le chômeur est-il un imbécile et un fainéant ?

      Le chômeur est-il un imbécile ? C’est ce que peut se demander un bon nombre de gens actifs.

      En effet, les personnes en activité sont persuadées que puisqu’elles travaillent, tout le monde peut en faire autant. C’est tellement rassurant d’être employé par un employeur, qu’imaginer se retrouver au chômage pour ces personnes là est inimaginable.

      Bien sûr d’aucun a toujours quelqu’un dans sa famille qui se trouve dans cette situation mais l’individu en question est considéré comme la bête noire de la famille et que, s’il est dans cette situation, c’est qu’il n’a fait aucun effort pour sortir de cette fâcheuse situation.

     Le chômeur semble un imbécile car en France dix pour cent de la population est au chômage. Cela veut dire que quatre-vingt-dix pour cent de la population travaille et que le chômeur est le dindon de la farce puisqu’on lui refuse le droit de travailler.

      Mais c’est égal, pour protéger son travail, le travailleur consent les pire sévices de son employeur : harcèlement moral, ordres secs, baisse des heures de travail pour conserver son emploi, réaménagement de son temps de travail, de son poste de travail, manger très rapidement pour être plus productif.

     En vérité, le chômeur est une personne bien plus  courageuse que le travailleur car il se retrouve dans une situation qu’il n’a pas maitrisée et qui est inhabituelle pour lui et pourtant à laquelle il lui est nécessaire de faire face. Il recherche incessamment du travail et essuie de nombreux refus. Il subit le blues du chômeur et effectue fréquemment le fameux décrochage du chômeur, c’est-à-dire qu’il cesse temporairement de chercher du travail car il en a assez de se heurter à la vie virtuelle de Pole Emploi et de tous ces organismes qui lui disent pouvoir lui retrouver du travail facilement alors qu’ils n’offrent qu’une façade anonyme et inhumaine de refus répétés et une sempiternelle manne d’offres d’emploi en tous genres. Quant à son entourage, il lui refuse une certaine crédibilité du fait qu’il est inemployé et qu’il ne peut qu’être fainéant et ne pas faire ce qui est nécessaire pour retrouver le sacro-saint emploi qui réaffirmera sa place dite normale dans la société.

     Alors, prendre en compte le chômeur et réfléchir à nouveau sur la répartition du travail dans le monde parait être la bonne solution.