Les médias et les populations européennes devraient réaliser que leur champion n’en sera pas un dans les urnes

Ce n’est pas une thèse nouvelle sur AV. Depuis février et mars dernier, je pense que les Démocrates vont perdre les élections présidentielles, et cela n’a cessé de se confirmer.

Contrairement à ce que beaucoup disent, le meilleur candidat possible pour la gauche américaine était Hillary Clinton . Mauvaise pour le show du printemps, certes, elle était idéale en automne à l’heure du choix. La sénatrice de New York avait un atout décisif : l’expérience. Après tout, les Clinton sont les seuls Démocrates à avoir compris la dynamique électorale de leur pays à l’aube du XXIe siècle. A l’opposé, Obama multiplie les erreurs stragégiques et a perdu son avance pendant l’été.

Ce recul dans les sondages est choquant. Après huit ans de domination républicaine, jamais candidat de gauche n’avait été à ce point tenu en échec ! Bush a déjà réussi un exploit comparable à Reagan, et ceci grâce à ses adversaires. Grâce, plus précisément, à la nomination controversée de Barack Obama. 

Le sénateur de l’Illinois a raté son entrée en campagne. Il n’est jamais parvenu à faire les bon choix :

1. Depuis un siècle, un candidat démocrate, quel qu’il soit, s’il veut être élu, doit plaire au Sud et au Midwest. C’est un impératif. JFK avait nommé comme vice-président Lyndon Johnson, du Texas, pour amadouer le Sud. Carter était du Sud. Bill Clinton gouvernait l’Arkansas. En 2008, les Démocrates pouvaient choisir les gouverneurs de Virginie et du Kansas, mais ont rejeté leur candidature.

Pour leur préférer deux sénateurs… du Nord… En effet, Obama vient de l’Illinois et son collègue Biden du Delaware, deux Etats parmi les plus nordistes qui soient. Comment les stratèges démocrates ont pu faire une telle bévue et ignorer l’électorat rural ? La sanction n’a pas tardé : selon CNN, Obama n’a pas gagné  un seul point dans les sondages après l’annonce de son vice-président ! 

2. Un candidat à la présidence ou à la vice-présidence des Etats-Unis doit avoir touché l’exécutif. Gouverner, c’est un métier et les électeurs sont sensibles à l’expérience pratique. Lorsqu’il a été élu, George W. Bush n’avait aucune expérience internationale mais avait géré le 2e plus grand Etat du pays pendant deux mandats. Bill Clinton était lui aussi gouverneur. Or Obama est sénateur. Son collistier Biden également. C’est un défaut majeur, selon les observateurs.

3. Pour réunir les supporters de Hillary Clinton, Barack Obama devait les unir à sa candidature en nommant une candidate femme, et plus spécialement une candidate proche de Hillary Clinton. Or Joe Biden, même s’il est ami avec la sénatrice de New York, n’est pas spécialement attirant aux yeux des "Hillary Democrats". Ceux-ci pourraient punir Obama en votant pour McCain. Et c’est le cas : CNN a déterminé que le pourcentage de fuite des "Hillary Democrats" vers McCain était passé de 16 à 27% entre juillet et août.

4. Obama doit se distancer de son image de "rock star", utilisée contre lui par les Républicains. Mais il n’en fait rien. Plutôt que d’accepter sa nomination dans le centre de Denver, là où sont rassemblés les 4’000 délégués de son parti, il va le faire au milieu d’un stade de football occupé par 75’000 spectateurs. Il confirme donc sa réputation de flambeur attiré par les bains de foule, et cela va faire grincer des dents. 48% des Américains sont déjà lassés d’entendre parler de lui. Obama doit apprendre l’humilité, ou la sanction sera brutale.

5. L’atout d’Obama étaient ses fonds mirifiques. Il a levé quasi cinq fois plus d’argent que son adversaire. Mais malgré 60 millions $ dépensés en juillet et août, il n’a cessé de décroître dans les sondages. De plus, ces spots télévisés ne sont pas très audacieux. Obama frappe McCain avec une brindille, quand les Républicains l’assomment à coups de massue.

6. Le choix du vice-président permet généralement de confirmer celui du président. Or Obama est entré dans le piège républicain en nommant un spécialiste de politique étrangère, domaine où lui-même n’est pas expérimenté. Si le choix paraît logique, il pourrait se retrourner contre Obama. En effet, chaque fois que Biden s’exprimera, les électeurs feront la comparaison avec Obama et jugeront ce dernier sans expérience, tare rédhibitoire dans une course à la Maison-Blanche. 

Bien sûr, la campagne n’est pas terminée. Décevant lors du débat de Saddleback, Obama pourrait rectifier le tir lors des trois prochaines rencontres agendées entre septembre et octobre. Mais s’il poursuit sur sa lancée actuelle, il ne fait guère de doutes que les Démocrates connaîtront la défaite la plus humiliante de leur histoire en novembre prochain.