Cyberattaque russe contre les Etats-Unis : un événement oublié le 20 janvier 2017 ?

 

Vendredi 16 décembre, Barack Obama convoquait la presse afin de s’exprimer sur les cyberattaques lors de la campagne présidentielle. Le président sortant n’a d’ailleurs pas hésité à accuser la Russie de Vladimir Poutine à ce sujet, accusation loin d’être partagée par le futur président Donald Trump. La prise de pouvoir de ce dernier sonnera-t-elle la fin d’une guerre froide qui n’en finit plus ?

Dans un de ses rapports, la CIA accuse la Russie d’avoir piraté de nombreuses organisations politiques durant l’élection présidentielle dont le Parti démocrate. Il faut préciser qu’il existe 17 agences de renseignement aux États-Unis et que pour le moment, seule la CIA s’engage sur cette voie.

Les attaques visaient les ordinateurs des collaborateurs du parti démocrate, mais également John Podesta, le directeur de campagne d’Hilary Clinton. Des courriels confidentiels de ce dernier ont été piratés. Par la suite, Wikileaks s’est procuré ses emails, qui ont été mis à la disposition du grand public. La publication de ces mails avait pour but de montrer les liens de la candidate démocrate avec les médias, le milieu financier, l’Arabie Saoudite et certaines fondations.

En septembre 2016, lors du sommet du G20 en Chine, le Président américain avait d’ailleurs demandé à Vladimir Poutine de « cesser » les attaques informatiques de la Russie à l’encontre des États-Unis. Il avait menacé le Chef d’État russe de « conséquences sérieuses ».

Russie : Trump et Obama ne s’entendent pas

Le président Obama est loin d’être favorable au rapprochement avec la Russie souhaité par Donald Trump. Il lançait d’ailleurs à ce propos : « Ronald Reagan doit se retourner dans sa tombe ! Comment a-t-on pu en arriver là ? » Il ira même jusqu’à affirmer que la Russie « est un pays plus petit, un pays plus faible… Mais ils peuvent nous affecter si nous oublions qui nous sommes ». Pour appuyer ses dires, le président américain a demandé à ses agences de renseignement de produire un rapport au sujet de ces attaques. Rapport devant lui être remis le 20 janvier 2017.

De son côté, Donald Trump nie les éventuelles attaques russes et affirme que tout cela « est ridicule, ce pourrait être la Chine ou un type assis sur son lit dans le New Jersey ». Selon l’équipe de Donald Trump, « ce sont les mêmes personnes [de la CIA] qui affirmaient que Saddam Hussein avait des armes de destruction massive en Irak ». Trump prend d’ores et déjà le risque de se mettre à dos une partie de l’agence fédérale…

Vers un apaisement du conflit ?

Nicolas Arpagnian spécialiste en cybersécurité explique qu’il s’agit « davantage d’une tension entre Barack Obama et Vladimir Poutine qu’entre les États-Unis et la Russie ». Gérôme Billois, expert en cybersécurité au sein du cabinet Wavestone affirme quant à lui qu’il « est difficile d’identifier les auteurs avec certitude ». Selon lui, il ne faut pas tomber dans l’emballement médiatique qu’il y a souvent lorsqu’on aborde la question russe. « On subit le filtre déformant des médias, alors que la banque centrale russe a été piratée et que la Chine se plaint souvent d’être ciblée ».

Il ne faut pas oublier que les États-Unis et la CIA sont eux aussi accusés d’être à l’origine d’ingérence dans les élections présidentielles de plusieurs pays anciennement communistes (Serbie, Géorgie, Ukraine, etc.) et ce n’est pas la récente affaire Snowden qui viendra lever toutes ces accusations.

Le 19 décembre 2016, le collège électoral américain a confirmé — sans surprise — l’élection de Donald Trump. Ainsi, cette crise devrait être entérinée le 20 janvier 2017 par le Président républicain qui souhaite établir de nouvelles relations avec la Russie. Par ailleurs, il semble peu probable que les agences de renseignements aient le temps de réaliser un tel rapport en à peine un mois. Il semble donc qu’après avoir eu des relations historiquement conflictuelles les deux géants soient prêts à faire leur mea-culpa. Néanmoins, ses dernières volte-face sur ses promesses électorales l’ont bien montré, les promesses de Donald Trump n’engagent que ceux qui les écoutent…