Au Yémen c’est le canon,

 

Tunisien, Égyptiens, Syriens, même combat.

Le Wadi Dhar, le symbole du Yémen.

Au Yémen c’est maintenant la révolution à l’arme lourde dans les rues de la capitale Sana’a qui est une merveille d’architecture, mais la révolution n’a pas de prix, elle détruit tout pour ne laisser que des ruines. Pourquoi faut-il que les hommes détruisent ce qu’ils ont mis tant d’années à construire ? Pourquoi faut-il qu’ils se maintiennent au pouvoir si longtemps quand leur peuple leur demande de partir ? C’est donc le mépris qui les guide. Aux premiers jours de la contestation, le président Yéménite Ali Abdallah Saleh avait écarté le 2 février l’hypothèse d’une nouvelle candidature à l’élection 2013 et une succession monarchique. «Je suis contre le renouvellement de mon mandat et contre la transmission héréditaire du pouvoir» avait-il assuré. Depuis, voir le Yémen ensanglanté, les manifestations se succèdent et le président Yéménite Ali Abdullah Saleh au pouvoir depuis plus de 32 ans tergiverse avec les insurgés. Au départ avec des étudiants principalement, mais au fil du temps, le mouvement protestataire s’est amplifié au point de devenir un affrontement de guerre civile sans retenue puisque des armes lourdes montées sur camion circulent dans les rues.

Document Al Oufock par la rédaction.

Vendredi 03/06/11 de violents combats ont repris entre les forces du président Ali Abdullah et les partisans du chef tribal Sadek Al-Ahmar à la tête de la toute puissante tribu des Hached, au point que deux obus ont percé le palais présidentiel et le président ainsi que son premier ministre ont été blessés. Ils auraient eu de plus sept morts et plusieurs blessées dont l’imam de la mosquée du Palais. Soigné à l’hôpital du ministère de la défense, il serait en bonne santé selon un responsable du régime. En fait, ses blessures seraient plus importantes, un éclat de sharpnel de plus de 7 cm l’aurait atteint sous la région du cœur et serait brulé au second degré au thorax et au visage. Il aurait quitté Sana’a pour l’Arabie Saoudite et serait arrivé le 04 juin à Ryad à bord d’un avion médical Saoudien. Le président du parlement ainsi que le gouverneur de la capitale et le vice premier ministre ont également été touchés. Le pouvoir bien qu’ébranlé est assuré selon la constitution par le vice président Abdel Rabbo Mansour Hadi. Le rôle crucial de l’Arabie Saoudite serait de contraindre le président Ali Abdullah Saleh à signer un accord de transition ou de voir son retour au pays retardé, selon Metro. Pour Olivier Da Lage auteur d’une géopolitique de l’Arabie Saoudite, l’Arabie Saoudite va fortement déconseiller le président de retourner au Yémen. Pour l’opposition, les émeutes ont commencé après que les forces gouvernementales ont essayé d’occuper la maison de Sadek Al-Ahmar, dans le quartier de Hassaba situé à l’est de la capitale.

À Taëz, au sud-ouest de Sana’a, des accrochages ont opposé samedi 04 juin des militaires à des hommes armés qui assuraient la protection de centaines de protestataires rassemblés sur la place de la Liberté, où un sit-in avait été démantelé par la force lundi au prix de plus de 50 morts, selon des témoins. La veille, deux manifestants ont été tués et 30 blessés par des tirs des soldats, alors que quatre militaires ont été tués par balle et 24 blessés, selon une source de sécurité.

La Russie s’est dite préoccupée par la «terrible guerre civile» au Yémen et a appelé à un règlement négocié, alors que l’opposition parlementaire yéménite exhortait la communauté internationale à «agir d’urgence pour sauver le Yémen et son peuple». Après l’annonce par l’Union européenne de préparatifs en vue d’évacuer ses citoyens du Yémen, l’Allemagne a décidé de fermer son ambassade, Al- Oufock.

On sait que depuis longtemps le Yémen est soumis au péril terroriste entre une guerre larvée au Nord et un mouvement séparatiste au Sud et a des tribus larvées. Cette situation fait le bonheur d’Al-Qaïda ou des réseaux de Ben Laden sont très efficaces. Le Yémen est un pays pauvre en proie à un fort taux de chômage des jeunes 30 % sont sans emploi. L’exode rural ne fait qu’aggraver la situation. En outre le pays a de gros problème d’eau et le gouvernement est plombé par les fonds consacrés à la sécurité. Le Yémen peut se résumer géographiquement en deux parties le Yémen du Nord montagneux avec des montagnes arides ou les cultures sont en terrasses avec une irrigation dérisoire et le Yémen du Sud désertique. Dans ces deux parties les populations sont misérables.

En 1843 Éden la ville du Sud sur le golfe d’Aden est sous la dépendance de l’Empire colonial Britannique, et les Britanniques finiront par contrôler le Sud, tandis que le Nord est sous la domination Ottomane depuis 1849. Cette région montagneuse du Nord nous montre comment elle a résisté à l’invasion Ottomane en construisant des villages au sommet des collines, ce sont de vraies forteresses toutes en hauteur afin de résister au mieux comme le montre cette image.

En 1905 la division du pays est consacrée par un accord entre les Britanniques et les Ottomans et le Nord devient indépendant en 1918. en 1961 le Nord se proclame république arabe du Yémen. Cette révolution provoque une violente guerre entre civils et royalistes soutenus par l’Arabie Saoudite, la Jordanie, et les républicains appuyés par l’Égypte de Gamal Abbel Nasser qui avait envoyé 70.000 hommes. En 1965 un accord fut conclu entre le président Égyptien et le roi Fayçal ibn Abd al-Aziz d’Arabie Saoudite afin de mettre un terme au conflit, mais seule la défaite des Égyptiens lors de la guerre des Six Jours, en 1967, entraîna leur retrait effectif du Yémen. En 1967 le Yémen devient indépendant sous la pression d’un mouvement nationaliste armé et prend le nom de république démocratique du Yémen. De 1969 à 1972 des conflits opposent les deux républiques du Yémen. En 1986 le président du Yémen du Sud Ali Nasser Mohamed est renversé ce qui provoque une violente guerre civile. En 1990 les deux républiques fondent la république du Yémen avec pour président Ali Abdullah Saleh qui est encore au pouvoir. La réunification s’avère difficile les leaders sécessionnistes étant toujours actifs.

Les émeutes de la faim qui eurent lieu en 1992 et l’agitation politique obligèrent le gouvernement à reporter les élections jusqu’au 27 avril 1993. Le Congrès général du peuple, CPG, ancien parti au pouvoir en République arabe du Yémen, obtint 121 sièges; le Parti al-Islah, un nouveau parti de coalition islamique remporta 62 sièges, le Parti socialiste du Yémen, YSP, l’ancien parti unique de la République démocratique, gagna 56 sièges. Ces trois principaux partis formèrent une coalition au Parlement, ce qui permit au président et au premier ministre de rester au pouvoir. Cette coalition éclata en avril 1994, après la rupture entre le président Saleh et le vice-président Ali Salem al-Beidh, originaire du Sud. Ce dernier proclama la sécession du Yémen du Sud en mai, provoquant ainsi une guerre civile qui s’acheva avec la prise d’Aden en juillet, par les troupes fidèles au président Saleh. Réélu à la tête de l’État en octobre 1994, celui-ci mit fin à la présidence collégiale et forma avec le Parti al-Islah une nouvelle coalition, qui remporta à nouveau les élections d’avril 1997. En janvier 1998, le président Saleh se proclama maréchal. Le soutien renouvelé qu’il apporta à ses proches, accusés de corruption, provoqua la démission du président du Conseil, remplacé en mai 1998 par Abdulkarim al-Iryani. La situation politique intérieure souffrit également de la dégradation du climat économique et social, émeutes et pillages liés à une augmentation de 40 % des prix du pétrole en juin 1998, combats entre l’armée et diverses factions dans les régions du nord, bombardements de villages par l’armée, dynamitage du pipeline transportant le pétrole vers la mer Rouge en juillet, puis en août 1998, attentats à la bombe sur le territoire de l’ancien Yémen du Sud. À ces multiples conflits, l’État opposa une reprise en main autoritaire qui laissait peu de place au principal parti d’opposition, le parti «islamo-tribal» de la réforme. Le Yémen est donc un pays en proie à des guerres permanentes et se cherche une unification sous des influences extérieures entre deux parties d’origine distincte.

Si le président Saleh veut gouverner avec un bâton, «sâmil» alors chacun sortira le sien, c’est ce qu’avait annoncé Hamid Al-Ahmar, dirigeant du parti islamo-tribal, le rassemblement Yéménite pour la réforme et frère de Sadek Al-Ahmar, cheikh suprême de la confédération tribale des Hachid, lors d’un entretien télévisé en janvier 2011.