TUNISIE, 5 ans après la Révolution : ET SOURIRE ENCORE UNE FOIS …

 

 

 

 

Acculé à survivre au cœur de l’horreur, de l’anarchie et du désespoir, ce chaos-contrôlé voulu ou accommodé par trop de gens à l’intérieur comme à l’extérieur, trop de nantis et puissants, bourgeoisie compradore, accrochés à leurs rentes et situations, arrivistes et ambitieux seulement soucieux de se placer et s’enrichir au plus vite, frachichs et ayaris pillant sans répit, l’Histoire et ses cycles semble replonger la Tunisie dans l‘époque des sauterelles par nuées.

Misère, corruption, chômage, inégalités, un peuple humilié, manipulé, terrorisé, dépossédé de sa souveraineté par son élite républicaine et son clergé médiatico-politique, ruiné par ses cliques affairistes, déçu par ses intellectuels et tenants de la Moral, épuisé par son Administration, dépité par son déclassement et déclin palpable au quotidien : incivilités, inflations, pollutions. Un peuple agressé de partout.

Dans ce territoire pourtant mondialement réputé pour son bon vivre, douceur et pacifisme, il reste malgré tout un mystère mythique, comme un trésor dont les clés seraient bien cachées. Sous les assauts répétés des barbares et néo-colons contre leur nation, enfants, ados, adultes, anciens, inlassablement beaucoup continuent d’offrir leurs doux visages, ces visages lumineux avec le sourire sur eux.

Hospitalier et généreux, toujours plus nombreux que les masques hideux des affreux, ce sourire créé et caractérise presque à lui seul cette étonnante civilisation. Eternel optimisme, mystique insouciance ou simple indolence ? Au fil des épreuves, expression de sa vraie religion, ce sourire spontané transmet plus qu’une certaine convivialité, il sous-tend qu’il sait intérieurement bien des choses sur les inéluctables destinées du monde, toutes les injustices et cruautés de l’Histoire et de la condition humaine, pas seulement tunisienne, mais qu’il ne s’en laissera pas pour autant compter.

Un sourire de résilience qui invite alors à danser, rire, chanter. Comme une permanente partie de chkoba entre copains de quartier, convaincus que demain la bonne main reviendra. La mémoire d’un âge plus sage autrefois qui finira bien par repasser et ramener avec lui son or et son ordre.

C’est quand tout semble perdu, dans un râle collectif d’agonie, que tout peut commencer. Se dire alors, pour surmonter dépits et peurs, que puisque le Bonheur n’est pas éternel, inch’allah le chagrin et le malheur ne le seront pas. Et sourire à la vie, encore une fois !