Dans un récent article j'expliquais comment la candidature de Hillary Clinton aux présidentielles américaines de 2008 souffrait d'un coup de frein sévère – et, pour beaucoup, inattendu.

En effet, son premier concurrent n'a rien d'une bête politique. A 46 ans, Barack Obama, diplômé de Columbia et de Harvard, ne siège au Congrès que depuis deux ans. Sénateur de l'Illinois, seul Afro-américain de la Chambre Haute, il n'a proposé ni loi ni fait d'intervention mémorable.

Certes, il rappelle souvent son opposition à la guerre en Irak – un vote qui parut suicidaire en 2002 -, mais à part ce clin d'oeil susceptible de plaire à l'extrême-gauche, on peine encore à trouver de réelle consistance chez le candidat démocrate.

Tel est le "mystère Obama". Aucun programme crédible ("l'audace d'espérer" est une compilation d'idées plus ou moins vagues), aucune expérience (il a notamment proposé de violer la souveraineté du Parkistan, puissance nucléaire, afin de poursuivre les islamistes d'Al-Qaeda de l'autre côté de la frontière) et un côté "rebelle" qui est loin de faire l'unanimité (refuser de poser la main sur le coeur lors de l'hymne national est un crime aux Etats-Unis), le très jeune sénateur de l'Illinois ressemble peu à celui avec lequel on voudrait absolument le comparer : John Kennedy.

Comment expliquer que ce fantôme politique talonne de près la très expérimentée Hillary Clinton et soit en tête des primaires de l'Iowa, Etat-clé pour choisir la candidature démocrate ? L'amour. L'amour orgasmique de la presse papier et audiovisuelle. Obama danse au Saturday Night Show, tape le rythme gospel dans les mega-churches. Obama à la plage, torse nu, photographié par les paparazzis. Cet hiver, nous aurons droit à Obama en randonnée, Obama au ski, Obama et le thé chaud, Obama à la montagne…

Pur produit du star-système, Barack Obama est soutenu par Oprah Winfrey, grande prêtresse du superficiel dont le simple son de voix fédère des millions de personnes aux Etats-Unis. Pour lui, Oprah a déjà levé des millions et Hollywood, qui adore les flashs, tombe en pamoison. Clooney a déjà signé. Tous les autres suivront, vous verrez.

On crie au scandale au sein du parti démocrate, pour qui cette stratégie semble politiquement suicidaire. Maladroite, Hillary Clinton se venge en traitant durement les journalistes qui la suivent, provoquant l'exact opposé de la réaction attendue : Time Magazine offre sa couverture à Obama, ABC News et CBS dansent la Obama-polka, et le Financial Times invite … Karl Rove, le stratège de George Bush, à prodiguer ses conseils au jeune premier pour battre "le monstre" Clinton. La folie, on vous dit.

Barack Obama est le seul candidat qui n'existe pas pour son bilan mais pour l'orgasme hystérique qu'il provoque chez les journalistes des deux sexes. Ségolène en plus bronzée.

Un candidat de papier, en somme. De là à faire trembler les urnes…