M-banking, paiement P2P, notre téléphone portable est-il en voie de remplacer notre carte bleue ?

Depuis environ trois ans, les banques françaises se sont tournées vers des activités de téléphonie mobile. Discrètes encore sur ce secteur, elles concèdent toutefois de lourds investissements dont les objectifs, confus pour les clients, répondent pourtant à trois enjeux majeurs. Les banques voient en ce nouveau service des intérêts colossaux dont les retombées financières futures restent incertaines mais néanmoins très séduisantes.

 

Nous sommes, depuis peu, entrés dans une ère de dématérialisation quasi-généralisée des services. Internet fut la première vague de cette dématérialisation. Et face à elle, les banques ont dut et sut mener leur embarcation. Consultation, gestion de ses comptes et virements font parties des nombreuses possibilités données aux clients via les sites Internet. Cependant et avec l’arrivée massive des Smartphones une deuxième vague semble se profiler à l’horizon. Cette nouvelle lame de fond présuppose la prise en compte d’une vraisemblable évolution des comportements des clients, plus profonde qu’Internet a put l’être.

Les applications mobiles (le mobile-banking ou m-banking) font partie de cette première évolution. Outre le fait de proposer des services supplémentaires à ceux proposés par le web, comme la localisation d’une agence ou d’un distributeur de billets, les applications ont pour objet de préparer les banques à l’essor du m-commerce.
En effet, les achats sur des sites internet, via son mobile, s’annoncent comme le canal de vente de demain, celui qui remplacera le e-commerce,

Selon KPMG, en 2011, près d’un cyberacheteur asiatique sur deux utiliserait son mobile pour faire ses achats. C’est le canal de vente qui se développe le plus rapidement, explique Yohan Ruso, directeur général France du site eBay, nous vendons plus d’un objet toutes les trois minutes par ce biais.

Si les applications mobiles se présentent aujourd’hui comme un dispositif indispensable au paiement d’articles Internet, les banques perçoivent dans la téléphonie également un mode de paiement pour nos achats du quotidien, dit « Peer to Peer ».

 

En plus de prévoir les règlements à distance, le « paiement mobile » proposera les paiements de proximité devant une borne et même les transferts d’argent de mobile à mobile. L’utilisateur pourra alors, via son téléphone, payer sa baguette de pain, sa place de cinéma ou encore son ticket de transport. Tout cela grâce à une puce spécifique, la NFC (Near Field Communication) dont la carte SIM serait équipée.

Si cette technologie s’annonce déjà comme une grande révolution de nos habitudes de consommation, celle-ci éprouve des difficultés à se généraliser en France. Cependant, l’année 2011 pourrait devenir celle du décollage de ce dispositif de paiement. Le 11 janvier dernier, Éric Besson, ministre de l’Économie, a en effet décidé de lancer neufs projets dans neuf villes françaises.

Si les tests s’avèrent concluant, les établissements bancaires ne voudront en aucun cas manquer l’opportunité que cela pourrait représenter. Ainsi, en proposant des services d’abonnements téléphoniques, les banques n’espèrent donc pas uniquementdiversifier leur activité mais surtout se rapprocher d’un secteur qui tend à rejoindre le leur. L’enjeu est donc majeur. Pour tenter de distancer la concurrence, deux banques le CIC et le Crédit Mutuel ont pris le pari risqué de se lancer sur ce secteur. Mais ce pari est-il si risqué que cela ?

A en croire les résultats, ce serait plutôt le contraire. Ces nouveaux services, qui parfois laissent perplexes les clients quant à la nature du lien entre banque et téléphonie, semblent cependant jouer un effet positif sur la banque. Par cette activité, ces établissements se construisent une nouvelle image : plus moderne, plus innovatrice et donc plus jeune !

Cela a pour effet de séduire une clientèle plus jeune, celle-là même qui est consommatrice de Smartphones, dont l’essor impact directement le développement du m-commerce. De plus, alors qu’il est très complexe de débaucher les clients d’un établissement concurrent, la téléphonie répond à l’objectif numéro 1 des banques : attirer de nouveaux consommateurs.

 

 

Des consommateurs qui n’ont pas encore choisi la banque avec laquelle ils vont réaliser des placements, des emprunts : des consommateurs jeunes. Ainsi, tout finit par se rejoindre et s’assembler dans une stratégie parfaitement efficace et bien rodée où l’avenir semble lier notre mobile à notre porte-monnaie.