Un grain de sel de trop tue.

 

        Une information nous a échappé. Pas un article à ce jour depuis que le 8 Février le Dr. Lemoine, sur France Info, nous a appris que le sel tue, comme le tabac.

        La règle d’or : nous avons besoin de 5 gr par jour et nous en consommons 5 fois plus. L’horreur. Le nombre de décès dû au sel est effroyable. Environ 25 000 morts par an. On va donc mettre des « radars » anti-sel.

        Il va de soi que nos autorités vont s’empresser d’apporter les remèdes indispensables à notre bien-être. Si l’on veut allonger encore la durée de la vie et le déficit des retraites, il urge de nous dessaler. Evidemment cela n’ira pas sans conséquences fâcheuses pour le commerce et l’emploi. Mais la vie prime et le principe de précaution l’exige. On dit dans cette interview que 20 % de sel en moins dans nos produits rapporterait 2 à 4 milliards… sauf aux industriels.

        Tous nos restaurants seront priés, après avoir ôté les cendriers des tables, de retirer les salières. Même sur les terrasses.

        L’industrie agro alimentaire est priée de rendre immangeable ses productions en divisant par 5 ce qu’elle met dans sa cuisine gastronomique. Chômage en vue…

        Mais vont apparaître de nouveaux emplois : détecteurs de salinités excessives. En vieux français, gabelous. Et il va y avoir du boulot, il va falloir mettre son grain de sel partout ! Les restos, les baraques à frites genre Bienvenu chez, et les magasins de souvenirs. Oui, oui, à Guérande on vous le dit avec des fleurs, pour égarer le touriste. Que nenni ! Bien sûr les paludiers vont être indemnisés pour leur chômage technique. Mais la fin des marais salants est proche. La France va encore perdre un de ses fleur-ons.

        Les ligues anti-sel, cousines des anti-tabac, vont monter en première ligne. Pas de malades collatéraux en vue sauf lorsque l’on est invité à manger des fruits de mer.

         L’ennui c’est que si seuls 30 % des Français fument, tous mangent du sel, même les non-fumeurs.

        … antenaires, mes lecteurs, vous vous souvenez sans doute de cette maladie infantile durant laquelle on mettait dans nos plats du sel D, un substitut qui ne salait pas ? On va y revenir bientôt.

        La fée Cerebos ® n’officiera plus en cuisine pour nous empoisonner.

        Ah, nos placards, nos garde-manger, comme ils seront beaux quand nous alignerons, comme au supermarché d’ailleurs, nos boîtes où il sera écrit « SALER TUE ». Et comme cela ne tardera pas pour le sucre…

        Mais quel bonheur quand nous saurons par avance qu’au restaurant l’addition ne sera salée.

        Ce soir, je me fais un bœuf gros …