S'il existe une question qui fait débat, lors de cette course à la Maison Blanche version 2008, c'est bien celle-là.

Il faut dire que le Sénateur démocrate oscille régulièrement entre silence pesant et déclarations fracassantes, plongeant ainsi l'électorat américain dans le doute le plus absolu. Nombre de ses conseillers politiques rivalisent d'ingéniosité pour répondre aux questions de l'homosexualité, tant le sujet est brûlant dans ce pays qui en grande partie assimile l'union de deux personnes de même sexe à un acte de perversion humaine… 

Les prises de position franches du défenseur de la "middle class noire américaine" se comptent sur les doigts d'une main, au grand désespoir des organisations militantes du camp démocrate. Il est vrai que les Républicains sont nettement plus à l'aise avec les questions de l'homosexualité et de l'avortement car elles favorisent les multiples attaques à haute teneur moralisante et ultra-consaversatrice, dont ils sont friands ( en coulisses, beaucoup murmure qu'il s'agit là d'une des grandes spécialités de Sarah Palin).

Quoiqu'il en soit, Barack Obama ne peut pas passer outre la question de l'homosexualité, formant une communauté certes décriée dans le pays mais, non négligeable en terme d'électorat.

Il y a quelques jours, le candidat s'est déclaré farouchement opposé aux trois propositions de loi, relatives à l'interdiction du mariage homosexuel, soumises au vote en Californie, Floride et Arizona. Nul besoin de préciser la position de John McCain… Toujours est-il que les deux intéressés n'ont pas trop cherché à étayer davantage leur position et, se sont vite remis à parler de la crise financière ou de la situation irakienne. L'homosexualité ne serait-elle donc pas un thème très porteur lors de cette campagne présidentielle ?

Autre attitude pour le moins ambiguë d'Obama : ce dernier n'est pas clair concernant le mouvement "hétéro ex-gay", très en vogue aux Etast-Unis depuis les années 70. Cette tendance, qui s'est propagée à des degrés variables dans le monde entier, est très appréciée sur les terres de l' Oncle Sam car elle touche la corde sensible du pays, la notion de repentissement sur fond de remerciements religieux.En gros, comprenez qu'il s'agit, pour des homosexuels, de "retourner dans le droit chemin de la normalité hétérosexuelle", grâce aux prières, thérapies comportementales et réeducation répatrice. 

Au début de la campagne, surfant sur la vague de l'effet de surprise, Obama se jetait corps et âme dans le crédeau ex-gay friendly, sur fond de slogan dédicacé "Embrace the change". Le problème est que depuis les primaires, le candidat semble moins enclin à épouser cette cause : cet été, de nombreuses associations lui ont demandé d'intégrer les ex-gays dans la loi contre la discrimination qu'il entend faire voter, une fois franchie la porte de la Maison Blanche. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le grand défenseur des droits de l'Homme n'a, à ce jour, toujours pas répondu aux sollicitations assosciatives. Son silence vaut-il refus ou acceptation ? Quelque soit l'interprétation, les militants n'ont guère apprécié le statu quo de celui qui prétend personnifier le changement.

Même s'il est certain que la question de l'homosexualité est réglée plus positivement par Obama que par McCain, elle semble encore loin d'être réglée en cette fin de campagne au vue des malaises que suscite sa simple évocation.Il faudra pourtant bien l'envisager car une fois à la Maison Blanche, les tours de passe-passe ne duperont  plus personne…