A le découvrir, on le croirait tout droit sorti d’un boys-band. Mais si l’ancienne championne s’expose avec tant de fierté, c’est que son corps est le fruit d’un long combat.
Des yeux bleus restent bleus. C’est le titre significatif de l’autobiographie de Balian Buschbaum, récemment parue en Allemagne. Un livre qui fait beaucoup parler outre-Rhin. L’athlète, médaillée de bronze aux championnats d’ Europe d’athlétisme en 2002 à Munich et aujourd’hui à la retraite, raconte sa seconde vie. La vraie vie, celle dont il rêve depuis l’enfance : sa vie d’homme. "Toutes ces années, j’étais emprisonné dans un corps qui n’étais pas le bon. Depuis 2007 et le début de son traitement hormonal, je vis une libération."
C’est année-là, celui que les aficionados de l’athlétisme connaissent alors sous le nom d’Yvonne Buschbaum, se dévoile, publiquement, sur le divan de Johannes B.Kerner, animateur de talk-shows les plus regardés d’ Allemagne: "Je me sens homme et je suis forcé de vivre dans le corps d’une femme", déclare-t-il face aux caméras.
La transexualité est une question marginale dans notre société. Je ne veux pas être responsable du fait qu’elle le reste et participer a fortiori à un jeu de dupes."
Un tabou est brisé. Deux ans plus tard, la transformation est complète. Exit Yvonne et bonjour Balian. Une mue qui n’a guère étonné ses proches : "Yvonne a toujours répondu à tous les clichés du parfait macho", admet ainsi Christine Adams, qui s’est entraînée pendant trois ans à ses côtés. L’histoire d’une jeune fille devenue garçon ?
Aux yeux de l’intéressé, la vérité est ailleurs : "La question du genre ne peut pas être réduit au sexe. Je ne suis pas née fille. J’ai toujours été un garçon, sauf que j’avais des organes sexuels qui n’étaient pas les bons." Sûre de son identité, la jeune Yvonne mène sa vie comme elle l’entend, sans jamais endosser l’uniforme de victime : "Tout le monde m’acceptait comme j’étais. A l’école primaire, j’utilisais même les toilettes des garçons. Pour moi c’était logique. Personne ne disait rien."
Mais à la puberté, la fillette devient femme et le cauchemar commence : "Quand j’ai eu mes première règles, ça a été terrible. Soudain, je suis devenu triste et renfermé. Ce mal-être ne me quittait pas." Ironie du sort, c’est grâce à ce même corps, qu’elle a fini par haïr, qu’Yvonne échappera à la souffrance : "Si je n’avais pas eu le sport, je ne serais peut-être plus là. C’était ma soupape. Grâce à la discipline et l’entraînement, j’ai pu dépasser mes limites, m’épanouir et développer la musculature et l’apparence masculine que je souhaitais."
Mais quand on lui parle de ses exploits passés, le perchiste n’est pas nostalgique. Loin de là : "Ce sont de brefs instants qui m’ont rendu heureux. C’est tout. Pour moi, ils sont morts comme l’est mon ancien corps." Ablation des seins, des ovaires et de l’utérus, construction d’un pénis à l’aide d’un morceau de peau prélevé sous son bras, Balian, désormais sous traitement hormonal à vie, a souffert dans sa chair pour mettre son corps et son esprit à l’unisson. Aujourd’hui entraîneur de saut à la perche, il a obtenu un changement d’états civil et, a 29 ans, il vit désormais vis-à-vis de la loi en tant qu’homme :"J’ai enfin trouvé l’équilibre. Le chemin de la liberté passe toujours par le courage."
la transformation est spectaculaire…:o
article intéressant 🙂