« La France orange mécanique » de Laurent Obertone.

J’ai vu pour la première fois Orange mécanique, le film de Stanley Kubrick, dans un cinéma de plein air à Saint Martin d’Ardèche. A l’époque, l’ultra-violence du début du film m’avait choqué, parce qu’elle était encore extraordinaire sur le grand écran et dans la vraie vie.

Aujourd’hui l’ultra-violence est devenue ordinaire. Désormais, en revoyant le film, je ne suis même plus choqué. Car rien de plus banal de nos jours, en France, que le tabassage d’un SDF, qu’une rixe entre deux bandes rivales, que le viol d’une femme devant son mari ou le meurtre d’un adolescent pour dérober son téléphone portable de dernière génération.

Que s’est-il donc passé ?

Laurent Obertone l’explique très bien dans son livre. Il a construit ce livre comme un compte-à-rebours, du chapitre dix au chapitre zéro.

L’ultra-violence? Toutes les 24 heures: 13’000 vols, 2’000 agressions, 200 viols.

Qui en parle ?

Il faut lire la presse. Attention, pas la presse nationale, pas celle qui explique que rien ne se passe ou finalement que ça se passe mais que ce n’est pas ce qu’on croit. Il faut lire la presse locale, qui recense du mieux qu’elle peut les faits divers.

Tout au long du livre, sur des pages entières, l’auteur parle de ces innombrables faits divers que la grande presse cache et ne couvre pas…

Aux sources du mal il y a une morale hors-sol, progressiste, égalitariste, qui fait des puissants des coupables, des faibles des victimes.Ce que les progressistes ne comprennent pas, entre autres choses, c’est que s’il est bon de tempérer son agressivité, il est dangereux de la supprimer ou de la réserver aux parasites.

Le nuisible, le sous-social ?

Celui qui ne respecte pas les règles auxquelles tout le monde s’astreint. Il y a la violence sociale, celle qui s’en prend aux nuisibles, et la violence antisociale, celle des nuisibles. Si la morale dominante décrète que la violence sociale est fasciste et qu’il faut la réserver aux nuisibles, comme pour compenser leur malheur, alors l’agressivité devient dangereuse.

Conséquences de cette morale?

L’assistanat et la culture de l’excuse. On leur donne tout, ils ne doivent rien. Au final, La réussite est pour l’incapable une provocation.

Que fait la police ?

Les priorités des policiers sont simples : respecter les "jeunes", apprendre à aimer les coups, se montrer impitoyable avec les grands criminels de la route que nous sommes tous.
Que fait la justice ? De garante de la responsabilité individuelle elle est devenue une simple assistante sociale. La justice ne serait plus là pour punir ou maintenir l’ordre, mais pour comprendre ou aider le fautif. Le statut de victime a dérivé vers celui de coupable, et vice versa. Si la punition n’est pas réelle, il y a avantage à récidiver… Et la punition n’est pas réelle dans la plupart des cas. L’échelle des infractions n’a plus d’importance. Pour les magistrats, seule compte l’échelle des peines, comprenez les peines de substitution et les aménagements. Un invraisemblable château de cartes sans base ni sommet, qui doit permettre d’éviter aux prisons de trop déborder, essentiellement pour continuer à (se) faire croire que la France n’est pas un pays à forte criminalité.

Comment arrêter de faire des prisonniers ?

En faisant bénéficier du régime de semi-liberté les condamnés à moins d’un an ferme, en libérant les condamnés à moins de deux ans ferme en échange du port d’un bracelet électronique ou de l’accomplissement de travaux d’intérêts généraux, en requalifiant les infractions (par exemple, les viols sont en majorité requalifiés en agressions sexuelles, et de crimes deviennent de simples délits…), en ne prenant pas en compte le passé judiciaire des prévenus etc.

Quels sont ceux qui propagent la morale hors-sol, déni de réalité ?

Les enseignants, les chercheurs, les journalistes. Comme par hasard, ces maîtres de la pensée française sont tous très majoritairement à gauche …

Que disent-ils tous ?

Qu’il ne faut pas stigmatiser, qu’il ne faut pas juger et qu’il ne faut pas généraliser. Faut pas juger, adieu esprit critique. Faut pas généraliser, adieu intelligence.

Laurent Obertone résume lapidairement à quoi sert la presse.

La presse sert à étaler des idées que personne ne partage et à dissimuler des faits que personne n’a le droit de voir.

De quoi vit-elle ?

Les journaux n’existent pas parce qu’ils se vendent. Ils existent parce que l’Etat et des cohortes de publicitaires plus ou moins obligés veulent bien les maintenir en vie.

Il ne faut pas parler d’insécurité pour ne pas faire le jeu du Front National et l’antiracisme est là pour l’empêcher. Si on vous traite de gros con, estimez-vous heureux, vous gagnerez votre procès pour injure. Si on vous traite de raciste, vous n’avez que le droit, pour ne pas dire l’obligation, de démontrer que vous n’en êtes pas un. S’il y a des crimes racistes contre des représentants des minorités de couleur, il ne faut pas voir ceux commis contre des représentants de la majorité incolore. Tout au long des procès, les représentants des minorités de couleur ont les associations antiracistes, leurs avocats et leur argent public. Les représentants de la majorité incolore n’ont pas grand monde dans leur camp. Certainement pas la justice, ni les médias.

Il ne faut pas voir non plus que les liens entre pauvreté et criminalité ou pauvreté et immigration n’existent pas et qu’au contraire la corrélation entre insécurité et immigration existe. Toujours pour ne pas faire le jeu du Front National…

Laurent Obertone pose la question incorrecte.

En quoi est-il absurde ou effroyable d’émettre l’hypothèse que certaines communautés, leur culture, leur histoire, soient mieux adaptées à certains environnements qu’à d’autres ?

Quoi qu’il en soit le crime paie. Certains immigrés et certains autochtones ne respectent pas nos règles parce qu’ils n’ont aucun intérêt à le faire. Pire, ils ont intérêt à ne pas le faire. Ceux-là réussissent différemment  dans la délinquance et le crime. Nous avons décidé que la répression était une chose très vilaine. Sans répression, impossible de rendre le crime désavantageux.
L’immigration massive n’est pas sans conséquences. La plupart des immigrés s’insèrent dans l’économie hôte. Mais l’immigration de peuplement dépasse souvent l’offre. Dynamique de groupe, bouleversement identitaire, société encore perçue comme étrangère, perspectives bornées, communautarisme a priori indépassable…

Voilà les éléments d’une dynamique criminelle. Pour ne pas le voir, il convient de devenir sur-social, c’est-à-dire de ne plus viser un statut social, mais un statut moral. D’abord, il ne faut pas haïr le voleur, encore moins le punir. Il faut le comprendre. Après il faut l’excuser. Puis il faut nous excuser nous-mêmes. Le voleur est coupable. Puis malade. Puis victime. Puis c’est nous-mêmes qui sommes coupables. En définitive, un vol n’est pas grave si l’on est sous-social ou sur-social.

Cette morale hors-sol découle de l’égalitarisme. Combattre les inégalités ? La nature n’existe que par leur croissance. L’égalité, c’est l’empêchement de l’évolution. Les hommes n’existent que parce qu’ils sont inégaux. Ou alors ils sont morts. La société s’est faite grâce à tout ce que le progressisme veut détruire: dualité, altérité, esprit d’initiative, beauté, ordre, liberté, mérite, hiérarchie, compétition, prise de risque… L’égalité, triomphe moral des faibles, mène à la haine de tout ce que nous appelons civilisation.

Comme cela finira-t-il ?

C’est malheureusement indéterminé, contrairement à ce que l’auteur laissait présager en début d’ouvrage. Le couvercle censé couvrir l’insécurité a été déplacé. Il est posé sur les foules, pour en contenir la colère. Ce sont elles qui risquent d’exploser.

Quand la réaction limite aura-t-elle lieu ? Nul ne le sait. Aura-t-elle lieu un jour ? Nul ne le sait.