la Bataille de Normandie.

 

Mes souvenirs.

J'ai voulu commémorer ce jour en apportant un peu de mon vécu et retracer pour l'histoire ce grand jour.

On se rappelle tous ce jour que l'on attendait depuis longtemps. Nous ne savions pas ou le débarquement aurait lieu, mais nous savions qu'il arriverait quelque part sur la cote normande. De fausses informations avaient circulé disant qu'il aurait lieu plus au nord, vers Dunkerque dont la cote avait été fortifiée par l'implantation de blocaus indestructibles que l'on peut encore voir.

J'avais à cette époque 15 ans et ce sont des souvenirs d'adolescent qui écrivent avec bien entendu ce qui peut rester après 65 ans, mais pour ceux qui ont vécu ce jour même si pour beaucoup d'entre nous nous n'étions pas sur le théâtre des opérations, nous avons ressentit une immense joie,

«ça y est ils débarquent»,

cela voulait tout signifier dans notre tête, nous allions être libres. Les gens étaient excités ne tenant plus en place l'oreille sur le poste de radio, pas encore le transistor, mais on sentait une joie fébrile gagner la population. A mon patronage on se préparait à faire le coup de point ou coup de feu dans Paris et je dois dire que j'ai eu très peur lorsque j'ai vu arriver dans la rue qui mène au patro un camion Allemand avec deux soldats couchés sur les ailes fusil pointés vers l'avant, j'avais dans ma poche un vieux révolver. Les chefs cherchaient à entrer en contact avec les groupes de résistance à Paris pour préparer des actions, nous étions un peu fous, mais, je n'ai jamais su pourquoi cela ne s'est fait ? Tous les jours j'allais au patro discuter donner mon avis, il n'y avait que cela qui comptait

Je regrette maintenant de ne pas avoir mémorisé ce jour et les suivants ou tant de nos camarades sont morts pour notre liberté, mais aussi beaucoup de nos Alliés venus nous libérer.

La bataille de Normandie à débuté le 06 juin 1944 à 0 h10 par les premiers éclaireurs Américains (pathfinders en anglais) sautent sur le Cotentin, afin de baliser les zones de parachutages pour les pilotes de C-47 qui vont arriver dans les minutes qui suivent.

A, 0h16 le premier des trois planeurs Britanniques se pose à moins de 50 m du pont de Benouville le Pégassus Bridge. La batterie allemande de Merville est attaquée par 5 bombardiers Avro Lancasters du 7th Squadron de la Royal Air Force.

A 0h35 Capture du pont Pegase à Bénouville par les parachutistes anglais du Major John Howard, 2 planeurs britanniques se posent à proximité du pont de Ranville, le Horsa Bridge. Le 3ème planeur prévu pour l'opération est manquant.

A 0h45 Des rapports allemands, envoyés par le 3ème Bataillon du 919ème régiment de Grenadiers commandé par le lieutenant-colonel Hoffmann, indiquent la présence de parachutistes ennemis.

A  01h 00 Les radars de la Marine allemande (ou Kriegsmarine en allemand) signalent une importante armada en face du Pas-de-Calais. Le sergent Ludwig Förster découvre l'armada alliée au large de son point fortifié Wn 62, secteur Omaha Beach.

A 01h10, 36 parachutistes Français, réunis au sein de 4 équipes, sautent au-dessus de la Bretagne, en forêt de Duault et près de Plumelec. Mise en alerte de toutes les troupes allemandes aux ordres du 84ème corps allemands, de l'Orne à Saint-Malo.

A 01h 11 La 716ème division d'infanterie Allemande prévient Le général Marcks du 84ème corps d'armée situé à Saint-Lô de la présence d'unités aéroportées ennemies dans le Cotentin.

A 01 h 21 Les éclaireurs de la 82nd Airborne Division sautent sur la Normandie au-dessus du Cotentin pour tenter de baliser 3 zones d'atterrissage pour le reste de la division (Drop Zones N, O et T).

A 01h30 Le caporal Emile Bouétard, membre du 4ème Bataillon Français Parachutistes est abattu au Moulin de Plumelec, en Bretagne.Le général Dollman ordonne la mise en alerte générale de la VIIème armée allemande. Les sirènes de la batterie de la Pointe du Hoc sont mises en action pour signaler l'apparition de bombardiers alliés.

A 01h45 Le général Marcks du 84ème corps d'Armée reçoit des nouvelles informations concernant les parachutistes ennemis, repérés entre Sainte-Marie-du-Mont et Sainte-Mère-Eglise.

A 01h50 A Paris, près du Bois de Boulogne, le chef des opérations du Groupe Naval Ouest, l'amiral Hoffman, a convoqué les différents États-major face à l'accumulation des rapports alarmants. Il envoi le message suivant en Allemagne, «Signalez au quartier général du Führer que c'est l'invasion».

A 01h55 Décollage en Angleterre des bombardiers de la 8ème US Air Force. 1 198 appareils sont déployés au total.

A 02h 00 Le maréchal von Rundstedt est mis au courant des mises en alerte suite à la découverte de parachutistes, notamment signalés par la 352ème division.

A 02h15 La 352ème division d'infanterie allemande signale la fin d'alerte pour l'ensemble de ses unités.

A 0h29 Les navires de la Force U sont arrivés au large de Utah Beach et jettent l'ancre à 24 kilomètres du rivage.

A 02h30 De sérieux combats s'engagent dans la localité de Ranville entre les troupes aéroportées britanniques du 6th Airborne et les soldats allemands du 716ème d'infanterie et de la 21ème Panzerdivision.Les émetteurs fixes "Bag Pipe" et "Chatter" d'Angleterre entrent en action et brouillent les communications de la Kriegsmarine et de la Luftwaffe (Armée de l'Air allemande).

C'est le début de ce grand jour qui ne devait finir qu'entre le 19 et le 21 août ouvrant la voie à la libération de Paris le 25 août.

Quelques images.

 

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Le débarquement le 06 juin 1944

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Débarquement des troupes et matériels par échouage des bateaux sur les plages normandes et la place Falaise le 16 août 1944.

La guerre des haies.

La guerre des haies commence à proprement parler aux premières heures du 6 juin 1944, les parachutistes américains et anglo-canadiens ainsi que les troupes débarquées sont immédiatement confrontés à cette végétation. Les planeurs alliés, chargés d'hommes et de matériel (munitions, petits véhicules, armes lourdes) heurtent les haies de la même manière qu'une voiture lancée à pleine vitesse heurte un mur, les pertes sont inquiétantes, les dégâts matériels le sont également.

Dans la journée du 6 juin 1944, les batteries mobiles d'artillerie allemandes utilisent les haies pour accomplir leur mission tout en se camouflant des vues de l'aviation ennemie qui pourrait soit les détruire, soit définir leur position et guider les tirs de l'artillerie embarquée sur les bâtiments de guerre dans la baie de Seine. C'est notamment le cas de la batterie allemande installée à Brécourt près de Sainte-Marie-du-Mont (Utah Beach). La fin de la guerre des plages laisse directement la place à la guerre des haies. Ce sont les Américains qui ont été majoritairement confrontés à ce type de combat, car dans la région de Caen (où les Anglo-Canadiens ont progressé) le terrain est essentiellement composé de vastes plaines, propices aux combats de blindés.

A L'ouest, en revanche, le Cotentin est très largement compartimenté en petits vergers ou champs cultivés bordés de haies (remarquons également qu'à l'époque, la culture du maïs n'a pas l'importance qu'on lui donne aujourd'hui en Normandie). C'est ce que les géographes appellent véritablement le bocage normand. Les soldats anglo-canadiens ont cependant également rencontré ce type de végétation, mais de manière moins récurrente que pour les Américains.

L'objectif des Américains étant de couper le Cotentin en deux afin d'empêcher les Allemands de ravitailler et de renforcer Cherbourg et son fameux port en eau profonde, le 5e corps du général Collins fonce littéralement à travers le bocage pour rallier la côte ouest de la presqu'île. La progression, volontairement accélérée, sera à l'origine de bien des pertes parmi les troupes américaines souvent prises à partie par des tireurs isolés ou des positions d'artillerie Allemandes. Des carrefours ou des ponts sont franchis à toute vitesse et lorsque l'effet de surprise ne fonctionne pas, les Allemands mettent un coup d'arrêt aux forces débarquées en utilisant au mieux les haies.

L'aviation a joué un rôle central pendant toute la durée de la campagne de Normandie. Non seulement elle permettait d'assurer la couverture des troupes au sol, mais elle permettait également de déloger les troupes ennemies de leurs caches ou encore d'assurer la préparation d'offensives par le biais de vastes bombardements, le plus souvent concentrés dans l'espace et dans le temps. L'exemple le plus frappant est l'opération Cobra, qui a vu la réalisation d'un intense bombardement visant à ouvrir des passages entre les lignes allemandes pour percer le front en direction de la Bretagne. Le 25 juillet 1944, les Américains appliquent la stratégie du carpet bombing, le tapis de bombes. 1500 bombardiers de type B-17 et B-25 larguent près de 3300 tonnes de bombes entre Montreuil et Hebecrevon au nord-ouest de Saint-Lô. Mais du fait des mauvaises conditions atmosphériques et de la proximité des forces américaines, plusieurs dizaines de soldats US sont tués lors des bombardements, on dénombre 111 morts et près de 500 blessés.

Les Alliés doivent faire preuve d'ingéniosité pour mener à bien leurs actions tout en étant un minimum contraint par le terrain. Pour ce faire, ils renforcent les moyens transmissions reliant le combattant et l'appui artillerie ou encore mettent au point des équipements adaptés au bocage normand, comme par exemple le Sherman Rhinocéros, doté de lames qui lui permettent de franchir plus facilement les haies. Cette invention a permis l'emploi des chars pendant la progression à travers les différents compartiments de terrain, ce qui était difficilement réalisable sans risquer la perte prématurée de ces engins (les embuscades permettant aux allemands d'attaquer au plus près et donc très efficacement les blindés alliés).

Conclusion.

Cette étude de la guerre des haies en Normandie a montré la particularité du combat dans le bocage et l'ascendant tactique de la défense sur l'attaque. La puissance militaire alliée est venue à bout de son adversaire mais au prix de pertes élevées et d'un retard important par rapport aux prévisions. Ces combats ont montré l'importance des armes d'appui (artillerie terrestre et embarquée, aviation) qui ont su généralement dégager les troupes d'assaut de situations bien délicates. Les Allemands ont joué la carte de l'usure par la prolongation du conflit, ne pouvant pas résister à la machine de guerre alliée, leurs actions ont retardé l'avancée des troupes américaines, britanniques ou encore canadiennes, sans l'arrêter pour autant. Toutefois, les stratèges allemands n'ont pas tiré profit de cette action retardatrice en Normandie. En effet, Hitler attendait la victoire décisive qui pouvait rejeter les Alliés à la mer, alors que ses généraux conseillaient un repli tactique derrière la Seine. Cette absence de lucidité et cette perte de temps a profité aux Alliés qui ont pu s'engouffrer en France et avancer à grands pas vers la libération totale de l'Europe.

Marc Laurenceau