L’Empire de l’hypocrisie.

Au fil du temps que l’on passe quelque part, des rencontres que l’on y fait et des expériences que l’on y a, on arrive à se faire des idées assez précises sur cet endroit.

Je reviens juste d’un voyage de 5 semaines en Chine. Et ce que j’y ai rencontré m’a surpris à plusieurs égards.

J’ai longtemps hésité avant de venir en Chine, car je me suis souvent révolté contre ce qui s’y passait, surtout après avoir été un volontaire dans différentes organisations, il y a près d’un an, pour des réfugiés tibétains, à Dharamsala, en Inde. J’ai finalement décidé de franchir le cap, d’abord pour assister au meeting des Ambassadeurs  nomades du site CouchSurfing, dont j’étais l’undes organisateurs, mais aussi pour voir un peu comment était le pays dont la famille de mon amie est originaire.

A première vue, la Chine est un pays ouvert, où « toutle monde » semble prospérer dans la joie et la bonne humeur. De nombreux étrangers sont installés ici et y ont créé des affaires, principalement à l’attention des touristes, car c’est un pays où la vie est facile et très peuchère, et chacun trouvera ici tout ce dont il a envie.

Je ne m’attendais pas à voir autant de prospérité et derichesse dans l’un des plus gros bastions communistes de la planète. La Chineest capitaliste, et peut être l’un des pays les plus capitalistes. Aujourd’hui,dans des villes comme Shanghai, Shenzhen, ou Pékin, ce qui frappe le plus, c’estla richesse plus qu’apparente d’une très grande partie de la population. Ici,on dépense, beaucoup, et les magasins de luxe sont partout, et leur marché est en pleine expansion.

Bien sur les chinois sont gentils, comme n’importe quel autre peuple sur cette Terre.

Si vous creusez un peu plus, vous vous rendrez vite compte que la réalité est bien différente… même si la façade cache bien la réalité.

En 1989, à Pékin, vous vous en souvenez certainement, une poignée d’étudiants se sont révoltés contre le gouvernement pour demander plus deliberté. Très vite, ils ont été suivis par d’autres gens, des travailleurs, cequi a commencé à déranger le gouvernement. Il est facile de discuter avecquelques étudiants, mais si le peuple se joint à la révolte, le danger d’unrenversement du pouvoir se fait plus pressant. Surtout lorsque ces gens ontréussit à convaincre les premiers soldats envoyés sur les lieux de faire marche arrière et de ne pas tirer sur des innocents qui demandaient simplement plus de liberté.

Ce jour là, lorsqu’il a vu sa propre armée faire demi-tour,désobéissant aux ordres, parce qu’ils refusaient de tirer sur des innocents, legouvernement chinois a perdu la face. Et perdre la face, pour un chinois, c’estinacceptable.

Résultat : après l’envoi de forces spéciales, près de 2700 innocentes personnes ont perdues la vie en une nuit. Mais Tienanmen était« nettoyée » et le gouvernement a pu montrer son autorité à sonpeuple et aux yeux du monde. Qu’importe le nombre de mort.

En fait, les personnes qui ont perdues la vie cette nuit làne sont peut être pas mortes pour rien. Après ces évènements, le gouvernement chinois à passé une sorte d’accord, non-dit et non écrit, avec son peuple. Illeur laisse le droit de s’enrichir et de faire du business librement, et enéchange, tout monde ferme sa bouche quand aux nombreux crimes commis par legouvernement de Pékin.

De l’argent contre le silence.

Aujourd’hui, la Chine est prospère, les gens, dans lesvilles, vivent plutôt bien, et on ne compte plus le nombre de grosses berlines allemandes ou américaines sur les grandes avenues des villes chinoises.

Mais tout cela n’est il pas un peu hypocrite ?

Où sont tous les journalistes ou écrivains chinois emprisonnés car ils n’étaient pas d’accord avec la politique ? Où parle t onde tous les tibétains assassinés, et que l’on maltraite toujoursaujourd’hui ? Où sont toutes les personnes disparues car elles étaient dissidentes ? Quid de sujet comme le problème de Taiwan, où même si leproblème semble réglé  aux yeux du monde,les deux pays sont toujours « officiellement » en guerre, et la Chinea toujours près de mille missiles armés de tête nucléaires pointées sur cettepetite ile. Aujourd’hui, ce sont les indépendantistes Ouïghours du Xinjiang quisubissent les frais de leur mécontentement. Au moment où je vous écris, desgens sont tués là-bas.

Et il semble aussi que cette hypocrisie ait touchée aussiles étrangers qui sont venus s’installer ici, parce qu’on peut faire del’argent facilement ici, la vie y est très bon marché, et chacun trouvera enChine tout ce qu’il désire à bon prix. Tout se vend ici. En gros, c’est venezvous installer ici, faites de l’argent, vivez comme vous l’entendez, maisfermez là !

Tout ceci à fait de ce pays un endroit où l’hypocrisie estreine.

Et n’essayez surtout pas de discuter avec un chinois desujets comme le Tibet, Taiwan, les droit de l’Homme ou encore le Xinjiang. Ici,c’est tabou, et on vous le fera savoir assez méchamment. Chinois, mais aussiétrangers installés ici, qui ne veulent pas voir s’envoler leur dollars gagnéssi facilement, et préfèrent jouer à l’autruche, en cautionnant, en quelques sortes, par leur silence, les atrocités commises par le gouvernement.

L’Empire du milieu serait-il devenu l’Empire de l’hypocrisie.