercition plutôt que de faire confiance aux individus et au tissu associatif (sauf quand ce dernier est à la botte du maire ou observe une neutralité aussi respectueuse que bienveillante).
Objectivement, est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux voter pour des candidats ouverts et sans tabous à Paris ?
Qui sait, on peut rêver qu'un jour Paris devienne une démocratie …
Modernité…
L’emploi actuel de la notion de modernité me fait hurler de rire.
Au lieu de vous cacher derrière un mot aussi fourre-tout, soyez courageux, dites : « de droite ».
Qu’est-ce que le MoDem a à voir avec la modernité, lui qui pratique partout toutes les vieilles recettes politiciennes : le parachutage, l’opportunisme et surtout l’alliance systématique avec le plus fort dans toutes les élections, sans soucis pour le fond.
Bertrand Delanoë, qui est un homme profondément moderne, sans être de droite (oui, c’est possible), a ouvert la porte à une alliance avec le MoDem avec UNE SEULE condition : que les choses soient claires avant le premier tour afin que les électeurs soient respectés et que rien ne se fasse dans leur dos. Le MoDem, ne s’est pas prononcé clairement avant le premier tour, tant pis pour lui.
Problématique pour l’avenir
Delanoë pourrait arguer que le MODEM n’est rien ou presque…
Mais c’est une erreur. A la place de MODEM, on pourrait aussi bien écrire « centre » Il peut renaître de ses cendres. Je suis convaincu qu’il le fera, tôt ou tard.
L’erreur de Delanoë n’est pas tant dans sa conquête de la mairie de Paris, il savait qu’il avait les atouts pour gagner, sans le MODEM. Le problème est dans la perpective plus lointaine de 2012. Ce camouflet à Marielle De Sarnez et aux siens, sabote la perspective d’une future alliance avec le centre (dont personne ne peut prévoir l’importance en 2012) Or, au premier tour de la présidentielle, la droite et le centre totalisaient les deux tiers des suffrages !!
C’est très probablement la raison de la persistance de Ségolène Royal à tendre la main au centre.
Toutefois, il est possible que 2012 ne figure pas dans les ambitions de Delanoë. Il me paraît trop adroit pour ne pas avoir réalisé ce bug.
Quoi qu’il en soit, le PS gagnerait à définir une stratégie pour 2012, déjà maintenant. Car cette discorde entre PS et centre parisien va laisser des rancoeurs au centre qui pourraient devenir nuisibles au mauvais moment. C’était évitable.
Conséquences
Cela laissera en effet des traces. Voyez d’ores et déjà les conséquences au second tour.