Au secours ! Le marketing est arrivé

 

 

Malgré toutes les précautions que je prends, filtres antispams, URL indésirables, je reçois quasi-quotidiennement des pages et des pages de littérature aussi alléchantes que publicitaires. Je connais le genre pour l’avoir pratiqué des années durant, à côté de mes autres activités de plume.

Mais à l’époque (cela se passait aux temps bénis, mais lointains, où le « prospect » était encore respecté et protégé par un certain nombre de textes législatifs ou réglementaires qui interdisaient la publicité mensongère, la publicité comparative et les ventes à prime (sauf si la prime ne dépassait pas un minuscule pourcentage du prix fort de vente de l’objet ou du service proposé).

 

Il y avait même un texte, dit « Loi Scrivener » du nom de la dame ministre qui l’avait fait adopter par un parlement encore à gauche, ou à peu près. J’étais censé rédiger des catalogues français à partir de catalogues américains (dans certains Etats des USA, la ….. était terriblement réglementée, dans d’autres, ce n’était pas le cas à l’époque, notamment en Californie. J’oeuvrais sur des catalogues californiens. La boîte qui m’employait me faisait bosser en liaison avec un avocat (inscrit aux barreaux de New York et de Paris). On passait des heures à disséquer les formules californiennes pour les adapter aux textes français sur le droit de la consommation. Il fallait en outre, et c’était le plus coton, tâcher, comme on ne doit pas dire, moyen de conserver un aspect accrocheur et vendeur à nos petits machins.

 

 

 

Mon avocat me pressait de faire mon droit, d’obtenir mon CAPA, de faire mon stage (chez lui) et d’entrer ensuite dans son cabinet où je l’aurais, selon lui, aidé à faire notre fortune à tous deux. Je répondais : « Fiche-moi la paix, Didier (il se prénommait et se prénomme toujours ainsi, sauf s’il est mort, ce que je n’ai pas vérifié). Je suis plumitif, pas marchand d’orviétan, et je ne me vois pas prêter serment ».

En outre, je flairais que ces beaux jours ne dureraient pas. J’avais raison et m’en suis rendu compte quand j’ai commencé à flairer, au début des années 80, que la micro-informatique allait bouleverser le monde, grâce à l’Internet (né dans les années 70 du fait du détournement d’un système de communication US imaginé par les services secrets américains plus ou moins secrets (NSA, ATF, CIA et autres) et diverses administrations (pêle-mêle NASA, Secrétariat d’Etat, grandes banques, FBI, Pentagone, Maison Blanche, j’en passe). Pour avoir commencé à jouer avec ces machins à partir du premier tiers de la septième décennie du siècle, je sentais que l’Internet aurait un avenir encore impossible à imaginer dès lors que les chercheurs trouveraient le moyen d’accélérer les vitesses de communication et surtout de trouver des interfaces conviviales. En fait, dès la fin des années 70, et avant Jobs et Wozniak, avec leur premier Apple II (l’Apple I n’était qu’un bricolage) mais après les français Truong et Cottin, Texas Instruments fabriquait le premier mini-ordinateur (les minis étaient de grosses babasses un milliard de fois moins puissantes qu’un PC d’aujourd’hui, deux sous chez le premier marchand venu) équipé d’une interface visuelle, trop en avance pour l’époque. Apple suivit, avec Lisa, également trop en avance (il proposait la couleur, non mais!). Et, sagement, Jobs et Wozniak proposèrent le premier MacIntosh.

 

Et les modems devenaient de plus en plus rapides (le modem ou modulateur-démodulateur est le machin qui, intercalé entre un ordinateur et une ligne téléphonique transforme les signauxanalogiques envoyés sur les fils de cuivre en signaux numériques (je me refuse à écrire « digitaux », logique en anglais, vu le sens de digit qui veut dire nombre, mais pas en français) qu’ils soient binaires, octals ou hexadécimaux, voire bien plus grassouillets. Vinrent les années 90 et l’apparition des puces miniatures qui allaient révolutionner le monde (téléphones portables, micro-ordinateurs infiniment plus puissants que leurs devanciers).

 

Microsoft, qui ramait sur son Windows depuis 1984 (je possède encore une version béta de 1983 ou 1984, qui tenait sur deux disquettes souples 5 » ¼ monofaces. Une horreur à côté du Mac, mais une horreur qui gérait, déjà, la couleur, ce que faisait, beaucoup mieux, le CPM86, chut, laissons les morts enterrer leurs cadavres) entreprit après 1990 d’améliorer encore son enfant (après Windows 286 puis Windows 386). Le projet se nommait Chicago et tenait sur un peu moins de quarante disquettes rigides 3 »1/2. J’eus la chose en main et l’installai sur un de mes PC. Ouaffre. Ça craignait encore beaucoup, comme disaient mes enfants, déjà grands et poly diplômés. Mais il était évident que la mondialisation qui reniflait dans son coin n’attendait que cela pour exploser et foutre en l’air la vie de milliards de gens, dont la mienne. Et puis, fin 94, je crois, je reçus le premier CD d’installation ce qui allait s’appeler Windows 95. Une sacrée merde, mais qui allait foutre un bordel infini dans notre pauvre monde. D’autres versions suivirent. Nous attendons à présent Windows 8. Je crois qu’il est temps d’ouvrir les parapluies. 

 

Je reviens un peu en arrière : avec Win 95, puis 98, nous entrions dans une ère nouvelle, celle de la communication (une communication de plus en plus aisée, voire (je peux ricaner?) conviviale, grâce, d’un côté aux téléphones portatifs, et, de l’autre, aux e-mails. Les FAO naissaient, faisaient fortune, mouraient, ressuscitaient sous le même nom ou un autre – je songe à AOL (America on line)-, achetaient ou suscitaient des inventions ou des applications comme l’adsl, le wi-fi, la fibre optique, que sais-je encore – il y a quinze ans que je n’ai plus publié ni lu, autrement que d’un derrière distrait (citation de je sais plus qui), un article dans la presse spécialisée).

 

Naturellement cette nouvelle communication allait tout foutre en l’air, à l’opposé de ce qu’avaient imaginé des gens comme McLuhan ou, dans une moindre mesure, les penseurs de l’école de Palo Alto – inventeurs du « double bind », qui n’est pas sot en soi, mais nos politiques et nos affairistes ont fait mieux : l’affirmation univoque. Lisez leurs propos et retenez vos larmes.

 

Après ce long détour, juste encore un mot à l’attention et à l’intention de ceux qui croient que balader une souris (ou son équivalent) sur un tapis de sol ou un plateau sensible, choisir une application et la lancer, constituent le cœur et le nerf de l’informatique. L’informatique, ce n’est pas cela. Même si, dans les villages (y compris celui où je vais faire mes achats de salades de cultures bio) d’astucieux faiseurs ouvrent des cours spéciaux pour enseigner aux gens, notamment aux anciens des divers sexes, l’art et la manière de cliquer.

 

J’en arrive enfin au but de mon article : la dénonciation pure et simple (mais sans nommer quiconque : malgré mon âge avancé, j’ai bien l’intention de vivre le plus longtemps possible,  ne fût-ce que pour voir comment évoluera cette chienlit), la dénonciation, donc, de vépécistes sans scrupules, souvent installés hors de nos frontières (Pays Bas, Belgique, etc…). Les grands spécialistes français, basés du côté de Lille-Roubaix-Tourcoing, d’autres, plus modestes, disposant d’adresses du côté de Creil (notamment à Chantilly et surtout à Gouvieux, retenez ce nom, ça peut toujours vous aider à foutre l’enveloppe au panier), se contentent de vous couilloner, avec des déclarations ambiguës, accompagnées de règlements imprimés avec une police de corps 6 bleu nuit sur un fond bleu ciel (idéal pour les personnes âgées), telles que «si vous avez tel numéro, vous avez gagné 3 ou 400.000 € ou, parfois, pour les plus modestes, « Vous avez gagné un Million (de centimes d’euro) si etc… ».

Agacé, l’an passé, par la multiplication de ces courriers, et le fait que mon épouse, bon public, croyait encore au petit Jésus Lillois (elle y a renoncé, à force de payer trois fois trop cher d’inutiles conneries), je me suis rappelé que j’avais pratiqué jadis le journalisme d’investigation et j’ai cherché et trouvé les tenants et aboutissants capitalistiques d’une multinationale de, notamment, la fripe par correspondance. Et j’ai découvert que le groupe en question réunissait une quantité incroyable d’autres groupes ou sociétés qui exerçaient divers métiers, notamment dans le parapharmaceutique, les culottes pour incontinents des deux sexes etc…

Une fois ces renseignements réunis, j’ai écrit une lettre fort naïve aux divers Présidents, Directeurs généraux, gérants et autres responsables de cette pléiade d’entreprises. S’en est ensuivi un long et inutile échange de mails ou de courriers papier avec des communicants, des jeunes de trente ou même cinquante qui ne comprenaient tout simplement pas de quoi je parlais. J’expliquais que, jadis, l’article 405 du CP prévoyait de les envoyer au ch’tard pour cinq ans, voire le double en cas de récidive (affirmations mensongères visant à s’emparer de tout ou partie du bien d’autrui, je cite de mémoire, je ne vais pas me taper deux étages pour aller chercher mon nouveau CP (qui a conservé l’article en question, mais personne ne s’en sert plus, sauf si cet article permet d’escroquer moins riche et puissant que soi. Ce qui pourrait s’appliquer, de vous à moi, aux déclarations de certains politiques).

J’en arrive enfin au plus beau (antiphrase). Depuis quelques semaines, je reçois de divers pays de l’UE des courriers alléchants : «  Vous avez gagné 9000 (ou 20.000 ou 350.000 ou n’importe quoi) euro. C’est sûr (attestation d’huissier jointe). Etc…) »/

Dans certains cas, on vous informe que, si vous voulez recevoir votre lot vous devez, selon le règlement, effectuer un achat, majoré de diverses taxes et frais d’expédition, ce qui met le vistemboir à double action réversible ou la petite culotte antifuites à trois fois son prix.

Mais la goutte qui a fait déborder mon vase et m’a poussé à écrire le présent texte (pour un euro, fallait le faire, non?) c’est le dernier courrier reçu de l’un de ces exploiteurs de l’espèce humaine. L’expéditeur est domicilié aux Pays Bas. J’ai gagné 20000 €, c’est sûr et garanti par Me Machin, huissier de justice. Mais pour toucher cette énorme somme, je dois envoyer, au moins, un chèque de 20 € à l’ordre d’une certaine société de services dont on m’indique l’adresse postale, pour couvrir les frais d’acheminemen  3nt et de traitement du courrier. Ni espèces ( ces gens se méfient des postiers) ni CB.

Faut que j’aille me taper deux comprimés de Dafalgan à la codéine, vu les douleurs que me causent ces voyous.

Ce qui ne m’empêcherai pas d’aller, fin avril, voter contre vous savez qui et pour vous devinez qui (ni Le Pen, ni Bayrou, ni même Mélanchon – je le déplore, mais je ne veux pas contribuer d’une manière ou d’une autre – à la défaite du seul candidat possible, hélas).


Je savais bien que mon texte était politique !!!


Encore un coup des gens du marquetigne !!!

FL