Les membres du gouvernement de Berlin, en Allemagne, se sont engagés vendredi à adopter une loi pour protéger la circoncision rituelle des jeunes garçons, en cherchant à calmer un débat houleux qui a éclaté depuis qu’un tribunal allemand a jugé que la pratique mène à des lésions corporelles illégales. Les juifs du pays, ainsi que les musulmans, ont alors demandé leur droit religieux commun.

La décision du tribunal de Cologne a depuis déclenché une vague de critiques de la part des groupes juifs et musulmans en Allemagne et à l’étranger. Le débat a commencé avec une résonance particulière dans un pays encore sensible à des accusations d’intolérance religieuse à la suite des atrocités nazis commises contre les Juifs pendant le Troisième Reich. Lors d’une réunion d’urgence de la Conférence des rabbins européens à Berlin, son président a qualifié la décision du tribunal comme « la pire attaque sur la vie juive depuis l’Holocauste ».

« Si l’Allemagne continue à prendre de telles décisions, il n’y aurait pas d’avenir pour la plupart de la communauté juive dans le pays », s’est indigné le rabbin, président de l’organisme.

Ce vendredi, le gouvernement a cherché à apaiser le tumulte et lever l’incertitude juridique qu’a déclenché la décision du tribunal. « Pour tout les membres du gouvernement, c’est tout à fait clair. Nous voulons que les juifs et les musulmans mènent une vie harmonieuse en Allemagne », a affirmé le porte-parole de la chancelière Angela Merkel. « Les circoncisions effectuées d’une manière responsable doivent être possibles et sans châtiment dans ce pays ».

L’Allemagne abrite environ quatre millions de musulmans, dont beaucoup d’entre eux sont originaires de la Turquie, ainsi qu’une communauté d’environ 120.000 juifs, dont une partie qui s’est constamment reconstruite depuis qu’elle a été quasi-anéantie durant la Seconde Guerre mondiale. Alors que l’Allemagne a cherché à rétablir sa communauté naissante juive et répondre à ses préoccupations, elle a lutté, comme de nombreux pays européens, à intégrer sa population musulmane grandissante.

Le 26 juin, la décision du tribunal a découlé de l’affaire d’un petit garçon musulman de quatre ans, qui avait été circoncis par un médecin à la demande de ses parents. Après des complications, le garçon a été transporté à l’hôpital, les procureurs locaux ont pris conscience de l’affaire et ont pris des mesures juridiques contre le médecin.

L’association médicale Allemande a dit, plus tôt cette semaine, que la décision constitue un bourbier juridique pour les médecins et leur a conseillé de ne pas effectuer de telles opérations en raison des risques de poursuite. La décision du tribunal « n’est pas d’interdire les droits religieux », a-t-elle dit. « Il s’agit de retarder un acte religieux afin de s’assurer que les droits des enfants sont également protégés ».

Son président a averti que la décision du tribunal pourrait également menacer la santé des enfants. Un hôpital juif de Berlin a déjà cessé d’exercer les opérations de circoncision religieuse depuis la décision du tribunal de Cologne. L’année dernière, environ 300 opérations de circoncision ont été faites pour les garçons musulmans et juifs.

« Il est maintenant risqué que les laïcs mettent la procédure en œuvre, et conduire à des complications considérables de la part des mauvaises conditions d’hygiène », a dit un médecin.