Elisabeth Borne à la tête de la RATP : la mobilité durable comme premier défi

Elisabeth Borne, haut-fonctionnaire et directrice de cabinet de Ségolène Royal à l’Environnement, a été nommée, le 20 mai dernier en conseil des ministres, à la tête de la RATP. Elle remplacera Pierre Mongin, qui rejoint la direction d’Engie (ex-GDF Suez), et devra poursuivre les avancées de l’entreprise publique en termes de mobilité durable.

La nouvelle de son départ, en mars dernier, avait surpris tout le monde au sein de la régie des transports publics parisiens (RATP). Pierre Mongin, qui dirigeait l’entreprise publique depuis neuf ans – et après avoir été reconduit en juillet dernier –, rejoindra le géant de l’énergie GDF Suez – rebaptisé Engie – à partir du 1er juillet 2015. Pour le remplacer, le conseil d’administration de la RATP a choisi la candidature d’Elisabeth Borne, haut-fonctionnaire jusqu’à présent directrice de cabinet de la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal. Lors de son audition en commission à l’Assemblée nationale, la « candidate du gouvernement », qui sera la deuxième femme – après Stéphane Pallez, PDG de la Française des Jeux – nommée à la tête d’une grande entreprise publique du quinquennat Hollande, a affirmé son ambition de faire de la RATP une « référence en termes de mobilité durable ».

Les avancées de la RATP en termes de mobilité durable sous Pierre Mongin

C’est en effet sur les rails du développement durable que l’entreprise des transports publics franciliens s’est engagée sous l’ère Mongin. Depuis 2006, la RATP inscrit toute innovation dans une stratégie durable, comme l’y invite la charte des établissements et entreprises publics ; la régie met ainsi en adéquation ses objectifs – le transports de millions de personnes par jour – avec les exigences écologiques d’aujourd’hui – diminuer les émissions de gaz à effet de serre, producteurs de particules fines, qui participent de la hausse des températures. Le dossier emblématique de cette nouvelle politique durable : la fin des bus 100 % diesel à Paris et en Ile-de-France (IDF) d’ici 2020. Validé en 2013 par le Syndicat des transports d’IDF (STIF), cet élan donné à la mobilité durable devrait voir, d’ici fin 2015-début 2016, la circulation des premiers bus électriques dans la capitale.

Au-delà de l’aspect écologique, la RATP connait de profondes transformations dans le numérique, avec le développement rapide des technologies de l’information et de la communication (TIC). La régie souhaite, in fine, faire du transport un temps non plus « perdu », mais optimisé et utilisable, grâce à l’information dynamique. Et ceci dans l’intérêt direct des usagers : le transport – qu’il soit métro ou bus – doit être au service du citoyen tandis que celui-ci réclame de plus en plus de mobilité. C’est pourquoi Elisabeth Borne, qui prendra ses fonctions d’ici quelques semaines, sera notamment chargée de résoudre l’épineux dossier du RER A, dont la ponctualité – 84,8 % – est en deçà de l’objectif fixé à 94 %.

Elisabeth Borne sera nécessairement scrutée sur le volet mobilité

En tant que personne extérieure à la RATP, la désormais ex-dircab de Ségolène Royal devra tout d’abord s’imposer à la tête de la régie. Ce qui, si l’on en croit les compliments affables qui fusent un peu partout dans la presse, devrait se faire sans trop d’accrocs. Elisabeth Borne, « c’est une assurance tout risque, selon Anne Hidalgo, ce que la méritocratie républicaine peut produire de mieux ». Ancienne élève à Polytechnique, également diplômée des Ponts et Chaussées, celle qui fut recrutée par l’actuelle maire de Paris lorsqu’elle était en poste à l’Urbanisme parisien « coche beaucoup de cases » d’après François Hollande. Equipement, Education nationale, Matignon – sous Jospin –, ville de Paris, et même SNCF ; c’est également sur son passé de préfète de la région Poitou-Charentes qu’Elisabeth Borne pourra s’appuyer pour la gestion des dossiers.

Avec, par conséquent, en ligne de mire, le présent – et primordial – sujet de la mobilité durable. « Cet enjeu s’impose d’autant plus que la France, qui accueillera la conférence Paris climat en décembre prochain, se doit d’être exemplaire sur ce sujet » reconnaissait-elle au sortir de son audition parlementaire. C’est donc peu dire que la nouvelle patronne de la RATP sera observée – et jugée – sur le dossier de l’écomobilité. Si elle affirme « aimer l’opérationnel » et avoir « très envie » de relever ce défi, Elisabeth Borne devra concilier croissance économique – tandis que l’entreprise publique, à l’aise à l’international, a enregistré l’an dernier une hausse de 3 % de son chiffre d’affaires – qui s’élève à 5,3 milliards d’euros, et développement durable – le volet « électrification des bus », par exemple, étant loin d’être terminé.

Il faudra, en tout cas, à la nouvelle PDG de la RATP, le même esprit d’innovation que son prédécesseur, qui affirmait il y a quelques mois encore vouloir « amplifier ces résultats en 2015 tout en conduisant des chantiers considérables : trois prolongements de ligne de métro et le renouvellement des voies du RER A, tout en menant les études pour la ligne 14 vers Orly et pour la ligne 11 vers Rosny Bois-Perrier ». Autrement dit : accroitre la mobilité des citoyens grâce aux transports publics, le tout dans un respect scrupuleux de la problématique du développement durable. Pas une mince affaire, mais Elisabeth Borne, en plus d’avoir la main verte, semble posséder les épaules.