Après la convocation du vice-procureur de Nancy, Philippe Nativel, à la Chancellerie qui avait suscité de vives critiques dans la magistrature, le CSM (Conseil Supérieur de la Magistrature) a décidé d'envoyer un signe fort à la Garde des Sceaux en sollicitant un entretien.

Rappelons-le, Philippe Nativel avait été convoqué le 29 août dernier pour avoir déclaré lors d'une audience que les juges n'étaient pas l'instrument et qu'ils devaient appliquer la loi avec discernement, et ce concernant un cas entrant dans le champs de la loi sur les peines planchers.

Lors de la convocation, il avait nié tenir ces propos, et la Ministre de la Justice avait alors annoncé qu'il ne subirait aucune sanction dans la mesure où rien n'avait été dit, ce qui avait paru aux yeux des syndicats de la magistrature comme une tentative d'intimidation et une atteinte aux statuts des magistrats du parquet.

 

Aujourd'hui, le CSM entreprend donc une démarche particulière en sollicitant un entretien auprès de la ministre Rachida Dati.

En effet, le CSM laisse d'ordinaire le soin aux organisations syndicales de défendre la profession, se contentant pour sa part d'une déclaration ou d'un avis en matière disciplinaire, car s'agissant des magistrats du parquet, le Garde des Sceaux décide sur un simple avis préalable du CSM.

"Le CSM a demandé un entretien à madame Dati. Le garde des Sceaux recevra bien volontiers le CSM pour évoquer cette affaire, qui n'a donné lieu à aucune suite", déclare Guillaume Didier, porte-parole du ministère, tentant de minimiser la portée de l'acte du garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire.

Plus qu'une atteinte aux statuts de leur profession, les magistrats voient donc au travers de la convocation de Philippe Nativel un risque pesant sur l'institution judiciaire.

Le ministère de la Justice avait déjà reçu les organisations syndicales de la magistrature pour répondre de la convocation de Philippe Nativel, dès lors, il y a fort à parier que le CSM ne s'en tiendra pas au cas isolé du procureur lors du dialogue avec la Garde des Sceaux qui prend déjà les airs d'un véritable bras de fer entre la Justice et son ministère.