J’hésitais à  classer François Bayrou dans la rubrique « people », mais la définition de ce mot, trouvée sur Google.com, que voici : « un personnage public ou une célébrité est une personne largement reconnue ou fameuse qui attire sur elle l’attention du public et des médias. Le mot vient de l’adjectif latin celébrer qui signifie nombreux, fameux, illustre ou qui est célébré », m’encourage à le faire.

Jusqu’à peu de temps, je l’aurais laissé sans hésiter dans la catégorie « politique ». Il était encore député et candidat à la présidence de la République. Quand il parlait, il prenait de la hauteur et parfois, il voulait nous faire croire qu’il était le seul à voir la vérité, la situation dans laquelle la France se trouvait… Très endettée, dans l’impossibilité de faire autre chose que des économies ! Peu de Français l’ont entendu. Maintenant, il rentre dans une sorte de retraite en attendant que les choses se passent … Peut-être pour revenir plus tard et repartir dans un discours du genre : « voyez que  j’avais raison, je propose d’aider le gouvernement », etc.., etc.. Il aura beaucoup d’efforts à faire pour sortir de la rubrique « people » et revenir dans la politique !

 

 

(capture d’écran sur closermag.fr – voféo Europe 1/ Dailymotion – rvue de "presque" de Nicolas Canteloup)

 

Le 17 juin au soir, François Bayrou ne pouvait que reconnaître sa défaite aux législatives, ce qu’il a fait rapidement ! Aussitôt, il a parlé de la suite pour lui, disant que cette défaite « allait l’entraîner à changer la forme de (son) engagement, à prendre le recul qui s’impose quand on n’a pas réussi, au moins momentanément, à convaincre les siens ». Il est persuadé que son électorat n’a pas compris sa décision à titre personnel de voter pour François Hollande au deuxième tour de la présidentielle et le lui a reproché en ne votant pas pour lui à la Présidentielle. Pourtant, tout le monde a bien vu que c’était parce qu’il se retrouvait dans « une triangulaire » qu’il n’avait aucune chance d’être réélu ! Et puis, un peu comme un prophète, il a eu ces mots : « contre ces adversaires qui ont cent visages, j’ai perdu et nous avons perdu une bataille, mais l’heure de vérité vient. La réalité va s’imposer désormais comme un juge de paix ». (Il nous promettrait presque d’être le sauveur !)

 

Hier, François Bayrou a décidé « de donner du temps au temps », comme lui aurait conseillé un sage devenu Président de la République ! Donc devant les 150 délégués du Conseil National de son parti, le Modem, il a tenté de tirer le bilan de ses défaites électorales et de  tracer des pistes pour l’avenir autour de lui… il va rester à la tête du parti tout en s’engageant dans une cure de silence ! Donc ce « people » va passer de la lumière à l’ombre ! Peut-être veut il se faire oublier tout simplement et quitter la scène publique ? Mais non. Ne vous y trompez pas ! Il n’a pas dit qu’il se retirait définitivement de la politique, comme l’avait fait Jospin au soir d’une grande défaite !

Selon le Nouvel Observateur, il aurait déclaré à ses militants : « cela fait au moins dix ans que je suis en première ligne de toutes les bagarres politiques et j’estime nécessaire de trouver une autre manière de m’exprimer qui touche davantage à l’essentiel qu’aux événements fugaces de la vie de tous les jours »… « C’est bien aussi de visiter le pays du silence ». Se pose alors une question : peut on faire de la politique sans être un people ? Certainement, puisque c’est le cas de la masse des militants de base de tous les partis ! Et encore une autre : peut-on être un politique de premier plan sans être un « people », c’est sans doute possible, mais à condition que cela ne dure pas trop longtemps ! Donc  « la retraite » que le leader du Modem s’impose  ne devrait pas durer une éternité sous peine de devenir « la retraite définitive » !

 

Mais je me demande encore ce que peut bien signifier « ce voyage au pays du silence ? » puisque notre people centriste précise qu’il parlera quand même, mais pas forcément sur les mêmes sujets qu’auparavant ! Il a pourtant expliqué : « dans les semaines et mois qui viennent, si j’interviens, ce sera sur ces grands sujets essentiels de la vie du pays. J’ai notamment l’intention de travailler sur l’horizon européen de la France ». On sait cependant, que pendant son absence (de l’actualité), il y aura les six vice-présidents du MoDem et le porte-parole Yann Werhling qui pourront s’exprimer… Si j’étais méchant, j’ajouterais « il faudra qu’ils aient quelque chose à dire » et le fait qu’ils n’aient pas un statut de « people » leur rendra sans doute l’accès aux micros plus difficile !

Mais ne croyez pas que François Bayrou va rester sans rien faire ! Il va se consacrer au travail des idées et va pour cela réunir bientôt tous ceux qui l’ont soutenu à la Présidentielle… Mais ne nous referait-il pas le coup de se réfugier dans un laboratoire d’idées ? Un think-tank, comme diraient les anglo-saxons !

 

Il a quand même abordé une question de politique pertinente avec ses partisans, celle des alliances. En gros, il y a ceux qui veulent  la faire avec la gauche… Ceux qui veulent la faire avec la droite… et ceux qui ne veulent toujours pas « glisser » d’un côté ou de l’autre. Il a réaffirmé qu’il était de l’avis de ces derniers… Il veut dialoguer avec des gens des deux camps et pense que le déroulement des événements tranchera en partie ce débat ! Il prévoit aussi un congrès de son parti en 2013 pour trancher les stratégies d’alliances…

 

Bref ce people continue à jouer le funambule qui ne veut tomber ni d’un côté ni de l’autre et qui s’impose en plus une cure de silence avec quelques exceptions… Têtu ce Béarnais, mais difficile à comprendre quand même !

 

(Sources : le Nouvel Observateur, 20 minutes, la Voix du Nord)