BERNARDO BERTOLUCCI

Le réalisateur italien imprègne souvent la pellicule d’une certain idéal de gauche, comme l’atteste certaines de ses œuvres tels « le conformiste », « Partner » ou encore « la stratégie de l’araignée ».

Un cinéaste à découvrir (ou redécouvrir), de films majeurs à un cinéma plus intimiste.  Scénariste de talent, orfèvre de la caméra, Bertolucci est un virtuose du septième art.  Un portrait en trois tableaux. J’ai choisi pour illustrer cet article trois œuvres majeures du cinéaste italien.

-Le dernier tango à Paris.

-1900 (Novecento).

-Le dernier empereur.

J’aurai pu inclure des films tels « la luna », Jill Clayburgh en diva, les orchestrations de Giuseppe Verdi sur le thème des relations incestueuses, « la tragédie d’un homme ridicule », fable pessimiste ou Ugo Tognazzi atteint les sommets, ce qui lui vaut d’ailleurs le prix d’interprétation au festival de Cannes…. 

Le dernier tango à Paris.

 Le film a fait couler beaucoup d’encre lors de sa sortie en salle. Sulfureux, provocant, dérangeant…

Une œuvre âpre et destructive. Un rôle à la démesure du talent de Marlon Brando, qui dégage une puissance, un magnétisme, un charisme rarement atteint dans une œuvre cinématographique. L’échec de la dernière danse, un dernier tango ou le héros viril, rongé par l’alcool et la folie, perd les sens des pas et du rythme.

Bertolucci crée une atmosphère intimiste autour du couple Brando/ Maria Schneider, qui en dégage une sincérité troublante. Jamais Marlon Brando ne m’avait autant impressionné, à m’en donner le vertige, tant il est suffocant dans son rôle d’homme abject mais si fragile.

Ce n’est pas réellement un film érotique, je le ressens comme un film sur l’amour, le vrai, le non conventionnel : beau, sombre, profond. Brando se met à nu, nous montre son cœur brisé. La lumière est souvent très belle, jeux d’ombres, tamisée…elle s’accorde aux âmes des personnages. Du long monologue de Marlon Brando j’en garde encore des frissons, un grand moment de cinéma. Bernardo Bertolucci signe une œuvre dérangeante mais cruelle et déchirée. Un extrait :  {youtube}Z3uI08WUbH0&feature=related{/youtube}  1900 (novecento).

Sans doute le film ou Bernardo Bertolucci parle directement de ses propres convictions via l’histoire d’Italie de la première partie du XXème siècle, magnifié par les sublimes partitions d’Ennio Morricone. Une fresque foisonnante qui en devient sociale et politique, en découvrant la lutte entre les paysans et les propriétaires terriens féodaux dans un contexte historique ou aussi bien sur le plan national que local, la montée et la chute du fascisme, ainsi que l’émergence du communisme.

Bertolucci nous plonge dans une réalité terrifiante. Le réalisateur n’est pas tendre avec son pays natal (réalité d’un autre côté) et s’attarde vraiment à mettre de plus en plus mal à l’aise le spectateur à donner des sueurs froides.

Le casting ne s’arrête pas à Robert de Niro, Gérard Depardieu ou Burt Lancaster et Dominique Sanda, il y a Donald Sutherland, dans le film Atila le régisseur, campant un psychopathe des chemises noires. La fin de la première époque est terrifiante. Atila place un coup de tête sur un pauvre chat, le sang dégoulinant sur lui gueulant à tout va, infecte séquence ou l’on devine déjà qu’Atila ne s’arrêtera pas là. Bien évidemment la seconde période  est la pire.

Finalement, au-delà de l’idéologie, c’est peut-être la force éternelle de la terre et des hommes, qui l’ont connue, qui sert de fil conducteur jusqu’à la fin des personnages que l’on aime au-delà des différences et des préjugés. Un extrait :  {youtube}d5HX96Ma_I4&feature=related{/youtube}  Le dernier empereur.

Bernardo Bertolucci parvient avec bonheur, à rendre passionnant un genre réputé difficile à adapter, j’ai nommé le biopic. Une fresque grandiose sur la fin d’une époque où se heurtent modernités et traditions ancestrales, les bouleversements politiques et culturels de la Chine du XXème siècle.

Bertolucci a-t-il voulu faire un clin d’œil aux films épiques de David Lean, par le choix de l’excellent Peter O Toole, peut-être. Par contre on peut affirmer que le réalisateur italien a rendu hommage à Oshima, par l’intermédiaire du compositeur japonais Ryuichi Sakamato (la sublime musique de Furyo, l’affrontement avec David Bowie…).

 Le trajet existentiel d’un personnage historique, à la fois fascinant et complexe, une dimension esthétique raffinée desservie par un traitement remarquable de l’image et du son. La vie extraordinaire de Pu Yi se déroule sur près de soixante ans, avec une série de faits et de circonstances historiques plus inouïes les uns que les autres. D’un statut d’empereur à l’âge de trois ans à une fin dans un rôle de jardinier, dans sa « Cité Interdite », et une mort dans une quasi-indifférence.

Là ou 1900 n’avait recueilli aucun laurier du fait de sa violence extrême et de quelques scènes de sexe, le dernier empereur rafla la bagatelle de neuf oscars. Un extrait de ce film flamboyant :

 {youtube}1r2a0WsBjSc&feature=related{/youtube}