Quand on n’est pas en pleine possession de ses moyens, il n’est pas très aisé de capter que le coeur du "message de ces salopards de Daech n’est rien d’autre que le nihilisme définitif" comme le dit si joliment BHL.  Sinon certains Français ne se bousculeraient pas ainsi au portillon d’Abou Bakr al Baghdadi ! Un phénomène de cette ampleur est inéradicable sans au préalable un passage au scanner, notamment par des philosophes. Quitte à se faire passer à tort pour un défenseur de la culture de l’excuse par la bien pensance Charlie devenue omnisciente, omnipotente. 

D’ailleurs tous ceux qui s’y sont essayés s’y sont cassés les dents ! On a même vu le Premier ministre faire une gracieuse virevolte. Comment se fait-il donc que BHL soit atteint d’une telle rigidité mentale par rapport à ce sujet, lui qui se vante de ne pas appartenir à cette communauté qui croit béatement mais plutôt à celle qui a pour mot d’ordre d’étudier laborieusement les textes sacrés avant que Dieu ne trouve grâce à ses yeux ? Pourquoi donc faire l’économie de cette méthodologie  et s’en prendre à ceux qui la pratiquent ? 

Michel Onfray  a tenté d’expliquer les raisons de ce fléau par un rapport de causalité entre les tragiques modèles d’identification de la jeunesse (Cyril Hanouna), et  la prise de kalachnikov par les fous de Daech.( Lily Rose, icône des ados, bi de 12 ans, aurait pu aussi être citée, elle qui fait la fierté de ses parents, soit dit en passant).  

Ces illuminés ne se jetteraient pas dans la gueule du loup si des prédicateurs de haine ne leur avaient pas vendu un rêve bien ficelé. Selon  Pierre Birnbaum, ces jeunes qui traversent la frontière entre la Turquie et la Syrie seraient bien animés par un idéal, un goût de solidarité ; ils seraient même convaincus de participer à un combat décisif qui engagerait le destin de l’humanité. Tout comme ces volontaires français qui avaient traversé les Pyrénées pour prêter main forte aux Brigades internationales en Espagne.  

BHL  tacle ses pairs en bloc, tronquant presque leur propos comme si l’exégèse de ce mal était en soi un sacrilège : rafale de citations,  rafale de "compliments" :"faiblesses de leurs analyses, cibles imaginaires, vieilles lunes du gauchisme le plus éculé"! 

 "Cibles imaginaires, faiblesses d’analyses" a t-il dit ? Des compliments qu’on pourrait  lui retourner sans scrupules pour sa prestation du samedi soir sur le plateau de Laurent Ruquier. Affublé de son décolleté immaculé, le dandy au regard de braise encore plus flamboyant que Benjamin Israël nous a lancé son "j’accuse"! Tout y est passé, le scandale du sang contaminé, l’affaire du Sofitel, la France qui sacre le juif pour l’abattre. La honte. Flottait comme une odeur de "haines rances", pour le coup ! 

Comme l’a fait remarquer Léa Salamé, toute montée de l’antisémitisme ne peut qu’être déplorée mais à crier sur tous les toits que l’antisémitisme est devenue une religion planétaire, le philosophe ne fait que desservir le combat qui est le sien ! A écouter, à observer, à lire les articles de BHL, il y a matière pour se convaincre que c’est un véritable enfumeur. Prêt à tout pour apporter sa contribution au projet dantesque auquel on assiste impuissant. Même à se prendre pour Jonas sans rougir, "faire le mal tout en nous faisant croire qu’il fait le bien"… 

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