Au Sénégal, s’il ne pleut pas c’est la faute à Wade…

Dieu sait si je ne l'aime pas le régime wadien, son chef, son clan et ses griots, ses méthodes et son "libéralisme" un peu facho !

Mais ce que je lis tous les jours dans la presse me laisse dubitatif. Sous couvert de combattre ce régime, tout le monde impute à Wade l'augmentation de tous les prix au Sénégal. Le pain, le lait, le gaz et l'essence, la viande et les carottes sans parler du riz et de l'électricité.

Je me demande toujours si les gens qui tiennent de tels propos sont crétins ou simplement démagogues…

A y regarder de près, tous ces produits peuvent être classés en deux groupes, ceux produits localement et les importés.


Pour les produits importés, le Sénégal n'a aucune maitrise sur les prix de vente puisqu'il n'a aucune maitrise sur le prix d'achat. La seule chose possible serait de supprimer les taxes sur leur importation et la Tva. Supprimer ces taxes n'est pas vraiment la meilleure idée du monde ! Le manque à gagner se répercuterait sur la capacité du Sénégal à investir. Les pays qui ont subventionné la consommation sont des pays qui n'ont jamais décollé économiquement, la Libye par exemple. La subvention à la consommation est un puits sans fond qui ne produira jamais aucune nouvelle richesse.

Quant au prix des produits locaux, je trouve la revendication à hurler de rire. Pourquoi les producteurs de légumes et de viande ne pourraient-ils pas revendiquer un meilleur niveau de vie et vendre leurs produits plus chers ? L'augmentation du niveau de vie n'est-elle pas le fond de la revendication des enseignants depuis des années? de celle des juges il y a quelques mois ? (qui ont plus que doublé leurs revenus)

Le cas du riz est encore plus hilarant. Produit localement mais quasiment uniquement acheté par l'état, puisque les populations ne veulent pas bouffer le riz made in Sénégal. Reprocher à Wade l'augmentation du prix du riz revient à lui reprocher de n'avoir pas réussi à convaincre les paysans indiens et thaïlandais de modérer l'augmentation de leur niveau de vie. Pas simple de convaincre un paysan indien, assez misérable, de ne pas faire vivre sa famille un peu mieux histoire de faire plaisir à un sénégalais…

Le riz est une céréale dont seuls 10 % de la production mondiale alimentent le commerce international. Très peu au regard des besoins accrus, du fait du magistral échec de la politique alimentaire de nombreux pays africains qui deviennent ainsi des importateurs de riz.

Le problème n'est jamais posé de la bonne manière.

La sauce tomate fabriquée localement est trop chère ? Il suffit de l'importer en laissant sur le carreau les agriculteurs qui produisent les tomates… le sucre est trop cher ? On abandonne la production sucrière sénégalaise et on importe… Contente l'Unacois (syndicat de commerçants informels) !

Le riz et la sauce tomate ne sont pas trop chers, ce sont les sénégalais qui sont trop pauvres… Nuance.

Et pourquoi ça donc ? Comme disent les dignes journalistes diplômés. Je vous le donne en mille…

Les sénégalais ont opté depuis de nombreuses années pour le capitalisme et ils l'ont. L'argent ne manque pas au Sénégal, mais il est pas dans la poche de la majorité… Il suffit de regarder autour de soi pour voir qu'il y a beaucoup d'argent qui circule. Un 4×4 de 40 millions représente à l'achat 800 mois de Smig (que beaucoup de sénégalais ne touchent même pas) et consomme au 100 Km l'équivalent de 30 heures de travail, toujours au Smig. Avez-vous vu le nombre de ces véhicules au Sénégal ? Pensez vous que son propriétaire paye sa bonne plus de 20 000 cfa par mois (30 euros) ?

L'argent très inégalement réparti, reste dans certaines poches. Mais c'est logique. Le choix du capitalisme implique l'exploitation du plus grand nombre, et c'est ce que nous avons. Les sénégalais, sont pauvres dans leur majorité pour enrichir un petit nombre. Faut pas pleurer, c'est l'essence du capitalisme… Ce n’est pas nouveau !

 

Une réflexion sur « Au Sénégal, s’il ne pleut pas c’est la faute à Wade… »

  1. [i] »Les suicides de paysans en Inde
    Dans l’une des provinces agricoles de l’Inde, un paysan se suicide en moyenne toutes les huit heures. Les paysans Indiens vivent dans une misère inimaginable et comme dernier moyen de protestation ils choisissent le suicide. Les causes sont diverses : mondialisation, impréparation à la concurrence internationale, priorité à l’industrie alors que 2/3 des Indiens vivent de l’agriculture, raréfaction de l’eau, prêts à taux usuraires, semences génétiquement modifiées, etc…
    Ca se passe dans la province de Vidarbha au nord-est de l’état de Maharashtra : un suicide de paysan en moyenne toutes les huit heures. C’est le groupe d’entre-aide « Vidarbha Jan Andolan Samiti » qui l’a calculé. Il y a peu ils ont enregistré le 1.000e suicide de paysan pour surendettement depuis mi-2005.
    Qu’il s’agisse de la culture du coton, du soja ou des oranges, l’agriculture du Maharashatras enregistre pour une année de plus de lourdes pertes de revenus. Pour les paysans, tout arrive en même temps.
    « [/i]
    [url]http://www.jakouiller.com/2006/11/12/les-suicides-de-paysans-en-inde/[/url]

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